
I>re fes vers a tout le monde, que par le talent de j
les faire j arrivant chez. M . Colardeau, alors mourant,
après lui avoir demandé des nouvelles de fa
lante, legerement & pour la forme, fe mit à lui
ttJre <-a iC° j lédl^-tIe YHommtP‘ rf»nhely &c à qui
M. Colardeau dit : Vous « q oublié un trait bien
tJjeutieUansvoirs H om m e p er so n n e l j c e fi £ aller
llreJ ,‘‘J “) ce. tome entière à un ami mourant.
Tel etoit M. Barthe ; tel qu'il étoit, M Tho-
mas le lupporta vingt ans , IJaima toujours, le calma
quelquefois ^ 8c lui ayant fur vécu, le regretta toute
a/ Ï , ' C e n ’eft la le moindre éloge de Famé de
M. 1 homas.
Il fut dédommagé de cette perte par un autre
arm a un grand talent, d’un caractère beaucoup
plus aimable, 8c qui n’a laifTé que des regrets aux
honnêtes gens, dont des conjonctures malheureufes
Fontfeparé..
M ; Thomas eft mort,, en 178'y, chez.M. Far-
cheveque de Lyon (Montazet, fon confrère à
r Academie), dont il a reçu,. dans cette trifte cir-
conitance, tous les fecours, toutes les confola-
tions de la religion 8c de F amitié : voilà le fait ra=-
conte dans toute la fîmplicjté déFhijïoire; le voici
embelli par l ’éloquence, mais fans rien ajouter ni
oter a la vérité. « II. faut, dit M. de Guibert,
33 que j’ acquitte, & la dette de M. Thomas 8e la
^ votre, 8c celle de tous les amis des lettresjSc de
* ia vert.u >- envers l ’hôte généreux chez lequel il
33 a tennmé fes jours. Je croirois offenfer un prélat,
W J,0L' ei-?ar é.tat.S: Par penchant à la bienfaifance
a Fhofpitalité, fi je le lbuois d’avoir rempli
33 envers un homme célèbre , & qui tenoit à fui
** Par liens de la. confraternité littéraire, un
33 devoir qu il eut fans doute également pratiqué
» envers un. étranger inconnu & malheureux. Mais
33 tout^s fës vertus s embelliflent encore par la
»? maniéré dont elles font exercées 5 mais celles
33 u un homme éclairé reçoivent de fes lumières
M uju caractère 8c des. formes qui ajoutent à leur
” charme.. Ainli l'a fenfibilité profonde qu’il a
” marquée, la pitié à là fois délicate & coura-
” Seufe par laquelle il a confolé fès derniers
” momens,.les larmes qu'il n'a.pas cru que la té-
w.véïité dufacerdoce défendît d'accorder au talent
| 5e à la gloire , le marbre religieux- & fenftble"
?? dontil. honore fa cendre, méritent que je lui
* adrefie ici des remercîmens publics. Maflillon
“ & Fléchier eulfent -fait comme lui.} mais il eft
” beau de marcher fur leurs traces, & quand on
» tes. rappelle par fon éloquence,, de faire auffi
?? fouvenir d’eux par fes aeffons. ?»
v M- 4e Saint-Lambert dit que M. Thomas a dû
5 fôn caractère le genre, les beautés & même les-
défauts de fes ouvrages} qu’il n!a ni l'éloquence
de; Cicéron, ni celle de Bofluet, mais peut-être
©elle qui auroit convenu à Caton d’Utique. On.
poutr.oit ajouter qu’ il fut peut- être déplacé dans
ft»n fièçîè,..comme on a. dit que Caton Favoit été
dàn.3âle.fien,_s& à. peu près par lesjnênres.raifocs..},
| mais pour ne parler que de fon ftyle, il n’a pas;
J [puni tous les fuffrages , & depuis fa mort on le-
j lit 8c on le vante moins. L’ abbé d'Olivet, qui vou-
loit qu’on ne lût que Cicéron, difoit : 11 a trop lu.
