
convenoit le mieux à l’auteur. De là est venu
que l’on a eu des centaines de mots différents
pour exprimer , en soi-disant celtique
, les mêmes objets et surtout des
objets naturels. Si l’on faisoit un recueil de
toutes ces étymologies , on s’étonneroit de
voir quelle quantité et quelle variété d’expressions
cette langue auroit eu pour désigner
les objets les plus simples tels que l’eau,
le fleuve, le rocher, la plaine, la montagne,
etc. E t, parmi tant de mots supposés celtiques,
à peine un peut-être l ’étoit-il réellement.
Une manière aussi peu philosophique
de procéder n’a réussi qu’à jet ter du discrédit
et même du ridicule sur la science des
étymologies , et sur la manie qu’ont certains
auteurs de voir du celtique partout.
Il y auroit un moyen plus long certainement
et plus difficile, mais aussi bien plus
sûr, pour parvenir à connoîlre jusqu’à un
certain point cette ancienne langue qui ne
sauroit manquer d’avoir de l’intérêt pour
l ’antiquaire, le grammairien, le philosophe
et l’historien , puisqu’elle est la mère de plusieurs
langues européennes et particulièrement
de la langue française ; ce moyen consiste
à apprendre les trois dialectes du celtique,
actuellement existants, et surtout le
gaëlic qui së rapproche le plus de la source
commune, à comparer ces dialectes, à
y reconnaître les expressions modernes et
d ’origine étrangère, et O 0 à rassembleSr celles
(mi sont identiques dans toutes les trois, celles
qui n’offrent que des différences peu essentielles,
ët enfin celles qui dérivent évidemment
d’une même racine ; on pourroit alors
avec une grande probabilité considérer ce
recueil d’expressions comme un vocabulaire
de mots celtiques, à l'aide: duquel on re-
connoîlroit l’origine de plusieurs termes
usités dans les langues modernes, et dont
la formation paroît encore inexpliquable. On
parviendroit aussi à assigner la signification
de certains npms propres qui nous semblent
aujourd’hui n’èn avoir aucune. Alors,
au lieu de deviner, pour ainsi dire, la langue
à l ’aide des noms qui lui sont pour la plû-
part étrangers, on détermineroit avec plus
de certitude le sens de ces mêmes noms, et
la recherche des étymologies ne seroit plus
une poursuite vaine et sans fondement.
L ’utilité d’un pareil travail seroit sentie de
tous ceux qui font de la filiation des langues
l’objet de leurs savantes études, et qui
cherchent par l’histoire des variations du
langage , à jeter du jour sur certains points