
On a encore avancé comme preuve que Macpherson
étoit. le seul au leur des poëmes d’Ossian
, une lettre de l’évêque de Drumore qui
a été insérée dans le journal intitulé Brilish
Critic, année 1809. Dans cette lettre, écrite
à un ami, ce respectable ecclésiastique affirme
avoir souvent entendu de la bouche
même de sir John Elliot, l’ami intime de
Macpherson, l’assûrance positive que toutes
les poésies publiées sous le nom d’Ossian,
étoient de la composition de ce littérateur,
fait que sir John Elliot attesfoit, non comme
le résultat d une seule conversation, mais
comme lui ayant été répété plusieurs fois
par Macpherson, pendant une intimité de
plusieurs années.
Tels sont les arguments de diverse nature
sur lesquels ont insisté les détracteurs de
l'authenticité d’Ossian. M. Laing, non content
de la masse d’objections qu’il avoit opposée
aux défenseurs des poëmes ossiani-
ques, est de nouveau rentré en lice en i8o5,
par la publication de l’ouvrage intitulé | Les.
Poëmes d’Ossian, contenant les oeuvres poétiques
en prose et en vers de Mr. J. Macpherson
, avec des notes et des éclaircissements
par M. Laing. Ce livre n’est qu’un
développement donné à la partie de ses arguments
par laquelle il prétend que Macpherson
a puisé dans divers auteurs les idées,
les expressions mêmes des poëmes qu’il attribue
à Ossian. Les poëmes sont le texte à
chaque phrase desquels M. Laing ajoute en
note une ou plusieurs citations d’auteurs,
connus. En lisant attentivement cet ouvragO e,r.
on ne tarde pas à s’apercevoir que hauteur
entraîné par son ardent désir d’arracher à
la Haute-Ecosse la gloire d’avoir produit de
belles poésies , et à Macpherson l’honneur
de les avoir fait connoître , a poussé trop
loin cette recherche des ressemblances, et
qu’il n’a pas su distinguer ces mouvements
de l’âme qui tiennent à la nature même de
l ’homme, et sé retrouvent dans des circonstances
semblables chez les peuples les
plus différents, d’avec les affections et les
sentiments plus raffinés qui caractérisent un
certain état de civilisation. Dans ce dernier
cas, s’il existe en effet des ressemblances-
frappantes entre Ossian, Milton, Virgile et
Homère, l’accusation de plagiat peut avoir
quelque force, mais elle n’en a aucune lorsqu’une
même situation amène le développe-*
ment naturel d’une même passion, et lors