
I
voit pas eu à Kilbride des nouvelles du
reste du monde, aussi nous eûmes bien
des événements publics et particuliers
à raconter q u i, sans notre arrivée accidentelle
, auroient pu rester encore longtemps
ignorés. Le défaut de communications
avec la terre ferme de l’Ecosse, est
peut-être l’inconvénient le plus grand que
les propriétaires des Hébrides trouvent à
séjourner dans leurs domaines; et nulle part
cet inconvénient ne se fait plus sentir que
dans cette portion de Long Island où, faute
de paquebots réguliers, on peut être plusieurs
mois de suite sans voir arriver ni lettres
ni amis. Ce qui montre combien dans les
Hébrides, on est en arrière pour les nouvelles,
c’est que pendant tout notre voyage
nous ne pûmes trouver de gazette plus fraîche,
que celle qui avoit paru à Edimbourg, la
veille de mon départ de cette ville.
Le pays qui environne la maison de Kilbride
est peut être un des plus stériles. et des
plus arides qui existent dans l’univers; point
d’arbres, à peirte de la verdure, rien que
des rochers et des sables, et pourtant,
grâces à la mer, on y jouit d’une per-
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spective intéressante. Au couchant on voit
l’Océan sans bornes ; aucune terre, aucune
île ne s’élève entre cette île et le continent de
l ’Amérique. Au midi le détroit d’Eriskay se
présente comme un large fleuve parsêmé de
rochers et d’islols; au-delà s’élève l’île de Barra
et plusieurs autres petites îles de sable ,
parmi lesquelles celle qui est couronnée
par les ruines de l’ancien château de Wea -
vers, se fait particulièrement remarquer. Les
dive rs effets de lumière, dûs à la position
différente du soleil dans les diverses périodes
du jour et de l ’année, varient sans
cesse la perspective. Enfin sans s’écarter
beaucoup de la maison, on peut contempler
au levant et dans l ’éloignement, l’île
de Canna et celles de Bum et de Sky avec
leurs montagnes hardies et pittoresques.
C ’est ainsi que le séjour de ces lieux sauvages
peut encore présenter à l’amateur
de la nature bien des sites dignes de son
admiration.
L e ic) Septembre. Après avoir été retenus
un jour à la maison par le mauvais temps,
nous nous mettons en route pour nous rendre,