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de ce peuple, et l’état d’un ouvrier de manufacture
est regardé avec un certain dédain
par les Highlanders. De là vient que
tous les essais pour établir dans les montagnes
de la Haute-Ecosse, des fabriques
de coton ont échoué ; ce n’est que lorsqu’ils
y étoient contraints par la plus pressante
nécessité qu’on a vu les montagnards
s’engager comme ouvriers DO dans les villes
manufacturières du midi de l ’Ecosse. Quoiqu’on
ne puisse douter que les manufactures
ne fussent un grand moyen d’employer
et de nourrir une partie de la
population surabondante de la Haute Ecosse,
cependant il nous semble que c’est de toutes
les ressources celles que les propriétaires
ou le gouvernement devroient le moins encourager,
et qu’il seroit mal vu et impolitique
de chercher à étouffer le sentiment
qui règne à cet égard chez les Highlanders.
On commence déjà, mais trop tard peut-être,
à s’apercevoir en Angleterre des grands
inconvénients qu’offre cette disproportion
monstrueuse qui existe entre la population
urbaine et manufacturière, population naturellement
remuante et difficile à préserver
des funestes effets du vice, et la population
plus paisible et plus morale quî habite les
campagnes et s’adonne à l ’agriculture. Ce
seroit donc une faute que d’augmenter encore
les villes déjà trop grandes de la Basse-
Ecosse et de l’Angleterre , en dépeuplant
la Haute-Ecosse de ses habitants.
Mais si l’établissement de grandes manufactures
dans les montagnes ne paroît
pas désirable, il y a de certaines fabriques
peu étendues, de certaines industries qu
n ’exigent pas le rassemblement dans une
étroite enceinte d ’une grande masse d’honf-
mes , et qui peuvent même se concilier avec
l ’agriculture; l’encouragement de semblables
professions ne sauroit avoir que de l ’avantage
, et pourroit, en se joignant aux ressources
que nous avons indiquées plus haut,
servir aux propriétaires de.s Ilighlands, à
retenir chez eux leurs anciens vassaux. C’est
ainsi que le Laird de Grant, en accordant
des conditions très-avantageuses à plusieurs
des siens, à vu s’élever une brasserie de
bière, une multitude de petites boutiques,
des métiers pour la fabrication des étoffes
de laine, des toiles et des bas , des blan-
cheries pour les toiles, ainsi que des atte-
liers de tailleurs, de cordonniers, de char