
excepté lorsque cet adjectif est eiftployé
métaphoriquement. Ainsi fear m o r , un
homme grand, et mor fh e a t , un grand
homme , ont en gaëlic la même différence
qu’en français.
On peut regarder le gaëlic comme une
langue à inversion, puisque le verbe précède
toujours le nominatif ou le pronom personnel
qui le représente. On dit ta mi, suis-je,
pour je suis, et tubhairt D ia , dit Dieu,
pour Dieu dit. La même construction se
retrouve dans l’hébreu. On voit quelquefois
dans le gaëlic , le nominatif séparé de son
verbe par des phrases incidentes, et placé
à la fin d’une période.
Rugadh dhuinne , an diugh , ann arrt
baile Dhaibhi ; an Sïanuighear. Est né à
nous , aujourd’hui, dans la ville de David,
le Sauveur.
Ce n’est qüe dans le langage poétique
qu’on voit le nominatif précéder le verbe.
Lin autre rapport avec l’hébreu se trouve
dans la règle qui défend de joindre un article
à chacun des deux noms dont l ’nn est
régi au génitif par l ’autre ; ainsi, pour dire
le fils du r o i, on dit : mac an righ , et non
a/n mac an rtgh. Quelquefois G V A l’article est
joint au premier nom, mais dans ce cas là les
deux noms forment un termé composé an
ceann tighe, le chef de la famille.
Le gaëlic admet une foule de termes composés
, ce qui donne à ce langage une brièveté
, une énergie et une précision remarquables
; les substantifs, les adjectifs, les
verbes , pouvant être joints les uns aux autres,
et ne former qu’un seul mot. Il y
existe en outre, plus que dans d’autres langues,
des particules inséparables, qui, mises
avant un substantif ou un adjectif, en modifient,
et même en changent complètement
le sens. Ceux qui seroient curieux de con-
noître la richesse de la langue gaélique à
cet égard, pourront consulter l ’excellente
grammaire de M.r Stewart ( i ) , ouvrage
plein d’érudition et de vues nouvelles sur la
formation des langues ; j ’y ai puisé une
grande partie des observations qui précèdent
, et particulièrement les rapprochements
avec l’hébreu , langue dont l’auteur
(1) Eléments o f galic grammar by Alexander
Stewart, Edinburgh 1801, La grammaire de Shaw,
la première qui ait été publiée sur cette langue, est
fort imparfaite, et ne peut donner aucune idée justç
de la structure ni même de l ’orthographe du gaëlic.
Tom. I I I , 21