fut un de ceux qui donnèrent les premiers avis de
la confpiration du connétable de Bourbon (voyeç
dans le Dictionnaire, à l’ article Poitiers , celui de
Saint-Vallier‘3 père de Diane de Poitiers). Les
deux filles de Diane & du comte de Maulévrier-
Brézé furent mariées à deux Princes étrangers,
qui étaient en même tems deux des plus grands
feigneurs de la cour de France } l ’un fut le maréchal
de la Marck, duc de Bouillon, prince de
Sédan, dont la fille, née de ce mariage, fut la
première femme du connétable Henri de Mont-
morenci ; l’autre fut le duc d’Aumale, de la Mai-
fon de Lorraine, frère du duc de Guife, François.
MAUNY. | Hcjl. de Fr. & d3Anglet. ) Walter de
Manny ou Gautier de Mauny , chevalier du Hai-
nault, guerrier illuflre du quatorzième fîècle, s’ attacha
au fervice d’Edouard III, roi d’Angleterre,
dans la fameufe querelle de ce Prince & de Philippe
de Valois pour la fucceflion à la couronne de
France. Louis de C ré c y , comte de Flandre, allié
de Philippe, ayant-voulu s’ emparer de l’ïle de Cad-
fant, pour ôter aux villes de Gand & de Bruges
révoltées contre lui & alliées d’Edouard, la communication
de la mer, en fut chaffé avec perte &
avec honte par Mauny, qui dans ce combat eut
le bonheur de fauver la vie au comte de Derby Ton
général, fils du comte de Lancaftre. Il alla enfuitè
faire la guerre en Bretagne pour le parti de Mont-
fort , attaché à Edouard', contre le parti de Blois-
Penthièvre, attaché à Philippe de Valois. La com-
tefle de Montfort étoit enfermée dans Hennebon,
que le comte de Blois fon rival afliégeoit. Les
vents contraires retenoient depuis deux mois dans
fes ports la flotte anglaife, fur laquelle étoit fondé
tout l’efpoir de la délivrance d’Hennebon. Les
machines des affiégeans firent de fi larges brèches
-aux remparts de cette place, qu’il n’étoit plus
p oBible de fe. défendre j tout le monde parloit de
fe rendre pour ne pas laifler la comteffe tomber
entre les mains des ennemis. La comteffe monte à
la tour , jette fes regards fur la mer, & s’écrie :
Voila la flotte anglaife. La flotte arrivoit en effet:
le fecôurs étoit commandé par Mauny. A fon arrivée
le fiége d’Hennebon fut levé.
Pendant l’abfence de la comteffe de Montfort,
qui étoit allée en Angleterre folliciter de nouveaux
fecours, Mauny arrêta les progrès du comte
de Blois ; il battit un détachement de fes troupes
près de Quimperlay, & lui prit beaucoup de vaif-
feaux. Réuni avec la comteffe de Montfort, &
affilié de Robert d’Artois , il prend Vannes par
efcalade pendant la nuit.
Peu de tems après, réuni avec ce comte d’Erby,
auquelilavoitfauvé la v ie , il remportaenGuienne,
à Auberoche, une victoire qui coûta aux Français
fept ou huit mille hommes. Il augmenta beaucoup
fa gloire dans cette guerre du midi de la France,
où il avoit en tête le duc de Normandie, qui fut
dans la fuite le roi Jean.
C e Prince, par fon amour pour la juftice & fon
refpecl pour fa parole, penfa fe brouiller avec le
roi Philippe de Valois fon père,- dans une occa-
fîon importante qui regardoit Mauny. Celui-ci
avoit fait prifonnier un chevalier normand, parent
du duc de Normandie, fort aimé de ce Prince, &
tres-fpécial en fon confeil. C ’eft a-infi que Froiflard
le défigne. Gautier de Mauny fit avecTon prifonnier
le traité que voici. Le chevalier avoit] offert
mille écus pour fa rançon. Je vous délivrerai fans
rançon, lui dit Mauny, fi vous pouvez m’obtenir
du roi de France ou du duc de Normandie un fauf-
conduit pour aller, moi vingtième, joindre le roi
d’Angleterre au fiége de Calais ( c ’étoiten 1346).
Le chevalier obtint le fauf-conduit & fut libre.
Mauny partit pour Calais, lui vingtième, comme
le p oit oit le fauf-conduit. Arrivé à Orléans, il eft
arrêté, mené à Paris," & ènfermé au Châtelet,
fous prétexte qu’étant né fujet & vaffal du comte
de Hainault, il étoit arrière-vaffal & fujet de la
France, contre laquelle il portoit les,armes. Le
duc de Normandie demanda fa délivrance, alléguant
le fauf-conduit qu’ il avoit lui-même donné.
