tons tranchans comme alitant d ’irrévérences env
ers M . de V o lta ire . L e grand-homme leur fer-
moit la b ou ch e par ce m o t : I l aime ma per forme
& mes ouvrager.
M. de V o lta ir e , comme un g rand Prince , 'avoit
îdés amis de parade 8c dés favoris fecrets , &
fonventTamhaffadeur d é co ré n’ avait p a s le fecret
des affaires dont il fe c ro y o it ch a rg é. Laharpe
fut un moment ex ilé dé Ferney : c e moment fut
c o u r t ; mais pendant fa .d u ré e Laharpe fut que
M. d Argentai0 un de ces amis de parade , tenoit
fur lu i des propos peu obligeons : C‘efi3 d i t - il,
un minifiiie qui fe réjouit de' la dijgrace d’un favori.
Le; favori rentra en grâce ; i l aimoit la perfonne &
les ouvrages du fouverain.
T e l é to itM ; de Laharpe dans la fo c ié té , M. de
Saint-Lambert ayant patte quelque tems avec lui
à la campagne, difoit : « En huit jours de converti
fation prefque co n t in u e lle , il ne lui eft échappé
»s ni une erreur en matière de g o û t , ni un propos
33 qui annonçât le moindre defir de plaire .à per-
» fonne.; il.n e fa v o it qu'être f ra n c , jufte & vrai-, « 8c , à la honte Aes hommes , c e n’étt pas a ffez.
Retournons. à Te s .ouvrages, ou plutôt dépouilr
lons-le de ce s mêmes ouvrages ; , ôtons-lui féis
t ra g éd ie s , fes comédies:, fes poéfies légères de
tous les genres 8c de tous lés tonsr, fes prix des
A c ad ém ie s , fes prix d e l ’Uriiverfité ; qu'il ne foit
plus ni orateur éloquent ni exce llent p o è t e , qu'il
n é foit plus que ju g e des p roductions d’ autrui ; ré-
du ifons-le, en un m o t , à fés journaux littéra ires ,
q u e lle grande exiftence il auroit encore dans les
lettres ! Q u elle excellente poétique en tou t genre
réfulteroit de fes écrits ! Comme ils l'o n t rendu
l'arbitre fuprême du goût 8c le fléau des mauvais
écrivains ! Combien il a honoré cette fonction de
jou rn a lifte, avilie par tant d'autres avant lui 8c
après lui ! Comme fa critique eft toujours ju f t e ,
motivée , lumineufe 8c rendue fenfible! mais auffi
toujours f é v è r e , jamais il n'inclinoit à l'in dulgence
; il falloir q u 'A ch ille combattit : nïhil non
arroget armis ,* nul n’ a plus combattu* pour, les
intérêts du g o û t , de la juftice 8c de la raifon. S i ,
ch e z les .auteurs q u'il a le plus maltraités, il fe
trou voit un.morceau digne d 'é lo g e , il n'a jamais
manqué de le faire v a lo ir ; mais dans la critique
il n égligeoit. trop l'a rt des ménagemens : on put
lui.;.dire : .
Ménagez-moi : vous prodiguez fans celle
La vérité, mais la vérité blelfe.
Ses amis même lui appliquoient plaifamment ce
vers burlefque :
Gifle a cela de bon ; quand il frappe, il aflbmme.
Qu and il a fait dans, fon Lycée l ’application de
fe s grands principes du goût à l ’examen des m e illeurs
ouvrages tant anciens que modernes, il a
compofé un ouvrage immortel ; il nous a fait fen-
tir en quoi 8c combien les anciens étoient beaux.
Les favans n'avoient fu qu'admirer 8c s’extafier ,
8c quand ils avoient voulu toucher à ces beautés
pour les faire connoître aux autres, il les avoient
flétries*
M. ,de Laharpe ., inftruit.par le malheur à recourir
au féuL véritable* confolateur des afflig
é s , étoit devenu très-pieux, ce que dans le
monde, on: aime mieux appeler dévet^ parce que
ce mot eft plus-décrié. Les incrédules, qu’il faut,
plaindre , 8c que par. cette raifon même il ne faut
pas outrager fous prétexte de zèle , ont tâché de
regarder cette converfion comme un égarement,
d'efprit- ou- comme un affoibliflement de tête.
Qu'ils lifent fon dernier ouvrage., le Lycée, 8c f i 1
jamais on peut voir imprimé fon poème de la
Révolution , nourri comme Efiker 8c Athalie de
l ’efprit de l'EcriturerSainte 8c de-l’éloquence des
prophètes , tréfor qu’il a fans doute remis en des
mains fures 8c fidelles, ils verront s'ils y trouvent
quelque ligne d’affoibliffement ; jamais il n’eut •
plus de fo rc e , d'élévation 8c de génie.
