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jourd’liui il n’en reste plus de traces , non
plus que du système qui les enfanta. Cependant
la musique gaël que est encore un
objet de grande admiration, d’enthousiasme
même, chez la plupart des montagnards
écossais. Elle préside à leurs travaux de
toute espèce ; elle les accompagne dans leurs
dangereuses expéditions sur la mer ; elle
anime les guerriers dans les combats; elle
célèbre toutes les circonstances marquantes
de la vie du Highlander, et vient enfin le
pleurer jusque sur sa tombe même. O11 ne
sauroit douter du cas qu’ont toujours fait
les Gaëls de leur musique nationale, lorsqu’on
vo it, dans les temps anciens, les chefs
honorer les harpistes et les Bardes, établir
de grandes écoles pour la cornemuse , et
assigner aux pipers une place distinguée
parmi les officiers de leur suite ; enfin lorsqu’on
a vu plus récemment des régiments
entiers de Highlanders au service d’Angleterre
, se révolter parce qu’on vouloit les
priver de leurs cornemuses.
Quant à l’effet produit par cette musique
sur un étranger, je puis assurer, par ma
propre expérience , qu’après qu’on s’y est
accoutumé ( car ce n’est pas au premier
moment qu’on pfjut s e faire à des intonations
si différentes des 1 ô res ) 011 trouve
qu’il y a, dans les airs de danse un mouvement
, une vivacité qui surpasse celle de
nos chanls même les plus gais, et cpi’il y
a , dans ces brusques et rapides transitions
d ’un ton à l ’autre , et surtout dans le passage
d’un ton mineur dans le ton majeur
au-dessous , quelque chose d’énergique et
de frappant dont aucune de nos modulations
ne peut donner l’idée , et qui se retrouve
même lorsqu’on essaye de le rendre sur
nos instruments, plus douit, et plus mélodieux.
Mais ce ne sont pas nos instruments
qui peuvent donner une idée juste de la
musique gaëlique; elle n’est pas faite pour
les salons et les concerts : c’est sur une
mer orageuse et dans les glens déserts qu’il
faut l ’entendre ; il faut que le bruit de la
rame , le mugissement des îlots et le siffle-
mens des vents, accompagnent les choeurs;
il faut que les grottes sombres et profondes
retentissent des intonations perçantes de la
cornemuse, que les échos des hauts rochers
sur les rivages Hébridiens, et les flancs des
âpres montagnes du nord, en répètent et