
comme des étrangers , des nouveaux venus,
et par conséquent des ennemis' de leur
nation.
Ce peuple, plus industrieux et plus civilisé
qu’eux , présentoit à leur cupidité
des appas irrésistibles, dans les produits
de son commerce, de son travail, et de
son sol fertile. Le nom de Sassenach ou
Savons, par leqpel dans la langue gaélique,
les Ecossais des montagnes dési-
gnoieut ceux de la Basse-Ecosse, rappel-
loil toujours à cette race guerrière et fière
de 'son ancienneté, l’origine comparativement
moderne de ses voisins du sud ; cela,
joint a la diversité du langage, étoit aux
jeu x de ces peuplades à demi barbares,
un motif suffisant d’éloiguement et même
de dédain. Les Lowlanders à cpii la culture
des arts de Ja paix , le commerce et
l’étu le faisoient négliger le métier des armes,
leur paroissoient des êtres dégénérés, efféminés
et d’une nature bien inférieure à la
leur.
Les Gaëls d’ailleurs n’oublioient pas que
l e u r s ancêtres a voient une fois possédé une
grande parue de ces plaines fertiles dont
ils se voyoient éloignés. Une antique tradition
conservoit chez eux de tels souvenirs,
et les noms, dérivés du Gaëlic, que portent encore
plusieurs rivières, plusieurs collines,
des villages mêmes dans la Basse-Ecosse,
en étoieut une preuve. En attaquant les
Ecossais des plaines , en s’emparant de leurs
recolles et de leurs bestiaux , ils crovoient
n’user que du droit de représailles, et s’ima-
ginoient ne faire que reprendre des biens qui
leur appartenoient légitimement. Dans cette
persuasion, un Creach, c’est ainsi que les
Highlanders nomrnoient les expéditions qui
avoient pour but le pillage des propriétés de
la Basse-Ecosse, leur paroissoit non seulement
excusable, mais ils le regardoient même
comme un exploit honorable , comme une
manière de déployer leur bravoure et leurs
talens militaires. On vit souvent de jeunes
chefs entreprendre un Creach, à la tète de
leur Clan, en l’honneur de leurs belles, et venir
rapporter à leurs pieds, les dépouilles du
malheureux cultivateur Lowlander.
Des motifs aussi chevaleresques ne guidoient
pas toujours les chefs des montagnards, plus
souvent ces entreprises étoient dirigées par le
seul amour du pillage qui animoit ces sauvages,
dépourvus de toutes les commodités de la