
gissoit de joindre par un canal le Loch
Ness à la mer, car la rivière qui auroit
paru devoir servir à cette communication
n est pas assez profonde pour admettre des
vaisseaux, Un autre canal devoit joindre
Loch Ness à Loch Oich, un troisième Loch
Oich à Loch Lochy, enfin un quatrième
devoit unir ce dernier lac à l’Océan; aucun
rocher ne se présentoit comme obstacle
insurmontable, il n’y avoit guères à travailler
que dans des collines de sable et
de gravier.
Le gouvernement anglais ° & avoit été enOg aDgé
à entreprendre ce grand ouvrage, par deux
motifs d’utilité si évidente et si nationale,que le
nom de canal Calédonien, donné à cette suite
de canaux, devoit indiquer son importance;
Le premier de ces motifs éloit d ’éviter aux
vaisseaux qui se dirigent de la Baltique
et du nord de l’Europe vers l’Irlande et les
côtes occidentales de la Grande-Bretagne,
le passage dangereux du Pentland Firth,
bras de mer qui sépare les îles Orcades
du reste de l’Ecosse. Ce détroit affreux,
rempli de rescifs,r dans lequel la marée parcourt
plus de trois lieues par heure, a été
de tout temps le tombeau de bien des braves
matelots, et le gouffre dans lequel se
sont engloutis une multitude de navires.
Les saisons de l’automne et de l ’hiver y
sont particulièrement orageuses, et de peur
de s’engager dans les îles Orcades, Schelland
et Ferroë, qui présentent encore plus de
dangers s’il est possible, les flottes venant
de Norvège, de Danemarck ou de Russie,
sont obligées de passer ce détroit où périt
annuellement un grand nombre de leurs
vaisseaux. S ils parviennent à le franchir
ce n ’est que pour retomber ensuite au
milieu de l ’Archipel orageux des Hébrides.
On sentira aisément combien il importoit
d’éviter aux vaisseaux de semblables parages
, si l’on se figure ce que doit être une
telle navigation dans les terribles tempêtes
de l’hiver, au milieu des plus épais brouillards
et d’une nuit presque continuelle, lorsque
, même dans des mers les moins dangereuses
, les bâtimens sont souvent dispersés
et brisés par les orages.
Une seconde considération non moins
importante , militoil encore en faveur
d’une prompte exécution du projet. Il s’a-
gissoit d’arrêter l ’émigration toujours croissante
des montagnards, en proçurant de