
J ’ai déjà dit que le principal caractère qui
distingue la musique de la Haute-Ecosse de
celle des autres peuples de l’Europe, c ’est
l ’absence dans la gamme de deux notes importantes,
la quarte et la septième. Cette
absence ne paroît point provenir d’un état
d’enfance dans l’art musical , comme on.
pourroit le croire, puisqu’elle ne se retrouve
pas chez des peuples bien moins civilisés
encore que les montagnards écossais , chez
les Lapons , les Cosaques, par exemple , et
même chez les insulaires de la mer du Sud,
qui tous ont une musique bien simple, bien
pauvre, mais sans aucun rapport avec
celle des Gaëls. 'A
L omission 'constante de deux notes si essentielles
, lient sans doute à quelqu’ancien
système musical dont les restes se sont conservés
par tradition depuis une haute antiquité
, quoique les principes sur lesquels ce
système étoit fondé, aient été totalement oubliés.
Cette musique semble, à ceux qui l ’entendent
pour la première fois, n’être qu’un
assemblage confus de différents sons qui
se mêlent en apparence sans ordre et sans loi.
Cependant en l'étudiant on y trouve une
( )
certaine série de tons si constante et si uniforme
dans la pratique, qu’on ne sauroit
douter qu’elle n’ait été une fois déterminée
par des règles fixes. Les airs anciens ont
été transmis de générations en générations,
on les a imités , et les chants nouveaux ont
pris le même caractère , mais ils 11’y a aujourd’hui
aucun Ecossais qui connoisse
même l’existence des règles qui les ont
produits.
Je n ’ai point ici la prétention de retrouver
ce système, à l’aide des lambeaux épars qui
nous en sont restés, je laisse à une maia
plus habile que la mienne à reconstruire
un édifice si différent par son architecture
de tout ce que nous connoissons. Mais
comme un tel travail ne sauroit être sans
intérêt, soit pour l’histoire de l’art musical,
sujet qui a déjà occupé des esprits profonds,
soit pour celle du peuple gaël lui-même,
en offrant un nouvel objet de comparaison
avec les autres peuples anciens et modernes,
je présenterai ici les résultats de mes observations
que je crois nouveaux, ainsi que
les analogies qui m’ont frappées entre la
musique gaélique et celle d’un peuple bien
éloigné, et, sous d’autres rapports, bien
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