
nous pûmes etendre nos deux grandes voiles
pour én profiler. La mer étoit très-grosse
et la marée qui étoit opposée au vent,for-
moît .dps 1 iimes en sens contraires, qui en
s’entrechoquant avec celles du vent, fai-
soient réjaillir des flots d ’écume à une hauteur
de plusieurs toises dans les airs. Cependant
comme nous cheminions dans le
sens des vagues nous n’en fûmes point
incommodés. Nous marchions avec une
vitesse de trois lieues à l’heure, de sorte
que vers cinq heures et demie du soir,
nous arrivâmes au pied des énormes rochers
qui environnent la baie nommée Loch Bra-
kadale. Cette haie est éloignée de vin et lieues
marines du détroit d’Eriskay. Elle s’avance
profondément dans l’île de Sky, dans la
direction du sud-sud-ouest au nord-nord-est ;
sa largeur à l’entrée est de deux» lieues.
Elle est des deux côtés bordée de murailles
de rochers basaltiques, taillés a pic
et de quatre a cinq cent pieds de hauteur.
Nous laissons à notre gauche, au pied des
rochers qui bordent la baie au couchant,
les écueils coniques nommés Macleod’s Mai-
den (les vierges de Macleody. Je ne sais
s il existe dans le pays, quelque fable qui
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justifie ce nom, et qui explique la métamorphose
des filles de Macleod en rochers.
L ’île où nous allons aborder est une terre
classique; là chaque nom de rocher, de
montagne et de lac est relatif à quelque
fait rapporté dans les traditions dont les
poésies d’Ossian font partie. Tandis que
nous nous engagions dans cette baie parsemée
de petites îles et de rochers basaltiques,
le vent fraîchissoit toujours davantage
et rendoit notre navigation pénible;
ce qui augmentoit encore notre embarras
c’est que nous fûmes deux fois sur le point
de nous entrechoquer avec un petit bâtiment
qui faisolt la même route que nous,
et dont les bordées se croisoient avec les
nôtres. Le patron de cette petite goélette
nous dit qu’il venoit de Balachroï dans l ’île
de Mull pour chercher Mr. Maclean et sa
famille qui étoient à Talisker, et les ramener
à leur île de Coll. Nous nous réjouîmes
tous en apprenant que nous pourrions
trouver encore Mr. Maclean à Talisker et
lui parler de l’aimable accueil que nous
avions reçu dans sa maison pendant son
absence.
Il étoit nuit lorsque nous jetâmes l’ancre
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