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erifuite pour pëculat fur les plaintes du peuple de
Bithynie : chofe de bon exemple , & qui ne fut
guère imitée fous ce règne.
TASSILLON. (Hifi. de Fr. & de German. ) Les
Bavarois , formés des débris de l’ancienne ligue
des Quades & des Marcomans , occupoient du
tems de Pépin & de Charlemagne le pays auquel
leur nom eft relie ; ils etoient depuis long-tems
vaifaux de la France} ils avoientleurs lois & leur
Duc particulier. La Bavière étoit un grand fief relevant
de la couronne de France , comme il relève
aujourd'hui de l’Empire} mais ces vaflaux étoient
quelquefois rebelles. Le duc de Bavière., Garibald,
en donnant Theudelinde fa fille à Aut-haris , roi
des Lombards^ avoit , de concert avec ce Prince ,
tenté de fecouer le joug de l’Auftrafie fous Chil-
debert , fils de Sigebert. Les Bavarois n’ avoient ;
été que trop fournis lorfque Dagobert leur avoit !
ordonné d’ égorger les Bulgares qui leur deman-
doient un aille. Sonnichilde , fécondé femme de
Charles Martel & mère de Griffon 3 étoit nièce
a’Odilon, duc de Bavière , & elle avoit fait épou-
fer à ce Duc., Hildetrade3 fille du premier lit de
Charles Martel. Ce mariage , fait contre le gré de
Carloman & de Pépin 3 fils du premier lit de Charles
Martel , avoit pour objet de procurer un partage
plus confidérable à Griffon. ( Voye^ fon article
dans ce volume.) Il fit naître une guerre entre
la France & la Bavière : Odilon fut vaincu, &
n’ obtint la paix que fous la condition- de l’hommage.
A la mort d’Odilon, qui laiflfoit pour fils &
pour héritier Tafliilon, alors âgé de fix ans, Griffon
3 révolté contre Pépin, fe fit duc de Bavière
en dépouillant Tafliilon fon neveu j Pépin chaffa
Griffon de la Bavière & la rendit à Talfillon : ce-
celui-ci époufa dans la fuite Luitberge, fille de
Didier, roi des Lombards. Ayant fuivi Pépin fon
oncle dans une expédition contre Gaïffre, duc
d’Aquitaine, il quitta tout à coup l ’armée fran-
çaîfe, moins par connivence avec Gaïffre, comme
il donna lieu de le foupçonner, que par légèreté
ou plutôt par amour de 1 indépendance. Pépin eut
bien de la peine à lui pardonner cette démarche
inconfidérée. Cependant Tafliilon n’étoit point
traître dans cette occafion j il n’étoit qu’ orgueilleux
& incapable de fubordication 5 il eut accompagné
avecplaifir à la guerre fon oncle & fon allié,
mais il ne pouvoit fe réfeudre à y fuivre fon fei-
gneur : fon orgueil étoit fans cefle irrité par l’orgueil
des feigneurs français, qui affectaient avec
lui une égalité entière, fous prétexte qu’ils étoient
tous vaflaux d’ un même Souverain. En786 & 787,
après que Charlemagne fon coufîn-germain eut
renverfé le trône des Lombards & opprimé Didier,
beau-père de Tafliilon & de Cnarlemagne
lui-même, T afldlon efpéra qu’à la faveur des droits
& des intérêts de la famille de Didier, il pour-
to it trouver les moyens de fecouer entièrement
le joug du yaflelage 5 il fit faüiâûce la plus étfoita
T A S
avec Arichife, duc de Bénévent} il engagea dans
fa querelle les Huns fes voifins, qui avoient aufli
pour y entrer leurs vues particulières : c’étoit l ’e f
pérance du pillage de l’Italie qui les attiroit dans
cette contrée. Les ducs de Bavière & de Bénévent
négocièrent depuis avec la cour de Conftan-
tinople, qui ne prit point pour lors d’ engagement
avec eux , mais qui ne les rebuta pas non plus.
Tandis que ces Ducs faifoient fourdement leurs
préparatifs, & croyoient que Charlemagne, occupé
loin d’eux contre d’autres ennemis, ne foupçon-
noit pas feulement cette nouvelle entreprife, voici
Charlemagne qui defcenden Italie, traverfe rapidement
Horence & Rome, & court vers Bénévent
, en foumettant fur fa route toutes les places
du duc Arichife. Le Duc épouvanté envoie Romuald
fon fils aîné, protefter de fa fidélité, &
amufer Charlemagne par des négociations & des
prières. Charlemagne retient Romuald à fa fuite
fans l’écouter, & , p reliant plus vivement fa marche
vers Bénévent, ne laiffe au Duc que le tems
de s’enfuir à Salerne, & bientôt le Duc fut forcé
de fe foumettre à toutes les conditions qu’ un vainqueur
fi rapide voulut lui impofer.
