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celier d’Ecoffe, fut toujours fidèle à Charles I &
à Charles II fon fils, & fouffrit beaucoup pour leur
caufe , ainfi que Jacques Campbell lord Machline
fon fils, lis vécurent errâns & tnilérables dans les
montagnes de l'Ecdffe feptentrionale : le fils mourut
en 1683.
CAMPÉG E , G AMPÈGGI (Hiß. de Fr. & d’ It.)3
famille illufire d’Itàlie, qui a produit quelques généraux
, plufieurs favâns , & un affez grand nombre,
de cardinaux & d'autres prélats diftingués. Sym-
phoriefi Ghârfipier , à la tête dè fon ouvrage De
Monarchin Gdllorunt, qu’ il dédie au cardinal Lau-
rént Campége , P un des pliis illuftres perfonnages
de ce nom, dit que cette famille eft françaife, originaire
du Dauphiné ; qu'elle pafîa dans le royaume
de Naples avec Charles d'Anjou , frère de faint
Louis j que de là elle fe répandit dans quelques
autres-coutrées de l'Italie.
C e cardinal Laurent Campégeàeft furtout connu
pour avoir été nommé -3 avec le cardinal Volfèy
jtige du divorce de Henri VIII & de Catherine
d’Arragon > & il paroît que dans cette affaire c'étoit
lui qui avoit fpécialement la confiance du pape
Clément VU . C e cardinal 3 avant d'entrer dans
ï'étàt eccléfiaftique 3 avoit été marié & avoit eu
plufieurs enfans , entr'autres Alexandre 3 qui fut
auffi cardinal. Au concile de Bologne, c’eft-à-dire,
au concile de Trente, transféré pour un tems à Bologne,
on comptoit cinq prélats de la famille Cam-
pége. Un d'entr'eux, Thomas Campége, évêque
de Feltri, a laiffé beaucoup d'ouvrages fur des matières
eccléfiaftiques, dans l'un defquels il examine
fi un évêque facré par des fcnifmatiques,
eft vraiment évêque. Un autre perfonnage célèbre
de cette famille eft Rodolphe Campége, jurif-
eonfulte & poète diftingué, mort le 28 juin 1624.
On a de lui deux volumes de poéfies > un poème
qui a pour titre : Le lacrime di Maria Viigine &
l'Italia confolàta 3 titre un peu vafte pour un fim-
ple épithalame ; celui-ci fut fait à l'occafion du
mariage de la princeffe Chriftine de France , fille
d'Henri I V , avec Viétor-Amédée, prince de Piémont,
puis duc de Savoie.
CAMPEN (Jacob de) , (Hiß. des Andbapt.') 3
tin des chefs des Anabaptiftes, un desdifciples de
Jean de Leyde^ ainfi que Jean de GéJéen. ( Voye%
ces deux articles dans ce volume.) Jean de Leyde,
ayant été mal fervi par Jean de Geléen dans une
entreprife fur Amfterdam , avoit nommé depuis
pptir évêque de cette ville Jacob dé Campen , plus
fidèle que Geléen, & dont le fort fut plus malheureux.
IFetoit depuis fix mois caché dans la ville. ;
Les magiftràts, voulant exterminer tous lés chefs j
dé Fanahâptifme, lé firent chercher avec foin : on i
le,trouva, non fans peine, enféveli fous un monceau
de tourbe. On le fit voir aü peuple pendant
ûnë,heure fur un échafaud, avec Une mitre de papier
fur la tête; On.lui ’coupa ènfuitë la langue ,
C A N
parce qu'elle avoit enfeigné l’erreur, & la main,
parce qu'elle avoit rebaptifé } enfin on lui trancha
la tête, qU'on expofa au bout d’ un fer (en 1535.)
CAN AYE . (Hiß. de Fr') L’ article Canaye 3 dans
le Dictionnaire, renvoie à l’article Frefne, & l'ar-
- ticle Frefne à l’article Canaye, de forte que l ’article
n'eft point fait : nous allons réparer ici cette
omiffion.
Il y a de ce nom & de cette famille plufieurs
perfonnages dignes de mémoire.