Tacite, L’abbé de la-Bletterie, qui avoit reçu-de.
la nature quelque énergie,.mais qui aimoit à s’en
délafîer par des phrafés proverbiales 8c baftemenr
familières, ne parloir.qu’avec colère du ftyle de
M. Thomas, qui' lui parojftoit roi de 8c tendu..
L abbé le Batteux , dont le vol ne s’élevoit jamais.-
bien haut, le perdait de vue dans les nues, & l’accu
foit d emphafe. 8c d’enflure. L’abbé Arnauld,
lifant le compte q.ue rendoit, pu plutôt la parodie
que faifoit un journalifte fatyrique d’ un ouvrage
de M. Thomas., difoit : Je ne peux pas m empêcher
de ure. de-tous ces petits. coups d1épingle donnés dans
les- v d e M. Thomas. Hélas ! que parlôit-il de.
veflie, lui dont le ftyle toujours fi fortement figuré
dans la conversation même la. plus, fimple
chargé de métaphores fouvent ingénieufes pat
la fineffe des rapports, mais fouvent outrées 8c
bizarres, d’exprefiions pittorefques, mais hyperboliques,
étoit toujours, finon hors de la nature, du;
moins bien au-delà ?
L’élévation 8c l’énergie caraêlérifent-Féloquence
de M. 1 homas : fon défaut eft la continuité non
interrompue de cette élévation 8c de cette énergie.
M. Thomas femblè ignorer cet art de s’élever-
8c de defeendre tour-à-tour, art qui tient de la-
fouplefle, qui répand de la variété par cette alternative
même , 8c qui , ramenant le leêteur à fa-
portée ordinaire, le délaffe des fatigues du vol.
eleve qu on lui-a fait prendre. Deféendre ainfi ce:
n’eft pas tomber, c’ eft fe repofer 8c reprendre
haleine..
Ut fpeciofa dehinc.miracu.la promat...
Un homme de lettres, ami 8c admirateur de.
M. Thomas, en a.porté ce jugement :
cc Son ftyle, ferme, fier 8c toujours foutenu.dans«
*> fa majefte fublime, ne laiffe rien à defirer, fi ce:
k n’eft peut-être qu’ il foit d’ une perfection moins.
» égalé, 8c
« Que, monté fur le faîte, il afpire à défeendre. »?
Son grand ouvrage fur lès Eloges-, fi modèftement:
intitulé EJfai, eft un magnifique exemple de l’emploi
que le génie fait faire, des richèfîes de F érudition.
M. de Guibert donne une haute idée du grand'
poème épique, projeté 8c compofé en partie par;
M. Thomas : il fait regretter les fragmens qu’on-,
auroit pu en donner. Nous- ignorons-.pourquoLils;
n’ont point paru.
M. Thomas paroit avoir peu eonnihees pallions,
enehantereffes qui tourmentent tant lès humains
en leur montrant toujours le bonheur;qui: îès.fuitc
J toujours.-Sa;de.vife.auroit.j>u.êtr.e^r;
Exultantiaque haurif
Corda pavar pulfans laudumque arrefta cupido\
C e qu’ il auroit pu dire de plus tendre à la perforine
qui a pu lui être la plus chere, c’eft :
Vous ferez, après la gloire
Ce que j’aimerai le mieux..
THRASEAS PÆ TUS. (Hijt. rom.) A c e t article,
dans le Diélionnaire, il n’y a que le nom,
fans aucun récit, qui a fans, doute été oublié.
Thrafeas Pætus étoit un fénateur ftoïcièn, fous
l’empire de Néron, le plus vicieux 8c le plus criminel
des Princes. 11 ne put retenir fon indignation,
8c fortit du fénat lôrfqu’on y lut la lettre
infâme que Sénèque avoit eu la foibleffe de com-
pofer au nom de Néron, pour juftifier l ’aflaftinat:
de fa mère, en la calomniant 8c Faccufant d’avoir
voulu le faire périr lui-même. Néron ne pardonna
Jamais à Thrafeas ce trait d’une vertu vigoureufe.
Burrhus, dans Britannicus, en parlant d’iin tems
où Néron, déjà tyran, n’avoit pas encore paru capable
de ces grands crimes, dit pour prouver que
Néron refpeêloit encore la vertu.:.
Thrafeas au fénat, Corbulon dans l’armée
Sont encore innocens malgré leur renommée..
Tacite dit que quand Néron, après avoir immolé
plufieurs perfonnages illuftres, fut parvenu par degrés
à vouloir faire difparoître de la. terre la vertu
même, il fit périr Thrafeas Pætus 8c Bareas Sorar
nus-. ^Trucidatis lot ïhjjgnibus v in s ,;ad pôfiremum
Nero v i r t v t e m ipfam exfçinde/e concupivit, inter-
feSlo Thrafeâ P&to & Bareâ Sorano. Thrafeas mourut
avec le même courage qu’il étoit forti du fénat,
confolantfes parens 8c fes amis, renvoyant ceux
dont la douleur s’annonçoit par des lignes trop
éclatans , empêchant Arrie fa femme de fuivre
l’exemple d’Arrie fa mère en périflant avec fon
mari, 8c lui recommandant de fe conferver pour
leur fille, qui n’avoitrplus qu’elle d’appui, difant à
un jeune nomme qu’il avoit admis à fes derniers
momens: « Nous vivons dans un tems où il eft bon
que v-ous ayez fous les yeux l’ exemple d’une mort
fupportée avec confiance , 8c faifant de fon fang
une libation à Jupiter libérateur, qui le. délivroit
du. moins des.mifères de la vie. »?
