
aussi anciennes que Macpherson l’a supposé,
mais il lui paroît certain qu’elles ont été élevées
dans le neuvième siècle par les Scandinaves,
et consacrées à Wodan, l ’une de leurs
divinités.
C’est évidemment aux invasions de l’Ecosse
et de l’Irlande par les Norwégiens que
•se rapportent les poésies répandues dans la
Haute-Ecosse , qui célèbrent Magnus aux
pieds nus (bare foot) , un des rois de Nor-
wège qui s’empara des Hébrides, et fut
tué en Irlande, au douxième siècle, et Ketil,
vice-roi norwégien des Hébrides , dont Macpherson
a fait son Swaran et son Cathula.
Ces noms, celui de Lochlin même, ces formidables
armées norwégiennes et danoises
contre lesquelles combattent Fingal et ses héros,
enfin les solides raisons de Mr. Laing
contre l’époque imaginée par Macpherson,
nous conduisent à reconnoitre dans les
chants ossianiques, les guerres des Gaëls
contre les conquérants Scandinaves qui, dans
les neuvième , dixième, onzième et douzième
siècles, infesloient les côtes de 1 E-
cosse et de l’Irlande.
Il est vraisemblable que les Bardes qui
chantèrent les exploits des Fingaliens et
l’extinction de cette race de héros, s’ils n’étoient
leurs contemporains, fleurirent du
moins peu de temps après les mémorables
événements qu’ils célèbrent dans leurs vers.
M. Laing objecteroit sans doute encore k
cette idée le contraste qui existe entre le
rafînement de moeurs que supposent ces
poëmes et l’état sauvage et barbare dans lequel
, suivant lui, les Gaëls étoient plongés
à cette époque; mais qu’on se rappelle
qu’alors l ’abbaye d’I - Colm - Kill brilloit
de son plus grand éclat , qu’alors les religieux
de ce monastère étoient versés dans l’étude
des classiques anciens , et répandoient
de toutes parts les lumières qui sembloient
avoir trouvé dans ce petit coin de terre un
azyle contre la barbarie et l ’ignorance du midi
de l’Europe; qu’on n’oublie pas une vérité qui
chaque jour se confirme, c ’est que nous devons
nous défier de la prétendue ignorance
des peuples du nord au moyen âge, et que ce
moyen âge , que les écrivains méridionaux
regardent, avec raison, comme un temps de
ténèbres pour les contrées qu’üs habitent ,
a été chez les nations septentrionales l’âge
de la chevalerie , de la poésie et de tous les-
arts de l’imagination ( i) .
(1) Pour se convaincre de la vérité de cette as