
avec diftinélion, en Flandre, en Bavière & dans
d autres contrées de l'Allemagne, èn Piémont &
dans d’autres contrées de l’Italie , & qui reçut un
grand nombre de bleifures. •
Guichard, frere ainé de Guy , fut père de Guillaume
de Ganay , confeiller du,duc de Bourgogne
& fon avocat à Paris. C ’ étoit un de ces hommes
de mérite que Louis XI étoit toujours fi emprefie
•& fi adroit a enlever au duc de Bourgogne fon
rival j premierement pour l’en priver y enfuite pour
s enrichir des pertes de ce même rival. Louis XI,
à fon avènement, le fit avocat du R o i, c’ eft-à-dire,
avocat-général au parlement de Paris, charge qu’il
exerça jufqu’à fa mort, arrivée, comme celle de
Louis XI , en 1483.
Il fat père du chancelier Jean de Ganay. Celui-ci
avoit été reçu confeiller en la cour des aides le
30 octobre 148 1, & quatrième préfident au parlement
de Paris le 27 juin 1490. Il accompagna
le îoi Charles VIJI en 1494 & 149 y à la conquête
du royaume de Naples, & fut nommé chancelier
de ce royaume. Louis X I I , en 150y , le nomma
premier préfident du parlement de Paris j il l’étoit
iorfqu'il fonda & fit bâtir dans l’églife dé Saint-
Médéricou Merry une chapelle où l’on voit encore
( en 1788 ) fon nom en lettres d’ o r , au bas d un
ancien tableau en mofaïque qu’il avoit rapporté
de fon voyage d’italie. En voicil’infcription : Do-
minus Joannes de Ganay, prsfedens Parifienfis pri-
mus, adduxit de Italiâ Parifium hoc opus mofaicum.
Le même LouisXIl le nomma chancelier de France
le 31 janvier .1507. Jean de Ganay mourut à Blois
•en iy 12.
Un de fes frères, nommé Germain, confeiller-
clerc au parlement de Paris en 148y , fut fait
évêque de Cahors en iyocj, d’Orléans en 1 y 14
& mourut le 8 mars 1 y20.
GANNASCUS ( Hiß. rom. & germaniq. ) , jeune
R o i , chef ou feigneur germain, de la nation des
Caninefates, qui eut l’honneur de fe mefurer avec
Corbulon , & dont la défaite commença la haute
réputation de ce général romain. Quoique les Ca-
ninefates fuffent un peuple germain d’origine, les
terres qu’ ils occupoient, étoient renfermées dans
les bornes de l’Empire romain ; ils étoient donc
réputés fujets de l’ Empire, & d’ailleurs Gannafcus
avoitlong-tems fervi dans les armées romaines ; il
n’enaimoitpas mieux cés fiers dominateurs, & lorf-
qu’il crut avoir appris d’eux les moyens de les vaincre,
il revint combattre pour la liberté germanique.
La nation des Çauces fe mit à faire des courfes fous
fa conduite. Gannafcus, avec des barques légères,
exerçoit uneefpèce de^piraterie fur les côtes de la
Gaule belgique, contrée riche, mais fans défenfe.
Corbulon accourut, fit defcendre fes galères lé
.long du Rhin, attaqua les barques de Gannafcus,
en coula un grand nombre à fond, & réduifit Gannafcus
à s’écarter. C ’ eft la première fo is , à ce qu’il
paroît, que les peuples de la Germanie fe foient ,
hafardés à faire la guerre par mer aux Romains,
&: c’ eft encore ce qui donne une forte d’éclat à
cette expédition de Gannafcus. Ce qui contribue
encore à tirer fon nom de la foule obfcure des
guerriers, c ’eft l’honneur que lui firent les Romains
de le pourfuivre avec cet acharnement qu’ils
n’avoientque contre les ennemis qu’ ils craignaient.
Corbulon s’attacha bien plus à le perdre quà terminer
la guerre dans ce pays-là 5- il ne cefla de lui
drefler des embûches , jufqu’ à ce qu’enfin il l’y
eût fait tomber. Gannafcus fut pris : on s’en défit
auflitôt, & je vois , dit Mézeray, que ce fut par
une aétion bien vilaine, puifque Tacite femble
avouer qu’ on crut tout moyen honnête pour châtier
ce perfide. Voici les termes de Tacite : Mijjis
qui Gannafcum dolo apgreder e rieur. Nec irrit s aux dégénérés
infidis fuêre adversiis transfugam & violatorem
fidei. Sed cs.de ejus mots chaucorum mentes , &c.
