
Rappelions-nous qu’avant l’abolition du
régime des Clans, l’intérêt du propriétaire
de terres étoit de concentrer dans son domaine
le plus grand nombre possible
d’hommes en état de porter les armes ; il
étoit arrivé de là. que la population n etoit
plus en rapport avec le produit du so l, et
que le terrein avoit été divisé en un nombre
très-considérable de petites fermes, sur chacune
desquelles vivoit ou plutôt étoit censée
vivre une famille entière, Ordinairement le
propriétaire s’étoit réservé une partie de
son domaine où il plaçoit les gens de sa
suite, ses domestiques , et tous ceux qui
étoient plus particulièrement attachés à sa
personne. Quelques vassaux ne payoïent
aucune redevance pour leur ferme, d autres
payoienl leur bail partie en argent, partie
en service personnel, ou en corvées au
profit du propriétaire. Les portions de son
domaine que le Chef ne géroit pas lui-
même, étoient concédées par lui à un
petit nombre des principaux membres de la
tribu, ses plus proches parents, lesquels
étoient désignés sous le nom de Tacksmen;
ceux-ci divisoient encore les terres entre les
petits tenanciers (small tenants) ou les ou-
( )
vriers ([cotters). Les fermes que ces derniers
occupoient étoient très-peu considérables ;
ils ne pavoient aucune redevance en argent
mais ils travailloient pour les tacksmen et
étoient leurs domestiques.
Lorsque les Chefs, privés de leur autorité
sur leur tribu , et n’étant plus de petits
princes indépendants, Virent qu’une si grande
population année leur étoit devenue inutile et
neleur attiroit plus comme autrefois cette considération
et ce pouvoir, objet de leur ambition
,' ils sentirent la nécessité de maintenir
leur rang et leur crédit par des moyens diffé-*
rents, et celui qui étoit le plus à leur portée
étoit d’employer ces mêmes terres à l’àüg-
mentation de leur fortune. Il fallut pour cet
effet en augmenter le revenu, et retirer de
leur sol un plus grand produit pécuniaire.
Le système d’administration des domaines,
suivi jusqu’alors dans les Highlands, étoit le
moins propre de tous à procurer ces avantages.
Le prix des fermes avoit été constamment
tenu extrêmement bas, et le produit
entier du sol étoit consommé sur le sol même
pour nourrir toute cette population inutile à
l ’agriculture. Une restoit donc aucun superflu
dont on pût disposer dans un marché. Il