
les avoit rendus en anglais et leur étonnement
de ce qu’il s’étoit élevé des doutes à
cet égard.
Cependant Johnson se refusoit obstiné-
V mentà admettre aucun x de ces témoiDgnaoges.
Les Ecossais, disoit-il, sont toujours prêts
à mentir en faveur de leurs compatriotes ;
les manuscrits dont on parle , à moins qu’on
ne les montre à tout le monde , doivent être
regardés comme une nouvelle preuve d’une
conspiration écossaise pour soutenir un
mensonge nationa 1. On avoit prétendu que
Macpherson avoit offert à Johnson de lui
communiquer les originaux qu’il possédoit,
mais que sans égard à cette offre, et sans
vouloir seulement les voir, celui-ci avoit impitoyablement
attaqué l’authenticité des
poëmes. Jamais , dit Johnson, il ne m’a offert
la communication d’aucun original,
jamais il ne m’a montré aucune espèce de
preuve, mais il n’a cherché qu’à m’intimider
par du bruit et des menaces. Ils disent
lui et Blair, que je regarde comme trompé,
qu’il a copié ces poëmes sur d’anciens manuscrits
; ses copies, s’il en avoit, et je
ne crois pas qu’il en ait, ne sont rien. Où
sont les manuscrits? S’il en a qu’il les
montre. ha langue erse n’a jamais été une
langue écrite, si ce n’est tout dernièrement et
pour des objets religieux; chez unemation qui
ne peut pas écrire , ou dans un langage qui
n a jamais été écrit il ne sauroit y avoir de
manuscrits. Son opinion d’ailleurs n’étoit
pas plus favorable au mérite des poëmes
qu’à leur authenticité.
Le poëme de Fingal , disait-il encore,
n’est qu’une vraie rapsodie sans liaison, sans
but, sans ordre, sans moralité, c’est une
Fatigante répétition des mêmes images.
Qui que ce soit, s il en avoit envie, pour-
roit écrire éternellement de pareilles niaiseries.
Les relations de ce savant littérateur
avec le traducteur cl’Ossian furent de courte
durée, des arguments on en vint bientôt
aux injures , et des injures il s’en fallut peu
qu’on n’en vint aux coups.
Eufin, cédant aux sollicitations de ceux
qui partageoient son opinion , Johnson entreprend
son fameux voyage aux Hébrides;
il part bien décidé à en revenir fortifié dans
sa persuasion, aussi n eloit-il nullement préparé
à faire ce voyage avec fruit ; ignorant
la langue gaëlique, il n’avoit fait aucun effort
pour suppléer à une connoissance aussi
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