TH RASY LAUS, anc. ) : c?eft le nom
d’ un Athénien, qui erpyoit que tous les vaiffeaux
qui- abordoient au port Piree lui appartenoientr..
Cette erreur étoit Feffet d’une maladie dont, on
parvint- à le guérir à force de remèdes 5 mais revenu
dans fon bon fens ,-il regretta fa maladie,.8c
demanda- pourquoi on avoit-eu la cruauté de lui'
©ter une erreur qui le mettoit en poflfeflion de tout
fitns rien. Ôter à': perfonne. Horace raconte une
shofiï à. peu: grès femblahle d’un Argjen,_ dont- la
folie étoit de fe croire toujours au fpe&acle , ap-
plaudiflTantavectranfportà des tragédies fuperbes ;:
Fuit haud ignobilis argis
Qui fe credebat miros audire tragoedos
In vacuo Ut us fejfor plauforque theatro->
Cetera qui vite fervaret munia recto
More , bonus fané vic'mus, amabilis hofpesr *
Comis in uxorem, pojfet qui ignofcére fervis
Et figno lefo non infanire lagene ,.
Pojfet qui rupem & puteunïvitare patentent.-
Hic ubi cognatorum opibus curifque refeciuSr
Expulit helieboro morbum bilemque meraco
Et redit ad fefe, pol ! me occidijiis , amici ,
Non fervâftis, ait, cui fie extorta voluptas
E t demptus per vim mentis gratijfimus error..
C ’eft à un habitant d’Abydos ,. non d’Argos ,,
qu’ Ariftote donne la même aventure , 8c le favâne
M. Dacier nous apprend que le nom de cet heureux
malade étoit Lycas.
THRASYLLE. ( flif i. anc.) Thrafyüe eft um
nom commun à plufieurs favans chez’ les Grecs^
Plutarque en cite trois : l’un eft le plus célèbre de;
tou s , verfé dans prefque toutes les^ fciences „
grand philofophe pythagoricien 8c platonicien y
grand aftrologue, grand muficien, qui dut principalement
à fon aftrologie la faveur dont il jouie
auprès d’Augufte 8c de Tibère. Le fécond eft urt
philofophe cynique, contemporain du vieil Antigone,
l’un des fuccefleurs d’Alexandre. Le troi-
fième étoit de Mendès, ville d’Egypte : on ignore-
en quel tems il vivoit. Plutarque, fi pourtant ih
eft Fauteur du livre des fleuves qui lui eft attribué ^
fpécifie trois ouvrages de ce Thrafylle de Men--
dès. Quant au premier, quand nous difons que;
c’ étoit F aftrologue, contemporain 8c favori d’Au—
gufte 8c de T ib è re , c’eft en fuivant l’opinion de-
M. l’abbé Sévin, qui,, dans fes Recherches fur la
vie & fur les -Ouvrages de Thrafylle, inférées au-
tome.X des Mémoires de l'Académie des hifcriptions>
& Belles-Lettres y ne fait qu’un feul 8c même per—
fonnage de Thrafylle l ’aftrologue &: dé Thrafylleî
le muficien, ou Thrafylle de Phlionte} mais M. Burette
, tome XIII du meme Recueil , pag. 287 &
fuiv., diftingue ces deux Thrafylies, que M. l’abbé’
Sévin n’ a confondus que parce que f’aftrologue a!-
aufïi été muficien 8c a même écrit fur la mufique.
M. Burette établit que l’ aftrologue n’étoit muficien
qu’en théorie 8c que comme mathématicien, rapportant
lès fons,Jes intervalles, 8cc, làméropée,,
à la fcience des nombres ; au lieu que le Thrafylle :
de Phlionte étoit un muficien praticien, qui
comme Pindare, Simonide 8c T y r té e , joignoit le
mérite de la poéfie lyrique à celui de la mufique ^
8c compofoit, comme eux , des airs & des chants»
qui. s’exécutoient.auffi. fur. les inftrumen&..