« C ’eft le plus redoutable de nos ennemis, dit
« Philippe. Eh bien ! répondit Jean, c’ eft une rai-
*> fon de plus pour le mettre en liberté. — C ’ eft un
» fujet rebelle, répliqua le R o i, & puifqu’ il eft
» entre mes mains, je prétends le traiter comme
» tel. » A ce difcours le Duc perdit patience : le
refpeél fit place à l’indignation, ec Si vous nous
» déshonoriez, dit-il, par une telle perfidie, vous
» n’êtes plus mon père ni mon Roi ; jamais je r.e
» porterai les armes contre le'roi d’Angleterre j
» jamais je ne fervirai dans vos armées} j’éloi-
» gnerai, je détacherai de votre fervice tous ceux
sa fur qui j’aurai quelque pouvoir. » Le Roi, irrité
de ce difcours, en parut plus affermi dans fon
projet} mais la réflexion l’ayant ramené, l’ affaire
tourna en négociation. Le Roi céda, mit Mauny
en liberté , parut même chercher lés moyens de
réparer 1 affront qu’ il lui avoit fait ; il defira de le
v o ir , le.fit manger avec lui,, lui offrit dès préfens
confidérables. «Je,ne les accepte ni nelesrefufe,
as dit Mauny j mais trouvez bon que je prenne fur
» cela les ordres du roi d’Angleterre.« Le Roi &
le duc de Normandie approuvèrent cette conduite
& louèrent cette délicateffe. Philippe exigea feulement
que Mauny commençât par emporter les
préfens , pour montrer qu'il les acceptoit autant
qu’ il étoit en lui, & qu’ il ne gardoit point de ref-
fentiment. Le roi d’Angleterre ayant dit à Mauny
de renvoyer ces préfens, il les renvoya fur le
champ par Manfac fon coufin. Philippe ne voulut
point les reprendre : Je vous les donne, dit-il à
Manfac, qui ne fe fit pas prier'pour les^recevoir,
& qui ne demanda point le confentement du roi
d’ Angleterre. C e Manfac n’ étoit ni un digne parent
ni un digne ambaffadeur de Mauny.
Mauny fervit au fiége de Calais avec fa valeur
fa capacité ordinaires, & contribua beaucoup
à
à la réduction de cette place. Le brave Jean de
Vienne, qui la défendoit, fe voyant forcé de capituler
, parut aux crénaux, & annonça qu’il avoit
des propofitions à faire. Mauny fut envoyé pour
les entendre : « Vaillant chevalier, lui dit de
»» Vienne, nous avons fait notre devoir, & nous
»» nous flattons d’avoir mérité votre eftime j nous
»» ne cédons qu’ à la famine. Calais eft la conquête
93 d’Edouard j qu’il prenne & la ville & la cita-
»» delle, & tous nos biens} mais nos fervices ne
»» peuvent ceffer d’appartenir à notre maître, &
33 c’eft pour les lui conferver que nous cherchons
03 à conferver la vie. Qu’Edouard nous laiffe feu-
33 lement. fortir d’i c i , &: nous confentons de ne
3» rien emporter. Je doute, répondit Mauny avec
»3 douceur, qu’Edouard agrée cette proportion ;
»» il veut vous avoir tous à difcrétion. Plutôt que
» de fouffrir, répliqua de Vienne, qu’il foît fait le
33 moindre mal au moindre des citoyens de cette
33 v ille , nous périrons tou s } mais nous efpérons
»3 de la juftice d’Edouard, qu’ il changera de réfo-
»3 Jution, & de votre générofité, que vous l’y dé-
33 terminerez-. »» En effet, Mauny plaida courageu-
fement la caufe des affiégés} il dit à Edouard : « Si
33 vous ôtiez la vie à quelqu’un de ces braves gens,
»3 nous irions moins volontiers nous, enfermer dans
»3 vos places pour les défendre, nous vous fervi- »3 rions avec moins de zèle. D’ ailleurs, n’aurions- 3o nous pas à craindre les repréfailles? »3. Ces re-
préfentations, appuyées par tous les chevaliers &
barons anglais, parurent toucher Edouard. Je ne
ferai pas feul contre tous, dit-il, & il crut être modéré
en bornant fa vengeance à exiger qu’ on lui
livrât fix des principaux bourgeois, tête nue &
la corde au c o l, pour être envoyés au fupplice.
