
On a trop souvent, ce me semble, confondu
le régime patriarchal établi dès les
temps les plus anciens dans les montagnes
et les îles de l’Ecosse, avec le système féodal,
tel qu’il existoit dans la Basse-Ecosse,
en Angleterre et dans la plupart des contrées
^jle l’Europe, Quoique ces deux modes de
gouvernement eussent quelques formes communes
, cependant l ’origine essentiellement
différente de ces deux états de choses,
avoit rendu les rapports entre les gouvernants
et les gouvernés, tout-à-fait dissemblables,
et la condition des ressortissants d ’un
Chef de clan étoit certainement bien moins
dure que celle des vassaux d’un Seigneur
féodal. Tandis que celui-ci faisoit dériver
son pouvoir du droit de conquête, et ré-
gardoit ses vassaux comme sa propriété ,
comme des esclaves qui lui appartenoient
par la loi de la guerre, le Chef écossais
savoit qu’il tiroiî les avantages dont il jouis-
soit, d ’un ancien droit de primogéniture, les
membres de son clan étoient aussi ceux de
sa famille , ils n’étoient pas serfs parce qu’ils
n ’avoienl jamais été conquis. La distinction
entre les nobles, les roturiers et les paysans
n’existoit point chez les Gaëls. Tous les
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membres d ’un même clan se regardant
comme issus d’une souche commune , se
croyoient tous aussi nobles que le Chef,
et prétendoient eil conséquence h être traités
en gentilshommes; ils ne reconnoissoient
d’autre distinction entr’eux que la plus ou
moins grande proximité de leur degré de
parenté avec l’ayeul commun. Il y avoit
enfin cette différence entre le système féodal
et le régime des clans, que tandis qu’un
Seigneur étoit obligé de rendre hommage
à son Souverain ; et de recevoir de lui l’investiture
de ses fiefs , le Laird jouissoit de
sa puissance à titre personnel d’après le droit
naturel, sans qu’aucun supérieur pût l’en
priver, et sans être obligé à aucune redevance
envers qui que ce fut.
On vit bien il est vrai | à des époques plus
récentes , des Chefs de clans demander à la
Couronne des chartres féodales pour donner
encore plus de force à leur puissance, mais
ils pouvoient si peu y être contraints que
plusieurs Lairds refusèrent avec dédain
d’accepter de tels titres , disant qu’ils ne
voudroient jamais tenir leur droit d’une misérable
peau de mouton , c’est ainsi qu’ils
appelloient les parchemins délivrés par le