
St.-Kilda a jusqu’à ces derniers temps
appartenu au chef de la tribu des Macleods
qui y percevoit une rente annuelle ,
payée en oeufs et en plumes d’oiseaux de
mer , ainsi qu’en poisson et en bétail,
car les simples habitans de cette île ne
commissent point dit-on l ’usage du numéraire.
Un de ces insulaires s’étant il y a
quelques années embarqué, fut conduit par
le sort dans les Indes orientales, là par
son travail, son industrie et son activité
il réussit à se procurer une fortune aisée ;
de retour en Angleterre son plus ardent
désir est de revoir sa sauvage patrie et
de faire jouir ses compatriotes des biens
qu’il avoit acquis ; il s’adresse pour cet effet
au Laird de Macleod et obtient de lui la
cession du rocher battu des flots qui ren-
fermoit tous les objets de son affection.
Cet homme intéressant, propriétaire maintenant
de St.-Kilda, jouit dans toute cette
partie de l’Ecosse d’une considération justement
méritée, par ses vertus et les bienfaits
dont il ne cesse de combler ! les
compagnons de son enfance, devenus maintenant
ses fermiers.
Nous quittâmes la maison de Clanranald
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pour r venir à Kiibride,. par la route que
nous avions suivie la veille. Quel ne fut
pas notre étonnement , en arrivant à la
partie méridionale de Benbecuhiy dé ne plus
voir le détroit que nous avions, le jour
précédent, traversé en bateau. La marée
s’étoit retirée, et les îles d’Uist et dé Ben-
hecula, auparavant séparées par un bras
de m e r , fôrmoient une seule et môme
île. Une vaste plaine d’un sablé humide,
au-dessus de laquelle s’ëîevoient quelques
quartiers de rochers couverts du verd feuillage
des ulves et dés fucus, indiquoitle fond
du détroit, et nous traversâmes à cheval
ces sables, au même endroit où peu d’heures
auparavant, lamerrouïoit ses hautes vagues
et balançojt le bateau, sur lequel nous naviguions.
Ce fait remarquable peut donner
une idée de la. force et de la hauteur dés
marées dans ces régions les plus occidentales
de l’Europe. Le même phénomène
a lieu au nord de Benbecula, et le détroit
qui s’épare celte île de celle de Norlîi-
Uist, reste aussi à sec pendant la basse marée.
Ainsi deux fois dans vingt-quatre heures,
Soulht-Uist, Benbecula et North-Uist sont
réunies et ne forment qu’une longue î le , et