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situées à peu de distance sur les bords d’un
beau golfe bordé de montagnes , voilà bien
des rapports avec la partie du Canton de
Vaud qui touche au lac Léman. Ce qui me
frappoit particulièrement étoit de voir le
grand chemin bordé en plusieurs endroits
de belles et hautes haies vives, ce qui se
r
trouve bien rarement en Ecosse.
Je suspens ici mon journal , je n’étois
plus en effet un observateur ni un voyageur,
mais je jouissois simplement dans la société
la plus aimable , de quelques jours de repos
après les fatigues d’une expédition longue
et quelquefois pénible. Cependant, comme
le Comté de Moray renferme des objets dignes
d’intérêt, je fis dans cette région quelques excursions
d’autant plus agréables que le pays
en lui-même est charmant, rempli de sites
variés et de paysages pittoresques, et que j ’a-
vois pour guides des amis instruits et empressés
à me faire voir tout ce que renferme
* d’intéressant ce Comté , qui n’est pas un
des moins remarquables de l’Ecosse. Je
vais donc rendre compte en peu de mots
des objets qui ont attiré mon attention et
consigner quelques remarques générales sur
cette contrée. Je serois bien plus sûr d’in->
téresser et de plaire si je donnois quelques
détails sur la société choisie qui s’y
trouve rassemblée , sur cette manière de
vivre sociale et hospitalière, sur ces réunions
également intéressantes par l’élégante
simplicité , la bienveillance mutuelle , la
grâce, l’enjouement qui y régnent,'et où
l ’on trouve toujours de l’instruction sans
pédanterie et de l’esprit sans prétentions ;
mais quelque tentation que j ’éprouve , je
dois me soumettre à la règle que je me suis
imposée.
La première ville du Morayshire. où l ’on
ârnve en venant d’Inverness, est celle de
Forrès, située à peu de distance de la mer;
cette ville renferme 5 120 habitants, et contient
quelques manufactures et quelques établissements
d’instruction publique. On y voit
encore les restes d’un ancien château des
Rois écossais contemporains de Macbeth.
La tragédie de Shakespeare a rendu classiques
plusieurs des parties de ce pays, que
long-temps avant lui la tradition et les
récits , quelquefois fabuleux de Boëthe ,
avoient célébré. C’est à Forrès que se ren-
doient Macbeth et Banquo , pour annoncer
leur victoire au Boi Duncan/ lorsque sur une