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pentiers, de maçons, qui tous travaillent
pour la nombreuse population agricole qui
occupe les vallées voisines. Il est évident,
d’après ce que je viens de d ire , que la
Haute-Ecosse pouvoit fournir des moyens
de subsistance à tous ses anciens habitants,
et cela par des voies différentes de celles qui
les alimentoient lorsque le régime des Clans
étoit en vigueur.
Mais pour obtenir cet heureux résultat,
il auroit fallu que chaque propriétaire consentit
à s’imposer quelques sacrifices momentanés.
Premièrement, sacrifice pécuniaire en
renonçant à une portion du profit qu’il
eût retiré des fermes à moutons , et même
en faisant des avances pour les premiers
frais de l’établissement.
Secondement, sacrifice (si du moins c’en
est un) du penchant qui l’invitoit à abandonner
son sauvage et solitaire domicile,
pour jouir de sa fortune en se fixant à
Edimbourg où à Londres. Car la présence
du Laird dans ses terres paroît être une
condition sine qud non de la réussite de
toute entreprise d’amélioration, d abord
parce que son séjour dans les Highlands
lui permet de faire sur son revenu des.
économies qu’il peut appliquer à améliorer
le sort de ses fermiers, ensuite parce qu’au
moyen de l’influence personnelle qu’il exerce,
sur ceux qui l’entourent, il peut surmonter
et leur répugnance à se déplacer et quelques
autres difficultés d’exécution qui se présentent
d ’ordinaire dans l ’accomplissement de pareils
plans.
Sans aller jusqu’à prétendre comme Lord
Selkirk, qu’un Highlander jj une fois dépossédé
de la ferme de ses pères, préférera
toujours s’embarquer pour l’Amérique, à
s’établir sur une.autre portion des domaines
de son Chef, il faut convenir qu’il existe
en effet chez lés montagnards une forte
répugnance pour changer le lieu de leur
domicile, mais cette répugnance n’est pas
insurmontable . et doit céder à la perspective
d’un établissement avantageux. Que
dans les domaines abandonnés par le propriétaire
à la gestion d’un intendant d u r ,
avide, et sans cesse occupé à pressurer les
fermiers pour subvenir aux dépenses de
luxe et d’ostentation du maître, que dans de
pareils domaines on voye les tenanciers
préférer s’expatrier, à souffrir plus long