10. Philippe Canaye, fieUr de Frefne, confeiller
d’Etat, célébré par fes ambaffades, de la relation
defquelles nous avons trois volumes in-folio. Il
naquit à Paris en 1 $■ y 1. Son père étoit un avocat
de diftinétion, & le fils fe diftingua aufii d’abord
dans le barreau. Il avoit beaucoup & utilement
voyagé en Allemagne, en Angleterre, à Conftan-
tinople > il a publié fous le titre d'Ephémêrides la
relation de ce dernier voyage. Henri III le fit conc
ilie r d 'E tat, Henri IV l’envoya en ambaffade en
Suiffe, à Rome & à Venife. Il étoit dans cette dernière
ville à l'époque de l’ interdit de Venife, c'eft-
à-dire, du grand démêlé de cette République avec
le pape Paul V ( Borghèfe ) } il contribua beaucoup
à terminer ces différends j & le pape Paul V ,
dont cette affaire compromettoit l’autorité, lui
témoigna fa recônnoiffance de ce qu'il l'avoit tiré
d’un tel pas. Du Frefne-Canaye avoit été, en 16003
un des juges de la conférence de Fontainebleau,
entre le cardinal du Perron & du Pleffis-Mornay :
il eft une des preuves de la yiétoire de du Perron,
car il abjura le calvinifme en conféquence de cette
conférence, & Clément V lU lui écrivit pour l’en
féliciter & s'en féliciter, li mourut le 7 février H 9 ... .
2°. Le P. Canaye (Jean), jéfiiite, a été reCteur
de différons collèges, de fon Ordre } il a fait auffi
les fondions de miflionnaire dans les armées , &
à ce titre il a pu en effet être connu du maréchal
d'Hocquincourt, avec lequel oh le fait converfer
fi plaifamment dans l'ouvrage attribué par les uns
à Saint-Evremont, par les autres à Charleval,
mais qui eft à coup für le chef-d'oeuvre de fon
auteur, quel qu’il puiffe ê tre , petit conte le plus
plaifant & le plus dramatique, où les caractères
s’annoncent dès le premier mot, & font foutenus
jufqu'à la fin avec la vérité, la vivacité,, la gaîté,
le vis comica de Molière , & dont on peut dire
qu’ il n'exifte peut-être pas un autre opüfcule qui,
dans le même efpace donné, ait autant de piquant
& produife une impreffion de pîaifir auffi vive;. Le
P. Canaye étoit nomme d e lettres j mais il eft
beaucoup plus connu par cét ouvrage , dont il eft
le fujet, que par ceux dont il eft l’auteur. Qui
eft-çe qui fait qu'il a fait de la prbfe & des vers à
la louange de Louis XIII fur la prife de la Rochelle,
& un recueil des maximes des anciens fur
la vanité dû mondé ? Il: étoit entré chez les Jéfuites
en 1611. Il eft mort à Rouen lé 16 février 1670,
C A N
3°. L ’abbé de Canaye, de l’Académie des inf-
£riptions & belles-lettres, étoit un favant aimable,
un philofophe homme du monde, qui favoit
pour lui & pour fes amis, mais qui a rarement pris
le public pour juge de fes çonnoiffances & de fes
talens. Son amour pour le repos, fon indifférence
pour la renommée, des traits piquans dansl'efprit
& dans le caraCtère, voilà ce qui le diftingué.
M. l’abbé de Canaye étoit fils & petit-fils de
doyens du parlement > il étoit arrière-petit-neveu
de du Frefne-Canaye i’ambafiadeiir > il étoit parent
à peu près au même degré du P. Canaye. Il
étoit d’ailleurs allié à plufieurs grandes Maifons
„du royaume j mais, dit le fecrétaire d e l’Acadé- ‘
mie, ne mettons pas plus d'importance à ces avantages,
qu’il n'y en mettoit lui-même, & il prouve
qu’en effet M. l’abbé de Canaye n’y en mettoit
.guère, puifqu'étant déjà dans un âge affez avancé,
i l n’avoit pas encore appris à connoître les armes
de fa famille. Quelqu’un de fes amis voyant un
jour diverfes armoiries peintes dans la chapelle de
fon château de Montereau, & lui demandant lef-
- quelles étoient les tiennes, il lui fut impoftxble de
'le fatisfaire fans avoir recours à fon c a ch e t, que
cette queftion l’obligea d’examiner pour la première
rois de fa vie.
L’abbé de Canaye entra, en 17 16 , à l ’Oratoire,
& y paffa environ douze ans > en 1728 il fut reçu
à l’Acad.’miedes belles-lettres : il y a de lu i, dans
le recueil de cette Académie, plufieurs Mémoires,
dont les plus çonfîdérables font ceux qui concernent
la naiffance & les progrès de la philofophie
ancienne.
Il s’empreffa, auflitôt que les réglemens 4e
l ’Académie le lui permirent, d’entrer dans la cjaffe
des vétérans, pour redevenir entièrement libre ,
. & n’être plus affujetti à la néceffité du travail &
de l’affiduité.
