
ils n’avoient que de misérables habitations,
des vêtemens grossiers, une nourriture chétive
et souvent peu abondante ; en revanche
tout ce qui tient à l’imagination x? ‘ l’enthousiasme
étoit singulièrement développé chez
eu x , les besoins du corps sembloient n’être
rien pour eu x , et ceux de l’ame étoient tout.
Ils écoutoient avec transport le récit des exploits
de leurs ancêtres; ils aimoient avec
passion la poésie et la musique. Les chants
héroïques de leurs Bardes , répétés de toute
part dans leurs méchantes chaumières, don-
noient de l’élévation h leurs ames, enflam-
moient leur enthousiasme. Fiers de leur antique
origine , de leur gloire militaire, ils
n’ignoroient pas qu’ils descend oient de ces
héros Calédoniens qui avoient vaincu les
conquérans du monde, et ils se plaisoient à se
rappeler de si glorieux souvenirs. Un ardent
amour de la gloire militaire , une haute opinion
de leur Clan, qui étoit leur patrie, un
vif sentiment d’honneur entretenoit chez eux
une dignité morale , une sorte d’orgueil national
qui les relevoient encore à leurs propres
yeux , et qui leur faisoit regarder
avec une pitié dédaigneuse les peuples plus
policés. Se regardant comme gentilshommes,
ils en avoient les qualités et les sentxmens
élevés.
Si cet esprit se manifestoit chez les hommes
de la classe inférieure , l’on peut comprendre
ce qu’étoient les chefs qui recevoient
les hommages de tant de sujets dévoués, et il
est aisé de se rendre raison de cette fierté
écossaise , qui a passé en proverbe. Un de
ces petits princes montagnards disoit un jour
que si on lui donnoit à choisir entre les domaines
du duc de Newcaslle, qui rappor—
toient 3o,ooo livres sterlings par an , et ses
sauvages possessions qui n’en rendoient pas
plus de 5 o o , il n’hésiteroit pas à prendre
ces dernières, pourvu toutefois qu il conservât
la suite et la petite cour qui est un des
apanages d’uq chef ou grand propriétaire
Highlander. Qù’est-ce en effet qu’un homme
riche auprès d’un petit souverain ?
Voici encore quelques traits qui prouvent
à quel point les chefs Gaëls étoient fiers des
prérogatives de leur rang.
Le premier marquis de Huntley, chef du
Clan Gordon, présenté à la cour de Jaques
V I , roi d’Ecosse, ne s’étoit point incliné
devant son souverain ; lorsqu’on lui demanda
la raison de cet oubli des convenan