Le duc de Bavière fentit l ’impoflibilité de ré-
filler feul à l’aélivité foudroyante qui venoit d’accabler
fon allié. Rien n’étoit prêt ni de la part des
Huns, ni même de la fienne. Charlemagne avoit
\toujours exécuté avant qu’ on eût feulement achevé
de projeter. Tafliilon, obligé, comme Arichife, de
: recourir aux Explications, & de tenter des voies
d’accommodement, parvint à mettre dans fes intérêts
jufqu’ au pape Adrien, l’ami de Charlemagne.
Le Pontife fut flatté de ce rôle de protecteur
du foible, & de médiateur auprès du puiffant, rôle
fi noble en effet , & qui auroit dû fuffire à l ’ambition
des Papes. Charlemagne, naturellementdif-
pofé à l’indulgence envers Tafliilon fon coufin-
germain, accueillit les follicitations d’Adrien} mais
Tafliilon, plus éloigné du danger que ne l’avoit
été Arichife , & fe Tentant d’ailleurs défendu par
les droits du fang, mit dans la négociation toute
la mauvaife foi qu’il crut pouvoir fe permettre impunément.
A l’ardeur avec laquelle fes envoyés
follicitoient la paix, il fembloit qu’il n’y eût qu’ à
conclure : cependant lorfque le Pape , animé du
même zè le , & entrant dans les mêmes vues , les
prefla lui-même de s’expliquer fur les propofitions,
il fut bien furpris d’apprendre qu’ ils n’^voient d’autres
inftruétions qued’écouter & dearenore compte.
On vit évidemment alors que le duc de Bavière
n’avoit voulu que gagner du tems pour faire fes
préparatifs} le Pape retira fa médiation , indigné
qu’on en ahufat ainfi, & qu’on voulût faire de l’ arbitre
de la paix un inftrument de guerre. Pendant
qu’il menaçoit, qu’ il partait d’excommunication,
u’il juftifioit Charlemagne, & chargeoitTafliilon
u crime de la guerre, Charlemagne, entrant dans
la Bavière avec trois armées à la fois , avoit déjà
réduit la Duc à fe foumettre aux mêmes condition#
au*Arichife, en donnant pour ôtages fon fils &r
douze des principaux feigneurs bavarois 5 précautions
auxquelles n’ajoutoit rien célle qu’il prit encore
de le faire jurer fur les corps de faint Denis,
de faint Germain & de faint Martin, qu’ il feroit
fidèle.
Charlemagne, croyant donc avoir fournis les Bavarois,
les Bénéventins, & avoir pacifié l’ Italie,
fe hâta de revoler à de nouvelles guerres & à de
nouveaux fuccès ; aüflitôt Tafliilon renoua fes négociations
avec les Huns, & Arichife avec l’Empire
grec.
Le duc de Bénévent, placé fur les confins des
domaines delà France, en Italie, & des poflfeflions ,
des Grecs, entre les droits nouveaux des conquérons
français & les prétentions furannées del’Em- 1
pire g re c , qui fe difoit toujours le feul Empire]
romain, fembloit pouvoir choifir le Souverain qu’il
voudroit j il choifit l’Empire 5 il s’en reconnut ;
vaflal & fujet} il prit l ’habit g re c , fe fit couper j
les cheveux à la manière des Grecs : l’impératrice
Irène & Conflanrin fon fils le créèrent leur pa-
trice en Italie} il reçut folennellement la robe qui
étoit la marque de cette dignité, avec les cifeaux
qui, en lui coupant les cheveux, devaient le na-
t-uralifer grec. Irène, alors en rupture ouverte avec
Charlemagne , paroifloit armer contre lui & vouloir
lui difputer i’ Jtalie.' Arichife attendoit impatiemment
l’armée grecque, & en preflbit l’arrivée
parles plus ardentes follicitations5 en même tems
Tafliilon armoit le plus fecrétement qu’il pouvoit
fes Bavarois, & appeloit les Huns dans les Etats
de Charlemagne. Plus expofé aux regards de ce
conquérant, qui étoit alors en Germanie , moins
à portée d’être fecouru par fes alliés, il couvroit
fes armemens du voile du myllère 5 mais il n’y avoit
point de myllère pour Charlemagne : il anemble
un parlement folennel à Ingelheim, lien de fa naif-
fanc.e : le duc de Bavière y eft invité, comme cou-
fin-germain du R o i, comme vaflal de la couronne :
cette invitation fut pour lui un coup de foudre.
