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petits pour le nombre des passagers, et dépourvus
des objets nécessaires à la subsis-^
tance de tant d’hommes pendant une longue
traversée, ils arrivent enfin dans un nouveau
monde , ils touchent le sol de cette terre
promise, mais ici d’autres malheurs les attendent:
étrangers, dénués de tout, jetés
dans un climat inconnu, et la plupart parvenus
à l’âge où l’on fait difficilement l’apprentissage
d’une existence nouvelle , et où
l’on manque des forces nécessaires aux rudes
travaux qni les attendent, ils sont h la merci
d’avides spéculateurs. Perdus enfin dans ces
immenses forêts auxquelles ils doivent arracher
leur subsistance, l’isolement où ils sont,
la profondeur de ces bois impénétrables,
l’aspect effrayant du désert, les saisit de terreur,
le découragement s’empare de leur
âme , et ce n’est qu’avec peine , que sans
guide. sans aucune direction,D 7 ils réussissent
peut-être à la longue à cultiver un espace
de terre suffisant pour eux et leurs familles.
Alors leurs regards se tournent vers cette patrie
qui les a abandonnés mais qu’ils aiment
encore; iis veulent perpétuer jusques
dans un nouvel hémisphère le souvenir des ,
lieux où ils ont passé leur enfance; ils appellent
leur petit champ, et leur chaumière,
construite de branches d’arbres , du nom de
cette ferme qu’habitoient leurs ancêtres et
qu’ils ont quittée avec tant de regrets, et l’étranger
errant dans les vastes déserts de l’Amérique
entend par fois les échos clés bords
de la Susseqhuana et de l’Ontario répéter
tristement ces chants plaintifs qui retentis-
soient jadis dans les montagnes de l’Ecosse,
Mais, dira-t-on , que falloit-il donc faire
pour empêcher l ’émigration? La législation
ne pouvant s’y opposer, falloit-il que les
propriétaires abandonnassent tout-à-fait leurs
intérêts, et consentissent à se charger comme
auparavant du fardeau d ’une population inhabile
au travail et disproportionnée à l’étendue
du sol? N’y a-t-il donc, demanderai
je à mon tour, n’y a-t-il pour un chef
aucune voie intermédiaire entre la conservation
de tous ses petits fermiers et leur expulsion
générale ? Lord Selkirk semble ne
pas croire à la possibilité d’une conduite mitoyenne
, puisqu’il oppose toujours au sys-'
tème des pâturages de moutons, q u i, selon
lu i, doit un jour s’étendre sur toute la Haute-
Ecosse, le maintien des fermes peu étendues
et des rentes anciennes, sans paroître entre