
obscurs de l'histoire des peuples. Qui seroit
mieux placé pour entreprendre ces cu->
rieuses recherches que quelqu’un des savants
de l’Académie celtique de France? société
dont les doctes travaux ont un but pareil,
et qui a déjà fait connoître une foule de
faits nouveaux et intéressants, sur les antiques
monuments des Celtes, et sur les coutume
« et les traditions populaires de plusieurs
provinces de France, anciennement
habitées par ce peuple. Mais en entreprenant
un rapprochement des trois dialectes
celtiques, il ne faudroit pas comparer leur
vocabulaire, sans avoir une connaissance
préliminaire de la prononciation de chacun
d’eux ; les différences d’orthographe qui sont
très-grandes, exposeroient à faire des rapprochements
vicieux ou à en négliger de
fort importants.
Pour donner une idée de la diversité qui
existe dans la manière d’écrire un même mot,
il me suffira de citer le mot gaëlic Clai-
dheamh, le gallois , kledhyv et le français
glaive trois expressions qui paroissent à la
vue bien différentes, et qui pourtant ont
npn-seulement la même signification , mais
encore à fort peu près le même son dans
la prononciation.
Je vais maintenant sans trop de détails essayer
de présenter un aperçu de la structure-
de la langue gaélique. Je ne pourrai, je le sens,
en donner qu’une idée bien imparfaite, mais
je chercherai du moins à rassembler quelques
traits caractéristiques qui puissent servir à
lui assigner sa place dans la classification,
des langues, et j ’indiquerai en passant les
rapports qui la lient avec d’autres idiômes
anciens et modernes.
E t , pour commencer par le caractère le
plus saillant, j ’observerai que le gaëlic est
une langue à affixes , ce qui le classe avec
l'hébreu ,, dans la grande division adoptée
aujourd’hui pour les langues. Les affixes sont
formées dans le gaëlic par une combinaison
des pronoms personnels avec quelques
prépositions. Dans cette combinaison, le
pronom et la préposition sont réunies en un
seul mot, et tous deux souffrent une certaine
altération ; ce n’est pas comme en latin
où le pronom et la préposition en étant unis
conservent chacun leur forme primitive,
par exemple, mecum , tecu/n, vobiscum, etc.
En gaëlic , il se fait des changements dont
voici quelques exemples :