Je> ne-dois pas -diffimuler que la publication de .
fa çor^efp on dance avec le czar Paul I , alors-grande
duc de Rullîe-, a confidêrablement augmenté le %
nombre 8C‘ la rage de fes:-ennemis, 8c lui a fait,
tort dans l'efprit de bien dés gens qui ne le haïf- •
foientpas. Je n'ai pas été-à portée de m'expli--
quer avec lui fur les motifs qui ont pu le porter *
à donner cette édition.
Je diffimulerai encore moins, un avantage brillant **
qu'il avoit fur beaucoup de gens de lettres, c’eft
le talent de la converfation : la fienne étoit toujours
animée, intéreffante8cpittorefque. On voyoit
8c on retenoit tout ce qu'il difoit.
Il a eu, en mourant, le courage d'un homme
8c la vertu d’un faint : fa réflgnation a été parfaite
; il fouffroit avec calme 8c craignoit de trop .-
peu fouflrir pour L'expiation de fes fautes, fürtout •
de fes fautes révolutionnaires, dont il s'accufôit
avec autant de noblefle que de candeur.
M. Duclos a dit de Louis XI : A tout prendre ,
cétoit un Roi. Les ennemis de M. de Laharpe conviendront
qu’a tout prendre c étoit un homme. Ses
amis ajouteront, & un homme digne de tous nos
regrets, capable de lutter feul contre le torrent du
mauvais goût qui nous entraîne. Il eft mort le
i l février 1803, à foixante-quatre ans. Il étoit-
né à Paris le 20 novembre 1739. On a imprimé fon .
teftament 8cTon codicille, reçus par M. Boulard,
notaire à Paris, dans les additions qui fe troüvent :
à .la fin du Supplément aux Siècles littéraires de la
France pur M. Défeffarts.
M. de Laharpe étoit dç ces anciennes familles
nobles de la Suiffe. Quand on-a voulu le lui con-
tefté r , parce qu'enfin dans l'opinion c’eft encore
un avantage , il en a parlé fans dédain pkilofo-
phi que-; 8t fans vanité gentilhommière.
LAMBOI, ( Hifi- m o d .) , un-des généraux de J
T’Empire. Dans la guerre dite de trente ans , s’étant
joint , en 16 38, au général Goertz- pour faire
lever le fiége de Brifack au duc de Saxe-Veimar.,
il attaqua ce Duc dans fes retranchemens, 8c fut
plufieurs fois fur le point de l'y forcer : ce ne fut
' que par des prodiges de valeur de la part des Suédois
que les Impériaux furent enfin repouffés. I-e
Truit de la viftôire fut la réduction de Brifack.
En 164 l , ce même Lamboi, joint au comte de
Soiffons 8c de Bouillon, gagna contre le maréchal
de Châtillon la bataille de Sedan ou de la Marfée;
mais le fruit de cette viétoire fut,pour le vaincu.
La mort du comte de Soiffons, tué après la bataille
on, ne fait par qui ni comment, diiflpa entièrement
fon parti : le duc de Bouillon fut force
de renoncer à l'alliance d'Autriche, 8c le cardinal
de Richèlieu triompha-
En 1642 le général Lamboi, malgré des forces
fupérieures enfermées .dans de bons retranchemens
, fut battu 8c fait prifonnier, ainfi que le
général Merci, à Kempen, par le comte de Gué-
briant, à qui cet exploit valut le bâton de maréchal
de France.
En 1646 , joint avec les généraux Bec 8c Pico-
lomini, tous trois commandés par le duc de Lorrain^,
il ne put empêcher ni le duc d'Orléans,
ayant fous lui les maréchaux de 'a Meilleraie, de
Grammont .8c de Galïion, de prendre Courtrai,
Bergues-Saint-vinox 8c Mardik, ni le duc d'En-
ghien ( le Grand-Condé ) de prendre Fûmes 8c
Dunkerque.
En 164,8, faiiant la guerre dans la Weftphalie
8c fur les .bords du Rhin contre.les Heffois 8c lies
Suédois, il fut encore battu.; mais s’il perdoit
fouvent des batailles, il difputoit opiniâtrement
la victoire; il mena jufquà fept fois à la charge
les efcadrons impériaux : tant de courage fut inu-
le; il fe vit enfin réduit à fuir avec fa cavalerie.,
après avoir vu tailler en pièces toute fon infanterie
: canons, bagages, drapeaux, tout Tefta au
pouvoir de l'ennemi. Lamboi étoit outre ; il chercha
tous les moyens de réparer fa défaite ; mais
la fupérioritë.des Suédois 8c des Heffois fe foutint,
8c, clans la confiance qu'élle leur infpiroit, ils ofè-
rent affiéger Paderborn. Lamboi du moins eut la
confôlation d’y jeter du fecours 8c de contraindre
les ennemis à lever le fiége.