Edouard fe déshonora par fon obftination barbare
à immoler les fix bourgeois qui s’étoient dévoués
dans cette conjoncture} il réfifta aux follicitations
de toute fon armée, qui rougiffoit pour lui d’ un
reffentiment fi aveugle } il ne craignit plus alors
d’être feul contré tous. Mauny défendit les fix
bourgeois avec le même courage qu’il avoit défendu
tout le peuple de Calais. Edouard, que la ,
raifon fatiguoit en ce moment, parce qu’il avoit
réfolu de ne la pas fuivre, lui répondit avec fé-
cherefle : M. Gautier, il n en fera pas autrement,
& il manda' le bourreau} mais il fut obligé enfin
de céder à la Reine fa femme, qui appuya les follicitations
de ]Mauny. -
Mauny, qui*étoit de toutes les expéditions pé-
rilleufes, & qui toujours s’y diftinguoit, accompagna
Edouard & le prince de Galles dans, le
voyage fecret qu’ils firent à Calais le 31 décembre
1348, pour faire manquer l’entreprife que le fei-
gneur de Charny, qui commandoit les troupes
françaifes auprès de Saint-Omer, avoit formée fur
Calais pendant une trêve. Cette aventure de C a lais
fut un des plus brillans exploits d’Edouard,
qui dans cette occurrence courut rifque de la vie
Hiftoire. Tome V I . Supplément.
ou de la liberté. C e fut une expédition toute cl levai
erefque & toute romanefque.
M AR LE , ( Hfl. de Fr. ) , nom célèbre dans
f hiftoire de France, par de grands fervices & des
malheurs non mérités.
i ° . Maur ou Mora, bu Guillaume le Corgne,
dit de Marie, lieutenant d’une compagnie de cent
hommes d’armes, fut tué à la bataille de Poitiers,
en 13 yé. .
20. Son fils, Henri le Corgne, dit de Marie ,
feigneur de Verfigny dans la châtellenie de Senlis,
terre qu’ il acquit en 1401, eft ce fameux chancelier
de Marie, dont la fin fut fi tragique. Il avoit
été confeiller, puis troifième préfident au parlement
en 1393 ; il fut envoyé pour différentes négociations
, tant auprès du Pape, fiégeant pour
lors à Avignon, qu’ à la cour d’Arragpn. Après la
mort de Jean de Popaincourt, premier préfident
du parlement, il fut reçu dans cette charge par
provifions du R oi, du 22 mars 1403, données fur
une élection faite par le parlement même} enfin il
fut élevé à la dignité de chancelier de France, le
8 août 1413- Il avoit trop de probité pour n’être
pas contraire en tout à la faCtion de Bourgogne}
en conféquence il fut réputé Orléanais ou Armagnac}
en conféquence aufli, lorfque Paris fut fur-
pris la nuit du 28 au 29 mai 1418 par l’ Ifle-Adam,
pour le duc de Bourgogne, le chancelier de Marie
- fut arrêté & conduit à la groffe tour du Palais} les
L Bourguignons foulevèrent la populace de Paris,
qui, le 12 juin, brifa les portes de toutes les priions
, & maffacra tous les Armagnacs ou tous ceux
qui furent réputés tels , & parmi eux le chancelier
de Marie, dont le corps, après être refté longtemps
expofé dans les champs de la clôture deSaint-
Martin, fut porté à Senlis, où il eft enterré dans
l’églife de Notre-Dame.
3°. Jean de Marie fon fils, d’abord confeiller au
parlement, puis maître des requêtes, élu en 1414
évêque de Coutances, fe trouvant malheureufe-
ment à Paris en 1418 , y fut maffacré avec fon
père.
40. Arnauld de Marie, feigneur de Verfigny,
autre fils du chancelier, confeiller au parlement,
puis maître des requêtes, fuività Poitiers le Dauphin,
qui ïe commit le 21 feptembre 1418 pour
tenir le fceau en l’abfence du chancelier, & qui,
devenu Roi & affermi fur fon trône, récompenfa
les fervices d’Arnauld en 1444, par un office de
préfident au parlement. Mort en 14^6.
y°. Henri de Marie, feigneur de Verfigny, fils
d’Arnauld, fut premier préfident au parlement de
Touloufe en 1466 , & mourut en 1495.
6°. Claude de Marie fon arrière-petit-fils, fut
chevalier de l’Ordre du Roi. 11 eut deux petits-fils
• dans le fervice.
* . 70. Louis de Marie, feigneur de Bailleul, capitaine
au régiment de P ra flinm o r t à Revol en
Piémont}
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