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thenticifé d’Ossian , et renvoyant à un autre
moment les objections dirigées contre l’époque
où Macpherson suppose que ces poëmes
ont été composés. Il est cependant bien difficile
de suivre exactement cette division,
car Mr. Laing , comme ses prédécesseurs ,
n ’a point séparé ces deux questions, et tout
en employant sa grande érudition à prouver
qu’Ossian et Fingal n’ont pu être contemporains
de l ’empereur Sevère , il soutient
en même temps qu’à aucune époque quelconque
de l’histoire de la Haute-Eeosse,
on ne pourroit trouver des moeurs semblables
à celles que décrit Ossîan.
Quand on compare, dit-il , la barbarie
des Calédoniens et des Gaëls au moyen
âge avec l’état de civilisation que supposent
les héros généreux d’Ossian, ses chastes et
languissantes princesses, ses riches armures,
ses vastes salles dans de massives tours ,
on se convainc aisément que tout ce poëme
doit être d’invention récente, et qu’aucune
époque ne convient mieux à de telles
productions que le siècle où nous vivons ,
puisque les vertus et la suprême félicité
des sauvages, le bonheur des peuples pasteurs
et chasseurs, sont des doctrines qui
appartiennent uniquement aux temps modernes.
Et si l ’on Youloit croire à la possibilité
d’un pareil état de civilisation chez
ce peuple, il faudroit, pour expliquer la
barbarie où il est encore de nos jo u r s ,
admettre, pour cette seule peuplade , une
marche rétrograde des lumières bien contraire
à la marche progressive qui s’est manifestée
dans le reste de l’Europe. Aussi,
ajoute Mr. Laing , voit-on partout que le
prétendu traducteur’, de peur de compromettre
l’authenticité des poëmes, a évité
à dessein de toucher à des sujets délicats
qui auroient pu déceler son imposture ; et
il représente ici l’objection déjà indiquée
par Johnson , sur l’absence de divinités ,
de culte et de cérémonies reliOg ieuses7, dans
les vpoësies d’Ossian. Macpherson , dit-il,
craignant d’inventer une nouvelle mythologie
, a créé une société sauvage d’athées
raffinés qui ne croient à rien, si ce n’est
aux ombres de leurs pères, et il a ainsi
adopté toutes les idées de Rousseau sur la
perfection de l’état sauvage.
II y a plus , on a vu Macpherson, lequel
avoit , dans la première édition de ses
poëmes, imprimé certains passages qui pou