I m BERCÔURT ( d’ ) . Le brave d’Imbercourt,
tué à la bataille de Marignan le i4feptembre i y i j >
étoit petit-fils de ce brave, fidèle 8c malheureux
d’ Imbercourt ( voye%, dans ce volume , l'article
Hugonet ) à qui les Gantois rebelles avoient fait
trancher la tete à la vue de Marie de Bourgogne
qui demandoit fa grâce , en criant qu’ il mouroit
pour Lavoir trop bien fervie. Le petit-fils eut pour
les rois de France le même attacheraient que fes
ancêtres avoient eu pour la M aifonde Bourgogne. 11 fervit utilement Louis XII dans les guerres..
d’ Italie. Il joua un rôle diftingué fous François I ,
à l ’expédition de Viilefranche 3 qui précéda 8c
prépara la viétoire de Marignan 3 8c où Profper
Colonne 3 réputé le plus grand général de l’E.u-
rope 3 fut furpris à table 3 à midi a fans aucune
intelligence dans la ville 3 par la feule a&ivité des
Français. D’Imbercourt conduilpit l’avant-garde
de ce détachement3 oui arriva ainiî à midi à la vue
de Viilefranche, tandis qu’onçroyoit les Français
de l’autre côté des Alpes , 8c fans aucun moyen
pour les franchir. La fécurité avoir produit la négligence
dans Viilefranche j les poftes étoient
abandonnés, les foldats difperfés, les portes ouvertes.
Cependant l’ennemi eft fous les murs : on
le v o it , on l’entend, on ne le peut croire , & on
ne peut en douter ; ils ont donc volé pur-dejfus les
montagnes, s’ écrioient les Italiens : on cotirt en
tumulte aux portes, £c on s’empreffe pour les fermer
: il n’eft plus tems. Deux gendarmes de la
compagnie de d’ Imbercourt, Hallençpurt, gentilhomme
picard, & Beauvais, gentilhomme normand,
pouffent leurs chevaux contre une des
portes avec tant de violence , q ue, du cho.c, Hal-
Jencourt eft précipité dans le foffé j mais l’intrépide
Beauvais paffe fa lance à travers la porte, l’y
loutient avec vigueur, donne le tems à d’Imber-
çourt & à fa troupe de l’appuyer. La porte eft enfoncée
: d’ Imbercourt, quoique blefte au vifage,
combat toujours : le maréchal de Çhabannes arrive,
les Français entrent tous enfepible dans la ville.
P ’ Imbercourt n’étoitpas moins infatigable que
vaillant, il s’étoit ep durci de bonne heure à toutes
le s injures de l’air , furtout à la chaleur ; il pre-
noit plaifir à faire fes eourfes 8c fes expéditions à
Ja plus grande ardeur du foleil, 8c la fraîcheur de
M. d’Imbercçurt avoit paffé en proverbe de fon
Items, comme a fait depuis la fraîcheur de M. de
Kendo me.
D’imbercourt avoit un foible bien fingulierdans
un homme d’un fi grand courage. A l’approche
du péril, l’ardeur dont il étoit animé, failbit tou«
jours fur lui l’impreftion que la crainte fait quelquefois
furies lâches, h n’appartient qu’ à la naïveté
de Brantôme de s’expliquer d’avantage. « Ce brave
»> chevalier, dit-il, avoit une complexioQjen lui,*
» que toutes les fois qu’il vouloit venir au combat,
» il falloir qu’il allât à fes affaires, 8c defcendft
« de cheval pour les faire, 8c ~pour ce , portoit
» ordinairement des chauffes à la martin-galle ,
» autrement à pont-levis, aipfi que j’en ai vu au-r
» trefiois porter aux foldats efpagnols, afin qu’en
>» marchant ils euffent plus tôt fait, fans.s’amufer
tant .à défaite leurs aiguilletes 8c s’attacher j
« car en un rien cela étoit fait. De dire que le
H proverbe eût lieu à l’endroit de M. d'Imbet-
» court, qui dit, U Je concilie de peur, .ce. feroft
mal parler, 8c l’adapter très-fauffement à luis
« car c’étoit Lun des plus va.illans & hardis du
» royaume, 8caprès ou’il avoir été là, 8c avoit le
» cul fur la feile, il combattoit comme un lion. ?»
Ce témoignage que Brantôme rend à d’ Imbercourt,
lui avoitété rendu par François I lui-même,
8c ç’eft d’après ce jufte eftimateur du mérite que
parle .Brantôme.
