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ou contre l ’authenticité des poëmes d’Ossian,
la part qu’ont pris dans cette querelle littéraire
, les hommes marquans q u i, en y
attachant leurs noms, en ont encore auff- 9 O
menté 1 importance, eniin le point où semblent
aujourd'hui s’être r nconlrés les lit té—
ra :eurs qui ont jugé cette question avec
impartialité et avec eonnoissance de cause.
Dans l’automne de l’année 1769, Mr.
Home, auteur de la belle tragédie de Douglas,
rencontra par hazard à Moffat, dans
le midi de l’Ecosse , Macpherson, jeune
alors , et précepteur des enfants de Mr.
Graham. Celui-ci qui étoit né et avoit été
élevé dans les montagnes d ’Ecosse,parloit un
jour de la beauté des poëmes que les habi-
tans de ce pays avoient reçus par tradition
de leurs ancêtres, et qu’ils se plaisoient encore
à réciter. Mr. Home, désirant connoîlre
cette poésie, pria Macpherson, qui en sa-
voit par coeur quelques fragments, de les lui
faire juger au moyen d’une traduction. Il eut
à.vaincre une grande répugnance, car Mac-
phersou craignoil toujours de n’être pas assez
maître de la langue anglaise pour rendre dignement
toute la force et la beauté de l’original.
Cependant Mr. Home obtint la tra-
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duction d’un poëme sur la mort d’Oscar, et de
quelques autres pièces de versdu mêmegenre.
Enchanté de cette poésie si nouvelle ,
si originale, Mr. Home, à son retour à
Edimbourg , s’empresse de mettre ces fragments
sous les yeux de ses amis , les célèbres
Blair, Fergusson et Robertson qui partagent
hautement son admiration et son
désir d’en voir recueillis un plus grand
nombre. Ces savants littérateurs pressent
Macpherson de publier en anglais tous les
poëmes gaëlics qu’d pouvoit encore posséder.
En conséquence, au commencement
de 1 annee 1760, paroit le premier recueil
de Macpherson , sous le titre de Fragments
de poésie ancienne , recueillis dans les montagnes
d Ecosse avec une introduction par le
célébré Blair. Le succès de cet ouvrage joint
a 1 assurance que ne cessoit de donner le
traducteur qu’on pourroit encore retrouver
des morceaux dans les montagnes et dans
les îles, et qu un grand poëme héroïque
ou épique y existoit conservé par fragment,
soit en manuscrits, soit par tradition
o rale, poëme qu’il seroit encore possible
de rassembler et de traduire, ce succès dis-
je engage les mêmes littérateurs à ouvrir