
suivent uniformément , tantôt alternent irrégulièrement
enlr’eux ; on y reconnoît une
sorte de prosodie qui semble plus établie
par 1 habitude et l’oreille , que soumise
à des réglés fixes. Le génie de la langue
n est pas contraire à la prosodie puisqu’elle
admet des longues et des brèves.
Ces vers ont souvent aussi une tendance
a rimer, mais la rime y est bien informe,
car on n a aucun égard aux consonnes qui
terminent le vers, pourvu que la dernière
voyelle ou la dernière diphtongue du dernier
mot d’un vers soit la même que celle
du vers suivant; il y a donc une simple ressemblance
de son dans les désinences. Je
ne sais si on doit attribuer à la nature ou à
1 art, 1 harmonie imitative qui se fait remarquer
d une manière frappante dans plusieurs
vers. L ’illustre rapporteur de la société
highlandaise observe à ce sujet que tous les
morceaux d’un style élégiaque, dans lesquels
le Barde déplore la perte de quelque
héros ou de quelque jeune femme, morceaux
qui terminent ordinairement les
Duans , sont pleins des diphtongues et triph-
tongues ao et aoi (prononcez eû) , dont le
son doux et plaintif harmonise avec la tristesse
du sujet. Il cite deux vers tirés du
poëme de Diarmid , dans les antiquités
gaéliques du docteur Smith, où il est dit que
la lance rude et ensanglantée du héros fut
déchirée par les dents d’un féroce sanglier
avec autant de facilité que le seroit un tendre
roseau du lac de Légo, les consonnes
dures et aspirées, et les voyelles fortes et
sonores du premier vers contrastent admirablement
avec les consonnes liquides et les
voyelles flûtées du second ( i ) ; on voit des
exemples semblables de vers onomatopées
dans la langue galloise qui sont plus frappants
que tout ce qu’on pourroit trouver
dans les langues les plus policées (2).
Les Bardes plus modernes , tels que Ai-
len Mac Buari et Macvuirich ont cherché à
imiter les modèles que leur avoient laissés
leurs prédécesseurs, et ils en ont quelquefois
approché sans cependant les atteindre.
Plus récemment encore des poètes gaëlics,
Macdonald et Mac Intyre | ont publié des
odes qui ne sont pas sans mérite, mais on y
remarque en général plus d’irrégularité dans
le mètre que dans les anciennes poésies.
(1) Report o f tlie Committee, elc. p. i 45.
(2) Bingley’s North TV aies. Yol. 2, p. 2g 1.