
il avoit chassé les Géaïits, et avoit partagé
l ’île entre ses trois fils, donnant à Alba-
nactus 1 Ecosse, à Cambrus le pays de
Galles, et à Locrinus le reste de file ou
l ’Angleterre. Il est impossible en lisant ce
tissu d absurdités , de se figurer qu’un his-
toi îen de bon sens ait pu sérieusement mettre
au jour et défendre une pareille opinion.
Quelques auteurs abandonnant la partie
mythologique et merveilleuse, ont donné à
leur récit une forme un peu moins absurde. Ils
ont suposé qu’une colonie d’Egyptiens conduite
par un chef nommé Gathel ou Galyel,
époux de Scota la fille du B01 d’Egypte ,
après s etre embarque sur la Méditerranée
avoit visité la côte d ’Afrique et les grandes
îles d’Italie; puis qu’ayant franchi le détroit de
Gibraltar,elle s’étoit établie en Portugal, pays
alors désert, et dont le nom, suivant eux,
signifie port de Galyel; que Iber Scota, fils de
Galyel et de Scota, dédaignant une honteuse
oisiveté, obtint de son père la permission
d’emmener avec lui une partie de la
colonie, et arriva en Irlande; que delà après
un certain laps de temps, une partie des
nouveaux habitans se répandit par le nord
de i’fle dans les Hébrides et lots montagnes
occidentales de l’Ecosse , qui n’éloient pas
encore peuplées, mais qui ne tardèrent pas
à i être , grâces à de nouvelles émigrations
du nord de l ’Irlande.
Buchanan, Cambden , et enfin Gibbon
ont pensé que les Gaëls, ainsi que tous les
autres peuples qui habitoient la Grande-
Bretagne, venoient originairement des Gaules;
ils sappuyent dans cette opinion sur les
rapports de moeurs et de langage qui existent
entre les Gaëls et les anciens Gaulois
ou Celtes. Tout en admettant que cette
idée n’a rien d’invraisemblable , j ’observerai
que dans une matière aussi difficile
on ne doit ni se hâter de se former
une opinion , ni décider trop péremptoirement.
L ’examen que nous allons faire
des moeurs des Gaëls nous fournira quelques
particularités intéressantes par leurs
rapports avec certaines coutumes des anciens
peuples de l’Orient ; sans prétendre
que de telles concordances soient assez
multipliées pour autoriser à les considérer
comme des preuves, cependant ces rapprochements
sont assez frappants pour mériter
d’être pris en considération par ceux
qui dorénavant entreprendront la tâche