
sance la plus entière, et la plus aveugle
confiance à leur Seigneur, étoit regardée
comme un des devoirs les plus sacrés et
une des plus grandes vertus. Le chef pos-
sédoit par conséquent une autorité illimitée
sur sa tribu , et si quelqu’un refusoit
de le suivre à la guerre ou de lui payer
les redevances et les taxes qu’il imposoit
à son gre dans de certaines circonstances,
cet homme exploit chèrement sa mauvaise
volonté, car il étoit exposé aux plus durs
traitements et il étoit quelquefois même
chassé du Clan d’un commun accord.
Jurer par le chef du Clan étoit un des
serments les plus solennels chez les Gaëls;
et le plus chétif individu de la tribu se
regardoit comme personnellement insulté ,
s’il entendoit le moindre propos injurieux
contre son chef; une paredle offense ne
pouvoit s’effacer que par le sang ; de semblables
provocations causoient à chaque instant
des rixes entre les tribus voisines.
Demander à un Highlander de nommer son
chef et lui faire entendre par là qu’il n’en
avoit point, étoit l ’affront le plus sanglant;
la rage causée par une telle injure, ne
pouvoit s ’assouvir que par la mort du provocateur.
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D’un autre côté, le chef devoit à tous
les membres du C lan , protection contre
toute agression étrangère; une insulte faite
à un seul, fut-il le plus petit et le plus
pauvre de la tribu, devant être ressentie
par toute la parenté, comme attentatoire à
l’honneur du nom et de la famille, il devoit
épouser toutes les querelles de ses
subordonnés,- quelque fût la justice de la
cause. Par la même raison il ne devoit
pas souffrir qu’aucune jurisdiction étrangère
poursuivit un individu de son Clan.
On vit souvent des chefs puissants, refuser
la permission aux officiers de la justice
écossaise, de saisir ceux de leurs gens qui
s’étoient manifestement rendus coupables
de crimes ; prendre fait et cause pour
e u x , et se préparer à les défendre de
tout leur pouvoir, sans considérer la gravité
de l ’attentat dont ils étoient convaincus.
Lorsque quelqu’un de ses vassaux se trou-
voit réduit à la misère, (ce qui ne manquoit
pas d’arriver souvent dans un pays dont lé
sol ne pouvoit nourrir la moitié des habitans,
et où ces habitans n’étoient pas accoutumés
à une vie laborieuse,) le chef étoit tenu cet
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