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dévoient, suivant toutes les probabilités,'
donner à ces contrées une nouvelle vie et
un aspect nouveau. Ceux des propriétaires
qui sont parvenus à séparer entièrement la
pèche de l’agriculture, ont eu un succès d’autant
plus complet , que l’esprit ardent et
entreprenant des habitants de la Haute-
Ecosse convient tout-à-fait au métier dangereux
de la pêche de mer.
Le Marquis de Stafford que j ’ai cité plus
haut, fît bâtir en 1814 dans sa terre de Su-
therland, une maison au bord de la m e r ,
destinée à la préparation du poisson ; il fit
construire quelques chaloupes qu’il aloua à
quelques uns de ses anciens vassaux dépossédés.
Quoique absolument neufs dans
le métier de pêcheurs, ces montagnards se
trouvèrent au bout des six premières semaines
, avoir déjà gagné vingt-sept livres
sterlings par homme. Un succès aussi inespéré
éveilla l’attention de tous les montagnards
de cette contrée, et l’année suivante
i 8 i 5 le nombre des chaloupes en activité
pour la pêche se monloient déjà à 5o. Plus
de 4<>oo barils de harengs avoient été expédiés
, et on avoit déjà chargé des navires
pour Riga, pour les autres ports de la Baltique
et mêine pour les Indes Occidentales.
Tant il est vrai que la mer offre dans ces
parages de riches trésors pour qui veut et
sait en profiter.
Ce qui a jusqu’à ce jour le plus nui au
succès des établissements, ce sont les lois
prohibitives > et les droits énormes sur les
sels , denrée de première nécessité pour le
commerce du poisson. Il est à espérer que
la législation ne tardera pas à revenir de
ces restrictions sévères, et que le gouvernement
anglais sentira enfin la nécessité de
Favoriser de tout son pouvoir la pêche des
Hébrides. On ne sauroit trop s’étonner de
voir ainsi les Angîois négliger des biens D O .0
que la nature à mis dans leurs mains, tandis
qu’ils ne cessent d’encourager la colonie
éloignée de Terre-Neuve qui a souvent
coûté à l’état bien plus qu’elle ne lui rap-
portoit.
On avoit pensé que les manufactures
pourvoient offrir des ressources aux montagnards
dépossédés de leurs fermes, et leur
procurer les moyens de rester dans leur
pays. Mais le travail sédentaire et mécanique
qu’exige ce genre d’occupation , ne
se concilie point avec l ’esprit et le caractère
Tom. I I I . ig