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régime n’étoit ni oppressif, ni insupportable
comme quelques auteurs modernes vou-
tlroient le faire croire.
Chaque famille possédant une ferme qui
se transmettoit par héritage de père en fils
comme une possession, ils jouissoient du
bonheur attaché à la propriété, bonheur
que peu de paysans anglais connoissent, et
qui est un des plus grands élémens de
la prospérité et même de la moralité des
habitants de la Suisse. Les redevances que
les fermiers gaëls payoient à leur chef étoient
extrêmement petites , et s’ils étoient, par des
circonstances malheureuses, hors d’état de
satisfairé à leurs obligations , les chefs
avoient ordinairement soin de remettre ces
dettes. Une vue active et militaire partagée
entre les hazards delà pèche de mer, et les
agitations de la guerre donnoit du mouve-
ment et un vif intérêt à leur existence. Les
moments de repos qui succédoient à ces
jours orageux, n’étoient pas troublés par
l’idée pénible d’une lâche à remplir. Quoique
peu accoutumés au travail et aux occupations
sédentaires des nations industrieuses,
les Gaëls n’étoient point en proie
à l’ennui qui chez ces mêmes peuples nait
de l’oisiveté , et qui est la source de tant de
dérèglements. Constamment occupés d un
grand intérêt, l ’honneur et le salut de la
tribu, ils étoient animés pour elle , comme
pour une patrie, d’une e s p è c e d’esprit public
, et de cet: ardent patriotisme qui élève
l ’âme et embellit la vie. Passant souvent
du calme h la tempête, d’un profond repos
au tumulte des combats, ils joignoient à
toute la douceur des liens de famdle, battrait
d’une existence fort semblable a celle des
marins , existence que ceux-ci ne peuvent
plus abandonner une fois qu ils 1 ont adoptée.
Ce seroit aussi une grande erreur que
de regarder ce peuple Gomme abatardi
et abruti par l’obéissance a un pouvoir
absolu , et de l’assimiler encore , à cet égard,
à ceux qui gémissoient sous un despotisme
féodal. Si l’éducation n avoit. pas développé
chez eux toutes les facultés de 1 esprit
, si l’industrie et le commerce n avoient
point encore vivifié ces sauvages vallees, et
si ces peuples n’avoient et ne sembioient
désirer aucune de ces commodités de la v ie ,
devenues des besoins réels chez les nations
plus avancées dans la civilisation, si enfin