
qui dans leurs rencontres avec les troupes
royales, se montrèrent souvent redoutables
par leur nombre, leur fanatisme et les ta-
lens militaires de leurs chefs.
Graham de Claverhouse, car le titre de
Vicomte de Dundee n’avoit pas encore élé
donné à ce général , après avoir remporté
sur les rebelles des. victoires signalées, suivit
la fortune de Charles II. et de son frère
Jaques I I . , jusqu’au moment où cet infortuné
Monarque en signant son abdication,
avoit licencié son armée. Ce fut alors que
comblé des faveurs de ce Prince de qui il
venoit de recevoir la couronne de Vicomte
en récompense de ses services, il se relira
en Ecosse avec l’intention de ne rien
négliger pour servir encore la maison de
Stuart. Cette occasion s’offrit bientôt à lui,
et il se rendit dans la haute Ecosse où il
fit un appel aux Clans qui s’armèrent et accoururent
à sa voix; il est à croire que s’il
eut survécu à la victoire qu’il venoit de
remporter à Killicranckie, les affaires de
la maison exilée auroient pris en Ecosse
une tournure bien différente.
Autant Dundee s’étoit montré fier et hautain
envers ses propres soldats lorsqu’il
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étoit h la tête d ’une armée régulière , autant
il s’efforça de se concilier l ’affection
de ses troupes quand il commanda les
tribus des montagnes. Il avoit pour principe
qu’un général appelé à conduire au
combat une armée de milices ou de volontaires,
devoit s’appliquer à connoître personnellement
chacun des individus qui la
composent. Aussi le voyoit-on toujours
marcher à pied à côté de son infanterie,
animer les soldats par ses plaisanteries, les
intéresser par sa conversation et se plaire
à rappeler à chaque Clan les évènemens
où il s’étoit distingué , la gloire de son
chef, et à chaque homme les exploits de
ses ancêtres. Il savoit joindre à tant de
bienveillance et de familiarité une inconcevable
sévérité de discipline. Le moindre délit
contre la subordination étoit à l’instant
puni de mort. Tout autre châtiment, disoit-
il, seroit un déshonneur pour un gentilhomme
et tous mes soldats sont gentilshommes.
Pa r ce mélange de rigueur et de
bonté, il avoit si bien su se concilier l ’amour
et la considération de son armée
qu’il en obtînt des efforts incroyables, et
qu’il pût sans entendre un murmure, ira