A la bataille de Marignan le connétable de Bo urbon,
le maréchal de CJoabann.es , d’Imbercourt,
Téügay, Créquy de Pontdormy, s’acharnèrent
long-terns avec leurs compagnies'de gendarmes ,
à entamer un gros bataillon fuiffe qui répouffoit
toutes leurs attaques } iis revinrent plus ae vingt
fois à la charge j ils ép.uifèrent toutes les reffources
de la valeur 5 ils furent enfin rejetés fur 1 infanterie
, & près d’être accablés : ce Fut Je Roi qui
les dégagea, mais d’Imbercourt y pérk, & ce
fut lui qui laiffales regrets les plus fincères à l’armée
j il avoit beaucoup ajouté, furtout dans cette
journée de Marignan , à la gloire du nom illuftte
&intéreffantqu’il portoit. Ses compagnons, défo-
lés, lui érigèrent un tombeau fur le champ de bataille,
avec .cette infeription : Uoi honos partus,
ibi tumulus er émus. François I , dans la lettre qu’il
écrivit à la ducheife d’Angoulême fa mère au fujet
de cette bataille, & qui en contient la relation,
lui dit : II n’eft mort de gens de renom qu’Im-
i >» hexcourt, & Buffy , qui eft à l’extrémité, & eft
» grand dommage de. ces deux perfonnages. »
ISABELLE D’ANGOULÉME. ( H iß. ,de Fr. ù
d‘Anglet. ) JeanSans-Terre, roi d’Angleterre, aufti
imprudent que vicieux, avoit répudié fans raifon
Hayoifefa femme, héritière de Çlocefter , & avoit
enleyé Ifabelle d’Angoulême au comte de la
Marche, Hugues de Lufignan, qui l’aimoit éper-
duement & qui l’avoit fiancée. Le comte de la
Marche , pour s’en venger, fomenta la révolte de
la Guyenne , qui appartenoit alors aux rois d’An-
I >gleterre , & un frère de ce furieux ennemi, poffédant
1 S A
Fedant le comté d’Eu, cherchoit à exciter les
mêmes troubles dans la Normandie. Ifabelle d'An-
goulême fut mère de Henri III. Hugues de Lufignan
, qui 1 aimoit toujours, l’époufa enfin après
lamortde Jean Sans-Terre, en 1217. Cette femme
cherchoit à mettre la France en feu pour fervir
Henri III fon fils, ennemi de cette couronneî
elle entraîna fon nouveau mari dans une ligue
contre la France pendant la minorité de faint
Louis. Lorfque dans la fuite faint Louis donna au
prince Alphonfe fon frère les comtés de Poitou
<U d’Auvergne, il fallut que les vaffaux de ces
comtés rendiffent hommage au nouveau comte.
Du nombre de ces vafiàux étoit Hugues de Lufignan
; il rendit hommage au prince Alphonfe : fa
femme l'obligea de révoquer cet hommage avec
éclat. Elle prétendoit que ie titre de Reine qu’elle
confervoit, devoit la difpenfer detoutefoumifiiôn
envers un limple comte, & que la faveur de ce
titre facré devoit s’étendre jufques fur fon mari.
D’ailleurs, cette femme, qui avoit vu dépouiller
du comté de Poitou & de tant de provinces fra«,-
çaifes le roi Jean Sans-Terre fon mari, 8e Henri ill
fon fils, ne reconnoifloit pour comtçs de Poitou,
ni le prince Alphonfe, ni faint Louis , & c’étoit
à Henri III fon fils qu’elle eût'voulu réferver
fon hommage. Louis marcha contr’elle & contre
fon mari, & ceux-ci appelèrent à leur Hé Cours :
le roi d’Angleterre , en l’invitant à reprendre le
Poitou. Henri, après avoir arraché de l’argent-
comme il put de fes fujets opprimés &: mécontens,
defeendit à Royan. La comteflè de la Marche
l’attendoit dans le port, & lui dit en l’embraf-
lant : ce Beau chier fils , vous êtes de bonne nature ,
» qui ven'e^fecourir votre m'ere & vos frères que les
» fils de Blanche d’ Efpagne veulent trop malement dé-
>9 fouler 6* tenir fous, fes pieds. >» Tandis qu’elle ac-~
eufoit faint Louis de vouloir l’opprimer, elle fut
convaincue d’avoir voulu l’empoifonner. On arrêta
dans les cuifines même du roi de France
des émiffaires-de la comteffe de la Marche, prêts
à répandre fur les viandes un poifon dont cette
furie les avoit chargés, & qu’elle avoit pris plaifir
à compofer elle-même. Ces fcélérats furent
pendus après avoir révélé toutes les circonftances
de ce crime.
