
vrage tout ce qui pourroit sembler étranger
à 1 Ecosse, est représenté comme pillant effrontément
et ouvertement les ouvrages les
plus répandus, dans les langues les mieux
connues, et composant des morceaux qui
doivent porter un cachet tout nouveau et
tout particulier, avec des extraits de livres
qui sont entre les mains de tout le monde.
Comment concilier cette longue et ancienne
dissimulation, ce projet préparé si long-temps
à 1 avance au moyen de tant d’art et de duplicité
, avec le caractère bouillant, impétueux
, impatient, irritable, qu’eux-mêmes
reconnoissent dans Macpherson?
Us ne sont pas plus conséquents dans le
portrait qu ils nous font des montagnards
écossais ; à les entendre, ce sont des hommes
si totalement dénués de tout sentiment poétique
, qu’ils ne peuvent pas distinguer les
poésies rafinées de Macpherson de leurs
grossières ballades traditionnelles; et ailleurs
ces hommes si barbares et si ignorants se
changent en un peuple de poètes , où non-
seulement les maîtres d’école, mais encore
les plus pauvres villageois , les marchands
forains, les mendians même ont pu composer
les vers d une haute poésie qu’on leur
( ¥% )
entend réciter, et ces poètes si habiles ne
veulent retirer aucune gloire de leur talent
et s’obstinent à sacrifier à d’anciens Bardes,
morts depuis des siècles , et à un être imaginaire
, qu’ils nomment Ossian, une célébrité
qu’ils mériteroient eux-mêmes à tant
de litres. Laissant auk accusateurs de Macpherson
à concilier des opinions aussi contradictoires,
je dois encore relever ici une
erreur en apparence moins importante, mais
qui a pu avoir une grande influence sur l’opinion
de ceux qui n’ont pas examiné à fond
cette question. Les détracteurs d’Ossian, depuis
qu’ils ont été forcés de reconnoître
qu’il existe des chants traditionnels, répandus
dans la Haute-Ecosse , n’ont pas cessé
d’opposer ceux-ci aux poëmes de Macpherson,
en présentant toujours les premiers
comme les rudes et grossiers essais d ’une
muse villageoise, et les autres comme des
ouvrages bien dignes du siècle éclairé qui
seu l, suivant eu x , a pu les produire. O r ,
sans rappeler ici le témoignage de Bucha-
nan , cité plus haut, que l’on veuille examiner
avec impartialité les morceaux de
poesie gaélique les plus authentiques, ceux
par exemple qui ont été publiés par Stone