
leman s magazine, quelques poëmes gaëlîcs
qu’d s’étoit procurés en parcourant la Haute-
Ecosse en 1780. Il n’enlendoit point le
gaëlic; aussi la traduction qu’il a fait faire,
et quil a imprimée à côté des vers originaux
, offre-t-elle quelques fautes graves.
Cependant cette petite collection n’est pas
sans intérêt ; elle renferme un fragment
fort curieux : c est un dialogue entre Ossian
et St.-Patrick, le premier prédicateur chrétien
en Irlande. Le sujet de cette pièce est
la conversion d’Ossian au christianisme. Le
Larde, pressé par le saint Irlandais d’adorer
le vrai Dieu , s en défend d’abord , à cause
de 1 espèce de culte qu il se plaît à rendre aux
héros fingahens. « Pourquoi serois-je reli—
» gieux, dit-il, si le ciel n est pas aujour-
» d’hui la demeure des héros de Finffal. »
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H vante alors la force et le courage de ces
héros , la beauté de leurs chants ainsi cjue
le plaisir de la chasse, et demande à St.-
Patrick si la religion qu’il enseigne offre
rien de semblable. Le saint lui montre que
ces guerriers qu il admire ne sont que de
foibles mortels auprès du Dieu tout-puissant
, maître du monde \ que Eingal et ses
armées rie peuvent rien contre l’enfer, et
que l’incrédulité d’Ossian prive ses ancêtres
de l’entrée du paradis. Celui-ci, frappé de
pareilles images, se rend, et embrasse le
christianisme.
Quoique ce petit poëme intitulé Umigh
Ossian, la prière cl’Ossian, porte des marques
incontestables d’une grande antiquité,
il est cependant d’une époque fort différente
de celle des poëmes de Smith et de Mac-
pherson ; ce sont de tout autres idées, un
tout autre style , et les vérités de la religion
chrétienne qui y sont développées,
fixent, jusqu’à un certain point, sa date.
Quelque curieux que soit à cet égard ce
morceau, il n ’offre cependant aucune preuve
directe en faveur de l’authenticité de l’Ossian
de Macpherson , mais il confirme l’existence
de poésies traditionnelles dans la Haute-
Ecosse, et celle d’une tradition particulière,
relative aux Fingaliens; il nous montre enfin
ces héros tels que les présente l’Ossian de
Macpherson , c’est-à-dire , passionnés pour
la chasse et la guerre, et pleins de vénération
pour leurs ancêtres.
Il existe dans cette même collection
d’autres poëmes qui vont mieux au but
des recherches de l’auteur : tel est d’abord