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l ’ouvrage aux malheureux ouvriers des campagnes
que le renchérissement des baux,
et l’extension des fermes, suite immédiàte
de l’abolition du système féodal en Ecosse ,
avoit laissés sans ressource. Je parlerai
plus bas avec quelques détails des causes
et des effets de celte émigration, qu’il
«ne suffise pour le présent d’indiquer ici
que par la dépopulation des montagnes
de l ’Ecosse, le gouvernement anglais per-
doit des sujets loyaux et fidèles, et voyoit
une pépinière précieuse de braves soldats,
la fleur de ses armées, prête à passer dans
des terres étrangères. Il étoit donc d’un
grand intérêt pour ce gouvernement de
mettre des bornes à l’émigration, en donnant
aux malheureux montagnards, chassés
de leurs foyers, une occupation qui
les retint dans leur patrie.
Afin que les plus gros vaisseaux marchands
et même les frégates de trente deux pièces de
canon pussent franchir le canal Calédonien
, il a été déterminé qu’il auroit vingt
trois pieds de profondeuè sur cent de largeur.
Comme le sol va en montant d Inver-
ness au Loch Ness, et en descendant du Loch
Oich au Fort William, il a été nécessaire
de construire des deux côtés plusieurs écluses
pour soulever les bâtiments. Il y a trois
de ces écluses un peu au-dessus d’Inverness.
Les trois rivières comme je l’ai dit plus haut,
loin de pouvoir servir à la confection du canal
ont au contraire en plus d’un cas retardé
les travaux. Il a fallu près d’Inverness détourner
le cours de la Ness, lui creuser à une
certaine distance un nouveau lit pour que
l ’ancien fit place au canal.
A chaque extrémité du canal Calédonien,
savoir, à Inverness d’un côté et au
Fort William de l ’autre, il a fallu creuser
des bassins assez grands pour pouvoir
contenir jusqu’à trois flottes à la fois. Voilà
en peu de mots quel a été le but et le
plan de cette magnifique entreprise. L ’habile
ingénieur, Mr. Jessop, a été chargé de
la direction de ces travaux. Dans ce moment
ils ne sont pas très-actifs ; la prolongation
de la guerre, fait sentir le besoin d’ouvriers,
les montagnards préférant s’enrôler à
travailler à la journée. On dit cependant
que ceux qui sont employés aux travaux, et
qui avoient d ’abord montré assez de mollesse
et de dégoût pour ce genre d’ouvrage,