
procher de Ja musique des autres peuples
européens. Car en voulant concilier deux
genres incompatibles on n’obtient que des résultats
également vicieux dans l’un ou dans
l ’autre système.
Les Chinois n’ont . pareillement dans
leur gamme que cinq notes dont les intervalles
entre elles sont exactement les mêmes
que ceux de la gamme gaëlique; ces notes
sont : le koung ou tonique ( fa ) , tchang,
( s o if lito, (la) , tché(ut), pu (ré). Avec une
gamme aussi incomplète ils ont également
deux modes, l’un majeur, l’autre mineur, ils
ont enfin deux notes transitoires ou’ils emploient
aussi dans leurs modulations pour
passer d’un ton dans un autre, et qui d’après
notre échelle européenne, semblent
compléter leur gamme; ces notes, qu’ils désignent
par le nom générique de pien , sont
le pien-tché, qui, en prenant pour tonique
le f a naturel, correspond au si naturel de
notre gamme, et le pien-houng qui correspond
à notre mi bémol. Il est évident que
ces deux piens jouent le même rôle dans la
musique chinoise que les notes transitoires
dans la musique gaëlique, et qu’ils repré--
sentent pareillement la quarte et la septième
du ton primitif, non pas cependant la quarte
et la septième majeures, tels qu’elles sont
dans notre gamme à sept notes, mais la
quarte superflue et la septième diminuée
comme les notes transitoires de la musique
gaëlique. Il est donc à croire qu’on doit aussi
les regarder comme appartenant, non pas
au ton dans lequel on joue, mais à celui
dans lequel l ’air va passer, c’est ce que ne
paroisssent pas avoir saisi clairement ceux
qui ont écrit sur la musique chinoise ; il est
probable que , la connoissant plutôt par les
nombreux ouvrages des philosophes chinois
qui se sont occupés de la théorie de cet art,
que par l ’étude des morceaux de musique
eux-mêmes, ils auront pu être induits eu
erreur par l ’obscurité du langage scientifique
de ces écrivains. Quelques passages tirés
d’anciens auteurs chinois et indiqués par le
P . Amiot, dans son grand travail sur la musique
chinoise ( i) ., semblent indiquer clairement
que les deux piens sont des notes
transitoires, comme celles de la musique
gaëlique, et destinées à indiquer et à opé