
de leurs méditations , et ont réglé , par
des lois conçues après de profondes réflexions
, la forme , les dimensions de nos
divers instruments; ils en ont prescrit l ’u-
sase . et ils ont fait servir G * de base à tout
notre système métrique , la longueur et la
capacité du tuyau de bambou qui donne
la note fondamentale de notre musique, ( i )
Ecoutez nos philosophes eux-mêmes : Foii-
l i i , dit l’un d’eu x , inventa le k in , e t , au
moyen de cet instrument, il régla son propre
coeur , et renferma ses passions dans
de justes bornes ; il travailla ensuite à civiliser
les hommes , il les rendit capables
d’obéir aux lois, de faire des actions dignes
de récompense, et de cultiver en paix l’industrie
d’où naquirent les arts (2). Quand
je fais résonner les pierres sonores qui
composent mon king, disoit Kouei, l’Orphée
de la Chine, qui vivoit plus de mille
ans avant celui de la Thrace, les animaux
viennent se ranger autour de moi, et tressaillent
d’aise. L ’ancienne musique , dit un
(1) V o j e z Mémoires sur l ’histoire des Chinois
tome 6 , p. 19, 4 6 , 5 3 , etc.
(2) Ibid. p. 54.
autre, pourvoit faire descendre du ciel sur
la terre les esprits supérieurs, évoquer les
ombres des ancêtres, etc. ; elle inspiroit
aux hommes l’amour de la vertu, et les
portoit à la pratique de leurs devoirs. Veut-
on savoir si un royaume est bien gouverné,
si les moeurs de ceux qui l’habitent sont
bonnes 0« mauvaises, qu’on examine le
genre de musique qui y est en usage. Enfin,
le savant Confucius, disent les historiens
de sa v ie , ayant entendu un morceau de
la musique de Kouei, pendant plus de trois
mois il ne lui fut pas possible de penser à
autre chose ; les mets les plus exquis et le
plus délicatement apprêtés, ne furent pas
capables de réveiller son goût, ni d’exciter
son appétit ( 1 ) .
Les sauvages hahitans des îles et des
montagnes de l’Ecosse sont loin d’avoir sur
leur musique des opinions aussi relevées
que les graves docteurs de la Chine. Si les
idées symboliques et mystiques que ceux-ci
attachent à tout ce qui a rapport à cet
a r t, ont existé jadis chez les Bardes, c ’est
ce qu’on ignore; mais il est de fait qu’au