Tel étoit fon goût en littérature^ qu’il préféroit
Homère à tous les ouvrages écrits en g re c , & la
langue grecque à toutes les autres. « Dès qu’il
» connut Homère, il l ’aima fi paftionnément, qu’ il
» l’apprit prefque tout entier par coeur, & dans
» la fuiçe il l’aima encore plus, peut-être parce
*> qu’il l ’avoit appris. 11 avoit la mémoire très-
» etendue & très-ornée. Dans fon efprit s’étoient
•> dépofées les richeffes que la poéfie, l’éloquence
& la philofophie ont produites dans tous les fiè-
»5 çle s } il avoit le feçret d’en jouir ,& d’en faire
•« jouir les autres fans avoir l’ air de connoître fon
opulence & fans que perfonne la devinât, parce
»? qu’il paroiffoit toujours ne favoir précifement
«? que ce qu’ il avoit befoin de dire. =»
Madame de la Guerche, petite-fille du célèbre
Florent Chrétien, inftituteur d ^ e n r i lV , & mar-
: raine de M. l’abbé de Canaye, lui avoit légué des
notes précieufes de fon aïeul, qui furent égarées
comme papiers inutiles , & dont il dépfora tou-
: jours}a perte. Le refpeft héritiers de M. î’ abbé
de Canaye pour £a inémoire, djt le feçjrét^ire de
C A N
l ’Académie, & la précaution qu’ il a prife d'écrire
fes remarques fur lès livres, les préfprveront fans
doute du fort qu’ont éprouvé les papiers de^ I lor-
rent Chrétien, & qui avoit tant affligé M. l’abbé
de Canaye. . T. ALe
portrait de Ce fage aimable ( le mot fige eut
fuffi peut-être, car la fageffe prefcrit d’être aimable
& enfeigne à l ’être ) J fon portrait a été fait de
main de maître par le fecrétaire de l’Académie
des belles-lettres, & tous ceux qui ont connu l’original
l’y reconnoîtront.
« Il avoit reçu de la nature cette aptitude au
» bonheur...... ou plutôt elle avoit placé le bon-
» heur même dans fon coeur, en y admettant exr
» clufivement toutes les paffions douces & hon-
« nêtes,...... Il fut heureux dans la retraite 5 il le fut
« dans le monde» il le fut dans tous, les âges5 il
sa l’auroit été dans tous les états dont les devoirs
« lui auroient permis de jouir en paix de lui-
n même,
« S,on efprit réuniffoit, par un accord fingulier,
» la naïveté & la fineffe, la légéreté & la profor.-
» deiw, l’enjouement & la folidité, la grâce & la
» force, qualités qui formoient un enfemble d’autant
plus piquant, que chacune d’elles contraf-
s» .toit mieux avec l'autre.
Perfonne n 'av ait, plus que M. l ’abbé d eC a-
»» n ay e , le talent rare de bien raconter, & il y
» joignait le mérite encore plus rare de ne jamais
m raconter autant qu’on aurpjt voulu, Habile à
» faifir le ridicule, 11 n'eût tenu qu’ à luidefe faire
« craindre} il préféroit de fe faire aimer..,.. Quel-
»3 quefois malin, jamais caufUque ni méchant, il
v> Ce b.ornoit à employer cette plaifanterie douce,
>3 aimable, qui avertit les autres de fe tenir far
» leurs gardes, ,le$ atteint fans les bleffer, les con-
» traint de faire valoir leurs avantages, furtout de
« cacher leurs défa.uts...... Il traitoit les préten-
»? tions ay.ec moins de ménagement, & fe pet-
» .mettoit quelquefois de tendre des pièges à la
» vanité, pour lui arracher des aveux qui la mon-
» troient dans fa nudité, & par çonféquent dans
» fa laideur. Ç 'é to it l’ironie de Socrate, avec
» lequel il avait paffé une partie de là yie. »
M. de Bougainville, bon écrivain, & M .l’abbé
de la Bletterie, qui auroit pu l’ê tr e , .avoient la
fuperftition de ne fe pas permettre un hiatus dans
la profe} petite recherche qui, par la «contrainte,
peut gâter beaucoup plus le ftyle .que tous les hiatus
\ du monde, La théorie d e hiatus n ’eft peut-être
; pas affez éclaircie. Si Y hiatus eft formé parla rencontre
de voyelles différentes, & d’un fon différent,
il n’eft rien} & la peine qu’ on prendroitpour
l’éviter feroit fuperflue, ou même*pourroit ayoir
des inçonvéniens. Par exemple f fi je dis : Il a é%c
en trois jours a /ffoudun : voilà la phrafe naturelle ,
voilà Gomme on parle. S i, pour éviter ces.prétendes
hiatus 3 je djs : marche ja f it aux portes dljfoudun,
a. duré trpis jours , je fais un,e phrafe , & on le fent
bien, IJ n’y a donc d'hiatus qni foit un défait dans
M i ' "