
Roi. Il y a plus, des familles auxquelles le
Souverain avoit octroyé certains domaines,
au préjudice des Chefs de clan qui les pos-
sédoient, furent plusieurs siècles sans pouvoir
faire valoir ces titres, et elles ne seroient
probablement jamais entrées en jouissance
de leur propriété, si l’ancien Seigneur de
ces terres , n’en eût été dépossédé à la suite
d’une rébellion.
On se tromperoit donc beaucoup s i , en
assimilant le gouvernement des clans au
système féodal, on lui en attnbuoit les in-
convéniens et les abus. Non-seulement il
étoit de devoir étroit pour le Laird, comme
chef de la grande famille , de traiter avec
égard et bonté ceux que le droit d’ainesse
avoit placés sous son commandement, mais
il avoit un intérêt tout particulier à acquérir
une grande popularité. Le droit qui le
plaçoit à la tête du clan étoit jusqu’à un
certain point fondé snr 1 opinion , il lui
importoit donc de ménager cette opinion,
et comme la jouissance du pouvoir absolu
qu’il exercoit, procédoit d’une extension volontaire
accordée à la puissance paternelle,
il falloit par sa sollicitude constante pour les
intérêts de ses subordonnés, qu’il se"montrât
un bon père de famille. Aussi cherchoit-il par
tous les moyens à se concilier leur affection, il
venoit au secours des plus pauvres , il exercoit
envers tous une hospitalité sans bornes.
Loin de les éloigner de lui par une hauteur
et une réserve repoussantes , il affectoit une
affabilité, une familiarité habituelle avec
tous les membres de sa tribu. Il ne ren-
controit pas un de ses plus petits fermiers,
sans le prendre par la main et s’informer
avec intérêt de tout ce qui le concernoit ;
ayant toujours soin de cacher le maître sous
les dehors de l’ami et du parent. Malgré les
changements qui se sont opères dans ce
pays, cette intéressante coutume se conserve
encore aujourd’hui dans bien des parties
de la Haute-Ecosse et des Hébrides. J’ai
vu de grands et riches propriétaires loucher
amicalement la main aux plus pauvres
de leurs paysans, chaque fois qu ils les ren-
controient. C’est ainsi qu’ils conservent encore
de fa it, l ’influence et la supériorité que
la loi leur refuse à présent.
On ne peut donc pas dire que les Gaéls
fussent malheureux , et les vifs regrets qu ils
ont témoigné de la dissolution des Clans,
après la rébellion de 174$, prouvent que ce