La valeur de Gannafcus & fes entreprifes hardies
avoient infpiré de l’intérêt à la nation des Cauees 5
elle reprit les armes pour le venger, & Corbulon,
qui , .délivré de cet ennemi feul capable de l’inquiéter
, ne, voyoit plus pour lui que des lauriers
faciles àmoifionner, n’étoit pas fâché de ces mou-
vemens ; il attifoit le feu plutôt que de l’éteindre ;
:c mais le confeil de Claudius ne trouva pas bon
35 qu’il acquît trop d’autorité furies troupes, fous
33 un Prince fi fainéant. Il reçut ordre de repaflfer
33J e Rhin & de retirer les garnifons qü’il avoit
» au-delà. « Il obéit fans délai,-non fans regret.
Cet ordre qu’il dételle, il va l’exécuter.
Au refte ce même ordre qu’ on lui donnoit par
un de ces motifs de baffefle/& d’envie , fi communs
dans les cours des Princes, tels que Claude,
. ( La cour de Claudius, en efclaves fertile )
auroit pu être le produit des vues les plus fages
Sc les plus juftes, fi un efprit de modération eût
infpire à l ’empereur Claude le delfein d’ abandonner
les conquêtes d’ au-delà du Rhin, & de donner
ce fleuve pour borne invariable à l’Empire.
GELEEN. ( Vôye^ Je Av ( de ) dans ce volume.)
GÉRONCE. ( Hijt.rom.) Vers l’an 408 d e l’ëre
chrétienne, fous l’ empire d’Honorius, quelque
tems après la mort d’Arcadius fon frère, vers le
tems auffi de. celle de Stilicon & du débordement
d’AIaric & des autres Barbares fur les terres de
l’Empire, un tyran nommé Conftantin , profitant
de ces troubles^ avoit ufurpé l ’Empire fur Théo-
dofe le jeune, fils d’Arcadius, & qui n’ étoit alors
âgé que de fix ans» il ne fe propofoit rien moins
que de détrôner auffi Honorius. Gérorice, un des
grands capitaines de ce tems, fe déclara d’abord
pour Conftantin, & donna une grande force à ce
parti. Géronce lui amena la fleur de la jeunefle
britannique, qui lui fat très-utile. En reconnoiffance
fance de ce fervice , il fut fait grand-maître de la
milice, & par-là devint plus utile encore. C e fut
par fon fecours & p a r celui d’Apollinaire (A p o l- j
linaris), aïeul de Sidonius Apollinaris, évêque de
Clermont, & tige de la Maifon de Polignac, que
Conftantin réduifit en 408 les Efpagnes fous fon
obéiflance. C e fut par le fecours de ces deux capitaines,
& furtout du premier, que Conftans,fiIs
de Conftantin, fat reconnu pour Céfar par les légions
qui fervoient dans le pays. Par leur fecours
encore, ce Prince, Conftans, fit prifonniers Dy-
dyme & Vérenian, deux jeunes feigneurs de la
race de Théodofe , proches parens d’Arcadius &
d’Honorius, & qui, à ce t itre , s’étoient armés
pour les intérêts de leur Maifon. Après ces fuccès
le prince Conftans alla rejoindre Conftantin fon
père, qui faifoit fon féjour dans la ville d’A r le s ,
d’où il donnoit la main tout à la fois à-l’Italie, à
la Gaule & à l'Efpagne. Géronce refta chargé
du gouvernement de cette dernière contrée, qui
étoit pour lui comme un petit Empire particulier
dans le grand Empire qu’il afluroit à Conftantin.
Les affaires relièrent en cet état jufqu’en 4 1 1 . Alors
Conftantin, jaloux ou inquiet peut-être de cette
vice-royauté fi confiante & de cette autorité fi
pleine que Géronce exerçoit dans fon gouvernement
, crut devoir y renvoyer le prince Conftans
avec des troupes nombreufes dont il donna le commandement,
fous ce Prince, à un capitaine nommé
Jufte. Géronce,mécontent fans doute de l’arrivée
du Prince , dont la préfence bornoit naturellement
fon autorité, feignit de ne l ’être que de ce commandement,
donné à Jufte fous les ordres du
Prince j il prétendit qu’on ne pouvoit, fans lui faire
une injure, confier ce commandement à un autre
qu’à lui. Il étoit fier, fenfible, ambitieux > il regrettait
le pouvoir auquel il s'étoit accoutumé j
il n’avoit afLire après tout qu’à un ufurpateur dont
il avoit lui-même établi ou affermi l’Empire ; il
réfolut de devenir ufurpateur à fon tour > il gagna
la faveur dès troupes en leur permettant le pillage}
il appela les Barbares j -il excita les Vandales à
rompre la trêve qu’ ils avoient conclue avec i’EmÎ
>ire. C e furent en partie fès intrigues qui livrèrent
a Gaule furtout à ce déluge de maux que Sal-
vien, prêtre de Marfeille, cet autre Jérémie, a fi
éloquemment déplorés. Conftantinfetrouvant hors
d’état de réfifter à la fois à tant d’ennemis, de
combattre tout enfemble, & les légitimes Empereurs
& les tyrans tels que lu i, de contenir les
Barbares & de foumettre les guerriers, tels que
Géronce prit le parti de traiter avec tous, ■ & d’accorder
beaucoup à chacun pourconferver quelque
chofe. Un traite partagea l’Empire entre Honorius
& lui \ il abandonna aux Barbares certaines
provinces, à condition que les autres feroient ref-
peétées. Géronce ne fut pas celui qu’il s’empreffa
le moins de fatisfaire j il lui abandonna en entier
ce gouvernement des Efpagnes que Géronce pa-
roiffoit avoir tant à coeur, avec le commandement
Hiftoire. Tome V'I. Supplément.
