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soutinrent seules pendant quelque temps,
avec une valeur admirable , le dhoc de
l ’armée ennemie , et leur brillante résistance
rendi, les suites de la défaite
moins funestes aux troupes écossaises. La
vengeance qu’exercèrent les soldats victorieux
fut terrible , rien ne put échapper à
leur furie , des districts de quinze lieues en
quarré autour d’Inverness furent saccagés ,
dévastés et dépeuplés , les maisons et les
villages réduits en cendres, les habitants
massacrés sans distinction d’âge ni de sexe,
toutes leurs propriétés enlevées et portées
en triomphe dans les forts occupés par les
Anglais , où les chefs se livroient à une joie
insultante, et faisoient contraster le luxe
et la gaîté de leurs fêtes avec leurs sanguinaires
expéditions contre les malheureux
montagnards. On ne peut s’empêcher
d’opposer h une pareille conduite
dans une armée régulière , celle que tint,
pendant tout le cours de la guerre , l’armée
victorieuse du Prétendant, qui, entièrement
composée d’hommes pauvres et de milices
non-disciplinées, traversa les villes lesv plus
riches de l ’Angleterre et pénétra dans ses plus
fertiles provinces, sans toucher aux propriétés
publiques ou particulières.
C 89 )
Tout le monde connoît la manière dont
se termina la fatale expédition de Gharles-
Edouard, 1 es aventures, les dangers de ce
malheureux Prince, obligé de fuir à travers
les montagnes jusques dans les îles Hébrides,
pour échapper à la poursuite de ses ennemis;
changeant à chaque instant de nom et
de vêtement, se retirant dans les bois et dans
les cavernes des rochers comme le plus vd
proscrit. On sait qu’il parvint enfin à s’embarquer
et à regagner les côtes de France, et que
parmi les chefs de son armée, les uns, tels
que les Lords Kilmarnock.Balmerino, Lovât,
furent exécutés à la Tour de Londres, et moururent
en héros fidèles à la cause pour laquelle
ils avoient combattu , et que d’autres
perdirent leurs titres et leurs biens, tandis que
les montagnards se soumirent sans résistance
au Gouvernement anglais.Cependant la consternation
qui se répandit d’abord dans les
monlagnesetdanslesîlesàla nouvellede cette
défaite, futpeu-à-peu effacée parlesenliment
des nombreux avantages que les habitans
éprouvèrent du gouvernement paternel de
la maison de Hanovre. Dans ce moment-ci
le Roi George est plus sincèrement aimé en
Ecosse que jamais le Prétendant ne l’ituroit
été, et il peut compter les antiques Gaëls et