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Anne de Boulen avoit cru devenir Reine j elle
ne fut jamais qu’ efclave dans tout le tems de fa
faveur. Elle tomba dans la difgrace à fon tour :
Jeanne Seymour lui enleva le coeur de fon mari.
C ’eût été peu pour Henri de quitter Boulen > il
fallut - .qu’ il ' la diffamât & qu’ il la perdît. Parce
qu’il étoit inconftant, ce fut elle qui paffa pour
jnfidelle & pour, impudique j il l’ avoit jugée fage
tant qu’ il l’avoit aimée. Quand elle ceffa de lui
plaire, il découvrit qu’elle fe proftituoità mille
amans 8c à fon propre frère j il la fait arrêter, il
fait arrêter avec elle tout ce qu’il prétend foup-
çonner. La malheureufe Boulen prend d’abord
pour un jeu tout ce qu’ elle éprouve. Promptement
défabufée, elle tombe dans une gaîté fo lle ,
cent fois plus trifte que l’accablement ordinaire
des malheureux ; elle rioit 8c pleuroit, & rioit
d’avoir pleuré. Elle écrivit à Henri : Vous m ave£
toujours élevée I votre amour a fait de moi une Reine ,
votre haine va faire de moi une fainte & une martyre.
Elle manioit fon cou en éclatant de rire : I l eft
très-mince , difoit - elle , & texécuteur eft habile.
Puis fondant en larmes, elle faifo.it faire à Marie,
fille de Catherine d’Arragon, les plus tendres
excufes des chagrins qu’ elle avoit caufés à cette
Princeffe & à fa mère. Elle protefta toujours de
fon innocence. Son frère, le lord Rochefort, 8c-
fes autres prétendus complices , furent décapités
avec elle : tous nièrent conftamment ce qu’ on leur
imputoit, à la réferve d’ un feul, qui ofa s’en vanter
, féduit par l’efpérançe d’une grâce qu’ on lui-
promit 8c qu’il n’ obtint pas : il fut pendu. Le lord
Rochefort avoit été accufé par fa femme. Tous
ces détails font cruels 8c affreux.
Les Pjroteftans 8c les Catholiques modérés
croient qu’Anne de Boulen n’étoit coupable que
d’un peu dindiferétion 8c de coquetterie : elle
vouloir plaire à tout le monde j elle aimoit à voir
les effets de fa beauté fur tout ce qui l ’environ-
noit î elle, recevoit avec indulgence les déclarations
qu’on ofoit lui faire : voilà tous fes crimes.
Ses ennemis ont voulu perfuader qu’ elle avoit
pouffé plus loin la complaifance pour les amours
volages de François I : ils l’appelôient grofîiére-
ment la haquenée du roi d‘ Angleterre & la mule du
roi de France ; mais le fait qu’ ils allèguent n’eft
rien moins qu’ avéré.
Les Anglais difent qu’élevée à la cour de France,
ou elle fut attachée fucceffivement, comme nous
l ’avons d it, à la reine Marie, femme de Louis X I I ,
& à la reine Claude , femme de François I , elle
y avoit pris un ton de gaîté 8c de liberté, peu
conforme aux moeurs de l’ Angleterre.
Le P. d’Orléans dit que les panégyriftes d’ Anne
de Boulen ne fongent pas qu’ ils font le procès au
monarque qui la répudia, & aux juges qui la condamnèrent.
On eft fi fouvent obligé de leur faire
le procès, le P. d’Orléans le leur fait fi fouvent
lui-même 8c avec, tant de raifon, que cette con-
fidérârion n’ a dû: arrêter pèrfonne.
b o u
Avant d’envoyer Anne de Boulen au fuppJice,
on caffa fon mariage, on le déclara nul dès l ’origine
, & Henri VIII eut encore le plaifir d’envelopper
Elifabeth fa fille dans la difgrace de la mère ;
mais fi Anne de Boulen n’avoit jamais été la femme
de^ H enri, elle nè l’ avoit donc pas outragé , elle
n’étoit donc pas coupable d’adultère. Henri, à
force' dé vouloir avilir celle qu’il avoit aimée , la
juftifioit ; il la juftifia plus pleinement encore par,
l’indécènte précipitation avec laquelle il époufa
Jeanne Seymour dès le lendemain de l’exécution |
d’Anne de Boulen.
Là beauté d’Anne de Boulen n’étoit pas fans I
quelques défauts que fes grâces faifoient difpa- [
roître qüi en effet avoient échappé à Henri VIII:
elle avoit une furdent, une tumeur à la gorge,
elle avoit même une forte de petite monftruofité :
c’ étoient fîx doigts à la main droite.