abfolu des armées ; il éloigna Jufte de l’Efpagne ,
& le retint dans la G aule, pour qu’ il ne fit plus
d’ombrage à Géronce. Mais comme il eft difficile
à des ambitieux de faire un accommodement durable,
Conftantin & Géronce fe brouillèrent de
nouveau. Le premier, ne voyant toujours dans le
fécond qu’un fujet rebelle, entreprit de le réduire
entièrement. 11 fit marcher contre lui Conftans fon
fils, qui venoit pour la troifième fois commander
enEfpagne. Géronce, fort du fecours des peuples
barbares, ne l ’attendit pas \ il part de Terragone ,
pénètre dans la Gaule, s’avance au devant de
Conftans, l’affiége dans Vienne, le prend, le fait
mourir. On ne fait pourquoi Géronce ne crut pas
devoir prendre le titre d’Empereur, & aima mieux
le donner à un de fes domeftiques ou de fes cliens,
nommé Maximus , qü’il ne prenoit pas même la
peine de traîner à l’armée à fa fuite , & dont il ne
droit d’autre parti que de le charger de ce vain titre
d’Empereur. Q uoiqu’il en foit, Géronce, apiès
avoir opprimé le fils, alloit accabler le père ; il
affiégeoit déjà Conftantin dans Arles fa capitale ,
lorfqu’on vit arriver , non pas au fecours de C on s tantin
, mais à la rencontre de Géronce, un guerrier
habile & illuftre qui venoit les combattre
tous deux : c’ étoit le comte Conftantius , grande
maître de la milice d’Honorius, & digne de fervir
un autre maître. A fon approche Géronce prit la
fuite, la plus grande partie de fes troupes l’ayant
uitté pour Conftantius, attirées par la réputation
e ce général. Celui-ci, en effet, parvint a triompher
des deux tyrans ennemis. Ayant chafte Géronce
, ce fut lui qui continua le fiége d’Arles que
Géronce avoit commencé. Bientôt Conftantin crut
n’avoir plus d’autre moyen de fauver fa vie que
de renoncer à l’Empire j il fe dépouilla lui-même
des ornemens impériaux, & fe fit ordonner prêtre
par l’évêque d’Arles : on ouvrit alors les portes à
Conftantius, fur la promeffe que la vie ae-Çonfi-
tantin & de fon fécond fils feroit refpeétée > ils furent
envoyés tous les deux à Honorius , qui les fit af-
faffiner fur la route : leurs têtes furent apportées
fur des lances à Ravenne.
. Géronce mourut d’une manière plus généreufe
& plus conforme à fon grand courage. Retiré en
Efpagne 3 quelques troupes qui lui étoient reftées^
fans être plus fidelles que celles qui l’avoient abandonné
devant Arles pour le générai Conftantius ,
commencèrent à penfer qu’elles pourroient1 faire
leur paix à fes dépens, & mériter leur grâce par fa
mort; en conféquence elles vinrent 1 inveftir dans
fa maifon. Géronce, quoiqu’il n’eût avec lui qu’un
foldat, Alain, & quelques domeftiques, fit une défenfe
auffi b elle, auffi hardie, & bien moins téméraire
, yu les circonftances, que celle de Charles
XII à Varnitza. Il parvint à tuer à coups de
flèche jufqu’à trois cents de ces traîtres qui l’af-
fiégeoient ; enfin, forcé de céder au nombre , il
vint à bout de fauver fes domeftiques, & il eût pu
fe fauver avec eux s’il eût pu confentir à laiffer