H étoit également dangereux, & de s’y rendre, &
de s’y refufer. S’y rendre , c’étoit remplir ce devoir
de vaflTal qui lui étoit fi odieux 5 ce n’étoit cependant
la qu’un inconvénient & non pas un danger.
L e danger étoit de comparoître devant des juges,
étant déjà condamné par fa confcience. Refufer de
comparoître, c’étoit s’ avouer coupable, & Taf-
fillon n’étoit pas encore en état d’éclater. Après
avoir pefé les inconvéniens des deux partis, autant
qu’une citation fi preffante & le trouble où
elle le jetoit purent le lui permettre, il prit le parti
de comparoître ; il compta fur le fecret qu’il croyoit
avoir mis à fes opérations, & fur la parenté qui
l uniflbit à Charlemagne} il crut furtout que cette
démarché même feroit illufion, & difliperoit jtif-
qu’au-x moindres foupçons qu’on pouvoit avoir de
ce qui Te p afloi t. A peine arrivé au parlement, il
eft arrêté : on lui fait fon procès 3 mille accufa-
teurs s'élèvent contre lui de toutes p a r t s & ces
acçùfateurs étoient pour la plupart fes propres
fujets, qu’il avoit engagés malgré eux dans fa révolte.
Il n’eut rien à répondre pour fa défenfe > il
fut convaincu d’ avoir traité directement avec les
Huns pour les attirer fur les terres des Français ,
&r indirectement avec les Grecs par l ’entremifê
d’ Arichife. Ses propres fujets l'acculèrent de leur
avoir donné des leçons d’ une infidélité groflïère,.
mais infernale, & au moyen de laquelle il n’y auroit
plus rien de fur parmi les hommes : c ’étoit de
diriger leur intention de manière qu’en prêtant
ferment de fidélité à Charlemagne comme à leur
fuzerain , ils fubftituaflent dans leur efpritle nom.
de Tafliilon à celui de Charlemagne, & le titre
de duc de Bavière à celui de roi de France. On
voit que la doCtrine de la direction d’intention
& tous ces abfurdes artifices par lefquels les hom-r
mes croient tromper Dieu en trompant leur confcience
, font de tous les tems, & furtout des tems
barbares. Tafliilon fut jugé félon toute la févérité
des lois féodales ; il fut condamné unanimement à
avoir la tête tranchée, comme vaflal félon , &
comme fujet traître envers l ’Etat. Charlemagne
parut u fer d’une allez grande clémence en lui laifi
fant la v ie , par égard pour les liens du fang qui
les uniffoit, & en fe contentant de faire enfermer
dans divers monâftères, le D u c , fa femme,
deux fils & deux filles, fruits de leur union, après,
avoir confifqué leurs Etats 3 ce qui fut exécuté
fans réfiftance & même fans contradiction : preuve
certaine que les Bavarois ne partageoient point
l'infidélité de leur Duc, & qu’ils préferoient même
l ’autorité de Charlemagne à celle de leur Souverain
particulier-
! Le Roi changea la forme du gouvernement de
la Bavière; au lieu d’un Duc héréditaire , il éta.-
blit dans cette province un certain nombre de
comtes qui n’étoient qu’à vie.
Quelques années après le malhetfreujçTaflïllon
comparut au concile de Francfort (en 794) en
habit de moine , confeffa toutes fes infidélités, en.
demanda pardon au R o i , & renonça pour lui &
pour fa poftérité à tous fes droits fur la Bavière.
Pour prix de fa Coumiflion & de fon repentir, le
Roi lui accorda quelques grâces 3 il le réunit avec
fes deux fils fous une clôture moins rigoureufe ,
dans le monaftère de Jumiéges, & leur affig-na une
penfion que fa libéralité mefura moins fur leur
état de moines, que fur le rang dont ils étoient
dé chus ►
T A T T EM B A CH , {Hifi. des troubles de Hongrie)
, comte de Rheiftan , un des complices, de la
conjuration du comte de Serin Sc de quelques feigneurs
hongrois contre l ’empereur Léopold, es.
\66c). Il fut arrêté à Gratz en 1670. Le comte de
Serin & fes autres complices furent exécutés le.
3G avril 1671. Tattembach ne fut jugé que fept
mois après, & ne fut exécuté que le premier décembre
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