( Dans le Dictionnaire, l’article d’Anne de Boulen
eft renvoyé de Boulen à Henri F IU , où elle
n’ eft pas même nommée. )
BOURNEL $ jM de Fr. ) , famille noble de la j
province de Picardie.
i° . Guillaume Bournel fervôit en l ’ofi de Bouvines
, l’ an 1340.
20. Jean Bournelfon frère fervoiten Normandie
fous le maréchal d’Audenehan, en 13 54. 3°*# Pierre Bournel, feigheur de Thiembronne,
fervoit en Picardie fous le même maréchal d’Au- !
denehan,l’ an 145 y.
4". Guillaume Bournel, feigneur de Lamber- !
court, maître-d’hôtel du Roi,, eft qualifié général, |
maître, vifiteur 8c gouverneur de toute l’artillerie 1
de France, depuis l’an 1473 jufqu’à fa mort arrivée i
en 1477. •
j ° . Louis Bournel, premier du nom, fon fils, I
fuivoit, en 1 4 1 7 , le parti du duc de Bourgogne,
Jean. Il le quitta depuis, & fe faifit, en 1419, de I
la ville 8c du château de Gamaches. Il fut fait pri-
fonnier, en 1421 , dans une rencontre près de I
Mons en Vimeu , 8c fut obligé de rendre Gama-
ches en 1422. Il fe trouva, en 1436, à un combat '
livré contre les Anglais près de la ville de Calais. \i
Il vivoit encore en 1444.
6°. Guichard Bournel, frère de Louis , & tige I
de la branche des feigneurs de Namps & de Mou- M
chy , accompagna fon frère dans toutes fes expé- |
dirions contre les Anglais 8c les Bourguignons. |
Mort avant l’an 1-466.
70. Amé fon petit-fils, feigneur du Chevalart
8c du Palai», mort dans les guerres d’Italie du fei- I
zième fiècle.
8°. Louis Bournel, feigneur de Thiembronne, f
gouverneur de Lille, Douay , Orchies, Papaume, ;
fut un des plus illuftres' capitaines de fon tems. Il
vivoit en i j 78.
90. Dans la branche des feigneurs de Boncourt, I
Jean Bournel, feigneur de Demiiin, fut tué en I
1J 37 devant la ville de Hefdin.
Nous
B R A
Nous ignorons fi Giraud de Bournel, gentil- ’
homme liixiofin 8c troubadour célèbre, qui vivoit j
en Provence vers l’ an 1227 , 8c qui mourut en
1278, étoit de cette famille. Il écrivoit envers provençaux
: il fu t , dit-on, l’inventeur des fonnets,
8c Pétrarque lui fit l’honneur de l’imiter.
BRAGELONGNE ( DE) , ( Hifi. de Fr. )/famille
célèbre, furtout dans la robe, 8c qui a produit auffi
de vaillans guerriers , dont quelques-uns ont ete
d’honorables vidimes de la patrie.^
Elle tire , dit-on, Ton origine d’un Gelongne*,
feigneur dè Bray, qu’ on- croit avoir été; un cadet
de l’ancienne Maifon des comtes de Nevers. G’eft
de la réunion de ces deux noms, de Brây -8c de
Gelongne , que paroït s’être formé celui de Bra-
gelongne, comme celui de la Rochefoucauld s eft
formé des noms de F-oucauld 8c de la Roche.
i° . Le premier du nom de Bragelongne, qui s’établit
à Paris , fut Adam de Bragelongne, fécond
du nom, q u i, en 140J, adminiftroit les finances
de la reine Ifabelle de Bavière, 8c de fon fils le
duc de Guyenne , dauphin de France. Il mourut
pour la caufe du Roi 8c de l’Etat.
z°; Miles fon fils fut rétabli par arrêt du parlement
de Paris, de l’an 1437, aans l’hôtel de Ton
père, fitué rue du Roi de Sicile, 8c qui avoit été
confifqué par les Anglais.:
I : • 3;°.’ Thomas, de Bragelongne , mort en 1 J70 ,
fut lieutenant-criminel au châtelet de Paris. :
4°.: Son fils, Claude, fut confeiller au parlement.
j°* Jérôme , fils de Claude, futmeftre-dé-camp-
général de la cavalerie légère de France.
6°: Martin, frère aîné de Thomas 8c d’un premier
l i t , fut fucceffivement, confeiller au châtelet
en IJ41 , lieutenant-particulier en i j j a , prévôt
des marchands, en 1 j j-8: Mort;le. 27'avril 1569. ;
70. Jean, fils- de Martin, fut aufli lieutenant- j
particulier au châtelet.