La Saintonge fut le théâtre de la guerre. Ce fut
alors ( en 1242 ) que fe livrèrent ces fameufes
batailles de Taillebourg 8c de Saintes, où faint
Louis, combattant deux jours de fuite avec une
valeur égale à celle des héros qui n’ont été célèbres
que par la valeur, 8c s’expofant aux mêmes
dangers qu’avoit courus Philippe-Augufte fon aïeul
à la bataille de Bovines, écrafa le roi d’Angleterre,
le comte de la Marche 8c tous les rebelles du
Poitou. Cette fière & violénte comteffe de la
Marche, qui s’indignoit de la vaine cérémonie
d’un hommage, 8c qui fe permettoit la honte de
l’empoifonnement j qui ofoit être jaloufe de la
reine Blanche , 8c qui n’ofoit l’imiter, vint tom-
Hifioire. f r ome K l . Suppléaient.
ber* avec tout fon orgueil aux pieds de ce Roi
qu’elle avoit entouré de meurtriers 8c d’empoi-
lonneurs, 8c qu’elle avoit forcé d’oppofer à fes
poignards ou a fes poifons la précaution d’une
garde, peu faite alors pour un Roi fi aimé j elle
implora fa clémence , 8c ellè l’éprouva ainfi que
fon mari. Le Roi, qui pouvoir les punir, fe contentai
de les réprimer } il leur ôta les moyens de
troubler la paix ; il garda les places qui auroient pu
les rendre redoutables, 8e leur laiffa les terres.
ITALÜS, ( Hift. german. ) , neveu d’Arminius ,
fils de ce Flavius fon frère, qui avoit perdu, dans
les combats, un oeil au fervice des Romains. ( V o y e j3
dans ce volume, à l’article Arminius3 l’entrevue 8c
l'entretien de ce Prince ennemi des Romains, avec
Flavius leur ami). Ce Peuple - Roi n’avoit guère
pour amis que des efclaves, car il exigeoit toujours
des Princes 8c des peuples alliés, pour gage
d’une fidélité inviolable, les otages les plus précieux.
Il falloit prefque toujours que les Princes
qui _Çoifienï#ient de fe mettre fous leur protection,
e*woyafiéat leurs enfans à Rome, pour y être élevés
dans Jês maximes 8c , s’il fe pouvoit, dans
Lamo.ur dejU°me. L’objet de cette éducation étoit
fowvent naàhqué, Ces Princes rapportoient quelquefois
de R®me une haine pour les Romains, d’autant
plus forte , que tous leurs fentimens avoient
été contraints. D’autres, portés à Rome dès la plus
: tendre*enfonce, fubiffoient le joug avec plus de-
'docilité, 8c n’en étoient fouvent que plus odieux
à leurs concitoyens lorfqu’ils revenoient régner
fur eux par le choix ou par la permiffon des Romains.
Ce fut à Rome qu’Arminius apprit à dé-
tefter le joug de Rome, 8c ce fentiment le rendit
cher 8c refpeêtable à fes peuples. L’efprit de ce
Prince les animoit encore après fa mort. Cependant
la nation des Chérufques, fur laquelle il a’roit
régné, fe partageoit entre la faêlion romaine 8c le
parti de là liberté. Ils avoient perdu tous leurs
Princes 8c chefs dans les guerres civiles ; il ne
reftoit plus que cet Italus élevé à Rome : tous les
voeux 8c tous les partis fe réunirent en fa faveur.
Les uns le demandoient comme neveu d’Arminius j
les autres comme fils de Flavius , comme élevé ,
comme né même à Rome, d’où lui venoit fans
doute ce nom Ültalus. Les Romains l’envoyèrent
en Germanie, dans tout l’appareil d’un Roi qu’ils
aimoient, 8c lur l’affeétion 8c la fidélité duquel ils
comptoient. Ce nouveau Roi plut d’abord aux
Chérufques, par la bonne mine qui le diftinguoit
avantageufement j il dut leur plaire davantage par
la juftice , la douceur 8c‘la fageffe de fon admi-
niftration j il ne parut adopter aucun parti, 8c il
les ménagea tous. Réglé dans fes moeurs, iln’étoit
ue trop indulgent peut-être pour les déréglemens
e fes fujets ; mais l’efprit dominant de la Germanie,
l’efprit d’Arminius , l’amour de la liberté ,
étoient toujours contraires aux Romains 8c à un
Roi donné par eux. Ceux d’entre les Chérufques,
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