
v ie , et que le chef étoit obligé de satisfaire
pour se concilier l’affection de sa tribu. La
nécessité contraignoit aussi quelquefois le
chef lui-même à recourir à de pareils moyens.
Il lui falloit pourvoir à la subsistance de ses
nombreux vassaux, se mettre en état de soutenir
sa libéralité, celte hospitalité obligatoire
envers son clan, et fournir aux dépenses
qu’occasionoit la suite exigée par
le rang élevé qu’il occupoit.
Un tel voisinage étoit bien redoutable pour
les paisibles habitans des plaines situées au
pied des montagnes. Dans les longues nuits
d’automne, des bordes affamées se précipi-
toient des hautes vallées , dans le plat pays,
enlevoient le bétail, les moissons, l’argent et
les objets précieux, et, aussi supérieurs en
audace, en force et en agilité, à leurs voisins
que ceux-ci les surpassoient en civilisation,
ces montagnards chargés de leur butin, dis-
paroissoient avant le point du jour, et avoient
déjà regagné leurs glens sauvages , leurs rochers
inaccessibles, qu’on n’avoit pas encore
songé à les poursuivre.
Les grands et riches propriétaires étoient
oblij iés d’avoir toujours une troupe d’iiommes
armés pour défendre leurs domaines. Mais
telle é t o i t labardiesse des montagnards, qu’ils
se faisoient souvent un jeu d ’attaquer et de
poursuivre ces gardiens jusques sous les murs
des châteaux. Les fermiers et les propriétaires
peu aisés qui n avoient pas les moyens
de faire garder leurs terres, étoient continuellement
exposés h ces funestes incursions.
Us ne pouvoient s’y soustraire qu’en
consentant à payer un tnbut annuel aux
chefs des Clans voisins. Ce tribut étoit connu
sous le nom de Black Mail. Les chefs
qui le recevoient s’engageoient à protéger les
propriétés des habitans de laBasse-Ecosse qui
le payoient, contre toute agression,non seulement
de leur clan, mais de tous les autres.
Ces engagements étoienttoujours gardés avec
la plus scrupuleuse loyauté. Les effets volés
étoient restitués aux propriétaires, en quelque
lieu éloigné qu’on eut pu les cacher.
Ceux qui par fierté ou par toute autre raison
avoient refusé le tribut, étoient sûrs de voir
un jour ou l’autre leurs domaines envahis
et pillés par des troupes de sauvages High-
landers.
Dans les temps plus récents et lorsque
les richesses de la Basse-Ecosse en s’accroissant
chaque jo u r , devenoient un objet de