
cidément contraire. Cette branche de revenu
quelque productive qu’ elle paraisse aujourd’hui
, est cependant précaire, puisque le
haut prix offert actuellement pour les pâturages
provient de la grande consommation
de viandes salées que font les troupes considérables
de terre et de mer que l’Angleterre
tient aujourd’hui à sa solde , et surtout
de la nécessité où sont les colonies britanniques
des deux mondes de s’approvisionner
dans la métropole de ce genre de denrées.
Une réduction un peu notable dans les forces
anglaises , l ’émancipation de quelque colonie,
ne manqueroit pas au bout de peu de
temps dé faire tomber la valeur des pâturages
à moutons ; que deviendroit alors le propriétaire
écossais avec ses terreins en
friche ? Il lui faudroit faire venir des fermiers
étrangers qui ne manqueroient pas
d’exiger des conditions onéreuses, puisque
aucun autre sentiment que celui du gain ne
pourroit les exciter à s’établir dans un p^rÿs
dont le sol est ingrat et le climat affreux.
Combien les propriétaires ne regret! ëroient-
ils pas alors d’avoir expulsé les habitans naturels
de ces contrées, que des avances bien
moins considérables auroienl suffi pour retenir
dans une patrie, objet de toutes leurs
affections ! Accoutumés à la rigueur de leur
climat natal, habitués à la fatigue et aux
privations, ils n’auroient pas exigé des conditions
à beaucoup près aussi défavorables
que les fermiers du midi de l’Ecosse ou de
l ’Angleterre, et auroient à moins de frais
rendu productifs des terreins d’une étendue
égale.
Lord Selkirk reproche , il est vrai, aux
montagnards écossais, de manquer de l ’activité
et de l’énergie nécessaires pour le travail
soutenu qu’exige l’agriculture, et d’avoir
conservé encore ce penchant à l’oisiveté et à
l’indolence qui régnoit chez eux lorsqu’ils
étoient entièrement sous la dépendance de
leurs Chefs. Il reproche aussi aux propriétaires
qui ont essayé de retenir leurs anciens
fermiers en leür allouant des terres à défricher
, d’avoir , par un mode vicieux de concession
, nui eux-mêmes au succès de leur entre
prise. Ainsi, dit-il, les baux accordés étoient
trop courts ; le fermier n’étant point dirigé
et ne recevant aucun secours pécuniaire,
ne peut cultiver avec profit qu’une fort petite
étendue de terrein et la perspective de
gain qui lui est offerte n ’est pas alors assez