
avec plaisir leurs poëmes favoris, et en jouissant
de les voir paroître dans un langage
plus connu et plus répandu que le leur , ne
dissimuloient pas leur regret de ce que
Macpherson n’avoit p u , soit par sa faute,
soit par celle du génie de la langue anglaise,
rendre toutes les beautés qu’ils admiroient
dans les originaux qu’ils entendoient encore
réciter chez eux. Ils se plaignoient aussi
de ce que Macpherson n’avoit pas fait connoî-
tre d’autres poëmes qui, suivant eux , étoient
supérieurs à ceux qu’il venoit de publier.
Macpherson ajouta aux nouvelles éditions
qui se firent des poëmes d’Ossian , deux
dissertations. L ’une étoit destinée à prouver
que Fiugal et ses héros étoient écossais
et non irlandais, comme quelques écrivains
de cette nation le prétendoient, car il est à
remarquer que , dès l’origine, les Irlandais
disputèrent à l’Ecosse l'honneur d’avoir
donné naissance à Ossian et à Fingal; c ’est
ce que prouve clairement un avertissement
inséré dans un journal de Dublin le i .eT Décembre
1761 , c’est-à-dire avant même la
publication de Fingal. L ’auteur de cet avis
annonce qu’il va mettre au jour une traduction
du poëme de Fingal, d’après ses
C 347 )
propres recherches en Irlande, et qu’il démontrera
les erreurs et les méprises que
l ’ignorance de la langue erse avoient fait
commettre au traducteur écossais, dans l’édition
qui alloit se publier à Londres. Ainsi
Macpherson , destiné à être combattu de
toutes parts, vit attaquer et juger un ouvrage
qui n ’avoit pas encore paru, et c’est
à cette occasion qu’il composa sa dissertation
sur les poëmes d ’Ossian. Une seconde
dissertation de cet auteur est relative à l’époque
où Ossian doit avoir vécu ; il cherche
à prouver que Fingal est contemporain de
l ’empereur Sévère, et que Caracull, le roi
du monde , dont il est question dans ces
poëmes, ne peut être autre que Caracalla. Je
ne m’étendrai point sur ces dissertations imprimées
dans toutes les éditions. D’ailleurs
de tous les points contestés celui qui semble
l ’atoir été avec le plus de force et de raison,
c’est l’idée d’avoir placé le temps où ces
poésies furent composées à une époque aussi
reculée que le 3.me siècle demotrç ère. Celle
aussi de faire les Fingaliens exclusivement
écossais,paroît à présent tout-à-fait contraire
à la vraisemblance , si tant est que ce terme
puisse être applicable, lorsqu’il s’agit de