8°. Jérôme, fils de Jean, fut receveur-général g
dés finances à Caen; .
9°; Claude, feigneur de Vignolles, fils de J é -:
rôme, fut tréforier-général de l’artillerie.
- io°. Jérôme , fecondfils de,Martin, mentionné
' fous le n°. 6 , fut tréforier-général de l’extraordinaire
des guerres.
■ 1 1°. Martin, feigneur de la Forgerie, fon frère,
fut tréforier de la gendarmerie de France.
• Ci 20. Pierre leur frère fut tréforier-général de
l’extraordinaire des guerres , 8c pendant un long
tems 8c pendant diverfes générations les Bragelongne
furent tréforier s-généraux, ou de l’ordinaire,
ou dè l’extraordinaire des guerres.
1 30. Jean , frère des trois précédent, confeiller
au parlement de Bretagne, puis au grand-confeil,;
maitre-des-requêtes 8c intendant d’Orléans, fe re-[
rira aux Indes, où il devint propriétaire d’une île
8c de cinq vaifleaux ; il périt dans un naufrage à la
vue de la Rochelle.
140. Jérôme, fils d’un autre Jérôme mentionné
Hifioire. Tome F l . Supplément.
B R A 75
fous le n°. 10 , tréforier-général deTordinaire des
guerres 8cconfeiller d’Etat, mortle 14février 1.678,
eut en tr* autres fils :
1 j° . François, énfeigne au régiment des Gardes,
tué au ffége d’Arras en 1.652. • u y . : ^
Nous-omettons une foule de magiftrats de diffé-
rens parlemens 8c autres.cours fouverairies.
i6° . Thomas de Bragelongne, premier préfident
au parlement de Met2. 8c chef de là chambre royale
établie eh conféquence, ou plutôt en extenfion dit
traité de^paix de Nimègue, mortle 4 mars 1680j
eut dix-Ièpt enfans , parmi lefquels1 nous remarquerons*:'
17® . Etienne , defiiné chevalier de Malte , qui fut
fait prifônnier à la bataille de Trêves , n’ étant âgé
que de-quatorze ans \ il devintbrigadier des armées:
i8 ° . Charles fon frè re , colonel d’ un régiment
de dragons, fut tué au combat de Luzzara, le 15
août 1702.
19°. Enfin Pierre leur frère fut colonel d’un
régiment d’infanterie de fon nom. 2o°. Martin de Bragelongne, d’ une branche cadette
de cettè famille, Confeiller au parlement en
1 j 70, préfident des enquêtes en 1576, prévôt des
marchands en 1602, confeiller d’ Etat en 1 6 16 ,
mourut à quatre-vingts ans , en 1623.
21°. Il eu t, entr’autresenfans, Emery, évêque
de Luçon , mort en -i64j. ■ M
22°v Ét Claude, tüé à Quimpercorentin en 1643,
à -vingt-deux ans.
*23®. Pierre le u r frère aîné fut-, en 16 16 , contrôleur
général de la Maifon de Marie de Médicis:
24°. Charles, petit-fils de P ier re, chevalier de
Malte , brigadier d’ armée, commandoit les gardes-
du-corps de la reine d’Efpagne, 8c fut tué dans
un combat au pafiage de la Sëgre, où il etoit a la
tête de deux mille chevaux.
2j? : Dans' une autre branche encore , Nicolas
de Bragelongne, tué à l’armée.
- 26°. Chatles-de Bragelongne-, feigneur de Mon-
charvillé , neveu du précédent, eut la réputation
d’un, très-habile ingénieur.
Dans une autfè encore, beaucoup de militaires
ou de perfônnages dont la vie a été aètive 8c errante,:
tels que-:
- 27®. Robert, capitaine au régiment dé Vervins.
28®. Claude, feigneur de C reu illy , capitaine
d’ infanterie au régiment d’Efpâgny.
29®. François, feigneur d’ Eftinville, capitaine
des gardes^du-corps du prince d’Ofnabruck, 8c
qui s’eft établi en Allemagne.
30®. R ob ert, capitaine 8c confeiller au confeil
fouverain de la Guadeloupe, où il s’ eft établi.
31®. Claude, feigneur de Sumac, capitaine d’ infanterie
, mort fur mer.
32°. Pierre, qui fortit jeune de la maifon de fon
père , 8c dont on n’ a eu depuis aucune nouvelle.
Tous ces perfônnages , à compter du n® . 27 ,
étoient frères;
33®. Honoré leur coufin, enfeigne des gardes
K