
mains et des Calédoniens, idée que quelques
circonstances, telles que le nom de
Caracul, et l’épithète de roi du monde,
donnée par les poëmes gaëlics au/ chef des
ennemis de Fingal, sembloient en quelque
sorte justifier. Enfin , l’opinion qu’il avoit
que l ’Ecosse , et non l’Irlande, étoit la vraie
patrie des Fingaliens. Guidé comme il l’éloit
par ces croyances, il dut y conformer son
travail d’épuration, et en effet, si l’on examine
comparativement sa traduction et les
fragments originaux gaëlics, on se convaincra
que ses erreurs, ses contradictions, les
changements dans les noms de lieux et de
personnes, la soustraction de certains passages
qui eussent servi à combattre ses
idées, peuvent se rapporter naturellement
à 1 influence de pareilles opinions. A cet
égard Macpherson eut des torts sans doute;
mais les circonstances qui nous semblent
expliquer sa conduite, peuvent l’avoir entraîné
sans qu il admît lui-même le moindre
dessein de tromper les autres.
Mais , dira-t-on, pourquoi n’avoir pas
dès l’origine expliqué lui-même la manière
dont il avoit recueilli les poëmes, l’état dans
lequel il les avoit trouvés, et le travail auquel
il avoit dû nécessairement les soumettre
, comme l’ont fait depuis Kennedy
et Smith, q u i, à l’aide de poëmes bruts,
ont aussi recomposé des poëmes suivis ?
C’est encore un tort, mais dont il faut accuser
l’impétuosité bien connue de son caractère
, et cet amour-propre pointilleux à
l’excès, qui s’irrijoit de toute défiance et
de toute critique ; il faut en accuser aussi
l’âpreté avec laquelle il fu t , dès le premier
moment, attaqué par ses adversaires,
âpreté telle qu’elle changea une simple discussion
littéraire en une guerre acharnée,
où les personnalités, les imputations injurieuses
, prirent la place des arguments,
et qui fut sur le point de se terminer par
des voies de fait.
Enfin , il est probable que Macpherson,
voyant que tous ses efforts, et ceux de Blair,
pour rendre au vieux barde Ossian l’honneur
qui lui étoit légitimement d û , étoient
vains, et qu’on persistoit, tout en admirant
ces poëmes, à vouloir l ’en regarder
comme l ’auteur , il est probable , dis-je ,
qu’il ne put résister à un hommage qu’il
cherclioit en vain à repousser, et qu’il fut
à la fin tenté d’accepter cette gloire litté