En général, Lamboi n'étoit pas un capitaine heureux
-Lauzun ,; l'amant,.8c vr aifemblablement le-mari de
mademoifelie d e Montpenfier, n 'é to it encore q u e
le jeune''Péguilin , cade t de G a fc o g n e , par con -
féquent fans fo r tu n e , il é to it lo g é ch ez le maréchal
,.mais .c’étoit un guerrierd’une grande valeur.
LAUZUN i( Le du c de ). ( IL fi. de F r .) Au peu
que nous avons dit ( dans le Dictionnaire.) -fur ce
perfonnage.fi célèbre 8c li fingulier, mous ajouterons
ici diveffes anecdotes tirées des Mémoires
du duc de Saint - Simon , 8c rapportées , d'après
ces Mémoires , dans l’ouvrage de M. Anquetil le
génovefain« qui a pour titre Louis X I V , fd Cour &
le Régent. Ce font des traits bien extraordinaires
d’intrigue 8c d’audace. Dans le tems que çefameux
de Grammont, fon oncle à la mode de Breta
g n e ; il devint amoureux, 8c f u t , dit-on , bien
traité de madame de Monaco fa coufine , fille du
maréchal, qu'on foupçonnoit en même-tems d’une
intrigue avec le P oi.-Péguilin ne fu t pas le dernier
à concevoir ce foupçon , 8c il vo u lu t l’éclaircir.
Il é to it dès-lors dans fon caractère de n e rien nég
lig e r , en pareil c a s , pour fe fatisfaire. Il donne
trois mille piftoles à une femme-de-chambre qui
trahit pour lui fa maîtreffe. Sur les indications de
ce tte fem m e , il arrive à une porte fecrètie de l'appartement
de madame de Monaco ; il y trou ve D
c lef,, ferme la porte à dou b le t o u r , 8c ô te la c l e f ;
il fe cache dans un ca b in e t, v o it venir le R oi conduit
par Bontems , « jo u it de fon embarras quand
- »3 il ne trouve point la c l e f , de fa recherche in-
33 fru étu eu fe, des vains efforts de la Dame pour
, 33 o u v r ir , de la converfation plaintive à travers la
33 p o r te, de leurs conjectures , de leurs reg re ts, 8c
33 enfin de leurs adieux.......Qu elque s jours après,
33 Lauzun rencontre, à Saint-Cloud >madame de
33 Monaco affife auprès de Madame fur le parquet,
3» pa rce q u'il faifoit ch au d , 8c une main renverfée
>3 le deffus contre terre. Il paffe , faute , va , re-
33 vien t entre toutes les D am e s , 8c tourne fi bien,
33 qu'il appuie fon talon dans, la main de fa c o u -
33 u n e , irait une pirouette 8c Te fauve. La douleur
.33 fut extrême ; mais quoiqu'elle vît bien q u e c ’é-
3» toit un fait e x p rè s , en femme prudente 8c expé-
33 rimentée elle ne dit r ie n , de peur que le bruit
>3 n’excitât des recherches qui auroient pu la com-
>» promettre. 33 ..
Il îàut a voue r que Péguilin s’é to it procuré -z
grands frais 8c a vec de grands périls la certitude
de c e q u ’ il c r a ig n o it , 8c q u ’il en tira une bien petite
vengeance . O n put lui dire :
Exerces p'retiofa odia & cotvfiaritia magho.
V o ic i en c o reû e fa part un trait du mêmeîgenre’:
c 'e ft M . de Saint-Simon qui le rapporte.
« Lauzun étoit affez b ien avec madame de Mon-
33 te fp an , pour la prier de s’intéreffer à lui obtenir
33 des grâces ; mais il foupçonnoit qu’elle ne lui
33.rendoit pas , auprès du R o i , les fervices qu’ elle
33 promettoit. Dans ce tte i d é e u n jour q u 'e lle
>3 s 'é to it engagée à parler en fa fa v e u r , il prend ,
>3 pour s'affiirer de fa fidélité , une réfolu tion in-
»3 croyable fi elle n 'é to it atteftée par toute la cour
! >3 d alo rs, 8c fi lui-même ne l 'avoit a vouée depuis.
' 33 Par le même moyen q u i lu i avoit déjà r é u ft î,
; >3 c ’e f t - à - dire , à fo r c e d'argent , il gagne une
j 33 femme-dê-chambre . Te cache fous le lit où ma-
I 33 dame de Montefpan attendoit le R o i , entend
! 33 tous leurs propos , les demand es, les obfervà-
•» t ie n s , les répliqu es ; s'affure bien qu’il eft trahi,
C c 2