
les Voyageurs de visiter St.-Kilda. Depuis
Martin qui publia au commencement du
siècle passé, sa périlleuse expédition dans
cette île , moins connue alors que ne l’é-
toient les îles de la Sonde et les Moluques,
un autre Ecossais Mr. Macaulay est le
seul qui l ’ait visitée , et qui ait décrit
les moeurs de ses habitans. Les relations
intéressantes de ces deux voyageurs, quoique
en certains points fabuleuses , renferment
des détails vrais et curieux sur l’extrême
simplicité, l’innocence et la naïveté
de ces insulaires isolés au milieu du grand O
Océan, sur leurs pêches, leurs chasses aux
oiseaux de mer qui couvrent de nids les
rochers de St.-Kilda, et sur leurs superstitions.
J’aurois eu le plus grand désir de
juger par moi-même de la vérité de ces
récits, mais il ne falloit pas songer à entreprendre
en automne une navigation redoutée
même dans les plus beaux temps de
l ’année. D’ailleurs, nous aurions pu être
plusieurs jours en mer sans parvenir à cette
île, il nous eût fallu attendre encore plusieurs
autres jours un temps favorable pour y débarquer;
nous aurions dû alors quitter notre
vaisseau,, car il n’y a point de port dans
Iîle de S t .-K ild a , et nous confier aux
vagues sur notre frêle canot ; au risque
de voir le navire qui nous avoit amené ,
chassé par les vents du sud-ouest, s’éloigner
ue cette île ou nous pouvions demeüreï^
long-temps prisonniers.
Toutes ces circonstances réunies nous
empêchèrent de visiter St.-Kilda, et pour
nous dédommager en quelque sorte, nous
interrogeâmes à ce sujet les habitans des
îles' d’Uist et de Benbecuîa. Mais leurs
récits étoient tellement entremêlés de
merveilleux, qu’ils ne faisoient qu’aiguiser
notre curiosité sans la satisfaire. Toutes
les fables transmises par les relations des
anciens voyageurs, sont encore à l’heure
qu’il est crues et débitées par les habitans
de Long-Island avec une bonne foi
complette. On nous assuroit par exemple
que chaque fois qu’un étranger avoit abordé
à lîle de St.-Kilda, toute la population
avoit été saisie d’un rhume épidémi-
que; que les moutons de cette île portaient
une laine bleue > et cent autres contes non
moins bizarres, que les habitans d’Uist
accueillent avec une foi aveugle et superstitieuse
, et dont il n’auroil pas fallu paroître
d o u t e r .