
monstrations de joie. L’arrivée d’un Clanj
ranald etoit pour ces pauvres gens une véritable
fête nationale. La fierté britannique
de nos compagnons de voyage anglais parut
un peu révoltée de ces démonstrations
qui sembloient rabaisser la dignité >de
1 homme. Quant à moi je ne pus y voir
que le témoignage vif, touchant et naturel
d’un sincère attachement pour une famille
qui de temps immémorial protégeoit et
rendoit heureux les' habitans de ces contrées;
ce respect, cette considération dont
les Seigneurs écossais jouissoient jadis au
milieu de leurs vassaux, tenoit moins à
un sentiment servile et intéressé, qu’à cette
profonde admiration, à cet entier dévoû-
ment pour le chef de leur clan, que les
parents avoient soin d’inspirer à leurs enfants
dès leur plus tendre jeunesse. D’ailleurs
dans ce cas c i , que pouvoit faire pour
les habitans de South-Uist un cadet de fam
ille, tout-à-fait étranger aux domaines
de son frère, et qui traversoit rapidement
ces lieux pour n’y jamais revenir peut-
être.
On nous fit remarquer de la route, deux
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anciens châteaux des Clanranalds, dont l’un
s’élève au milieu d ’une petite île. Nous
vîmes aussi sur le rivage plusieurs des habitans
, occupés à brûler des plantes marines
afin d’en tirer l’alcali. Pour cet effet
ils construisent en terre, un bassin qParré
dont les murs s’élèvent à trois pieds environ
au - dessus du sol, c’est dans ce
bassin que s opère la combustion ; lorsqu’elle
est terminée on abat la construction
en terre, et l’on trouve dans le fond
un grand gateau d’une soude impure et
mélangée de cendre et de terre. Les plantes
marines croissent en telle abondance
sur les rivages de Long Island que, si l ’on
en croit les gens du pays, Clanranaid retire
annuellement des ses îles de South-
Uist et de Benbecula, 20,000 livres ster-
lings par la vente de la soude qui s’y fabrique.
La tonne de soude avant d’être
purifiée se vend cinq livres sterlings.
Nous traversâmes dans un canot de pêche
le petit détroit qui sépare South-Uist de
Benbecula, et après avoir abordé sur cette
dernière île, qui ressemble en tout à celle
que nous venions de parcourir, nous