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ils avoient bien fervis} car tous deux, quoique
Gaulois , avoient été faits citoyens romains, honneur
rare alors , & qui étoit une récompenfe ré-
fervée à de grands fervices} mais parce qu’ils
avoientbien ferviRome, 8c qu’ils en avoient reçu
la récompenfe que vraifemblablement ils avoient
méritée j dévoient-ils laiflér l’ iniquité romaine
écrafer leurs concitoyens ?
Nam tua res agitur, paries -cum proximus ardet.
Les premiers mouvemens de la révolte éclatèrent
dans l’Anjou 8c dans la Touraine : Acilius Aviola
fut chargé de les réprimer. Sacrovir, qui, ne s’étant
pas encore déclaré, le fuivoit dans cette expédition
, affeéla d’y combattre tête nue par bravade
en apparence, mais en effet, à ce qu’ on c ro it,
pour être épargné par les Gaulois qui connoifïoient
déjà fes diipofitions fecrètes.
Florus eut peu de fuccès , n’ayant pu parvenir
à débaucher qu’une foible partie de la cavalerie
trévoife, qui fervoitdans les armées romaines 5 i l :
fut réduit à enrôler une foule d’ aventuriers, dont
il avoit peu de fecours à efpérer , & qui, combattant
en tumulte, fuccombèrent bientôt fous la
difcipline romaine. Florus erra , 8c fe cacha quelque
tems dans des lieux écartés 5 mais voyant enfin
toutes les avenues de fa retraite occupées par des
foldats qui le cherchoient, il leur échappa en fe
donnant la mort.
La révolte des Eduens fut plus difficile à étouffer.
Autun, capitale du pays, étoit laprincipale école
& comme!’Académie de la Gaule celtique : toute
la jeune nobleffe y étoit élevée. Sacrovir enrôla
tous ces jeunes gens : c’étoient dans fes mains autant
d’ôtages qui attachoient leurs parens à fon parti,
& fes écoliers formoient feuls une armée de quarante
mille combattans : on y joignit des efclaves 8c des gladiateurs armés comme l’ont été depuis
les chevaliers des nations modernes, c’eft-à-dire,
couvertes de fer j en forte qu’ ils étoient impénétrables
aux coups, mais incapables du moindre
mouvementiOnJes appeloit Crupellaires. Silius,avec
les Romains, marcha contre cette armée : la bataille
fe livra aux environs d’Autun. Au premier choc les
Eduens furent difperfés : il n’ y eut que ce mur de
fer qu’oppofoient les crupellaires qui réfîfta quelque
tems, parce que ni les traits ni,les piques me
pouvoient l’entamer 5 « mais,dit l ’auteur de Y Avant-
« Clovis en traduifant Tacite, des foldats romains,
33 les uns empoignent dès haches & des doloires,
» dont ils fe fervôient pour faire les paliffades de
» leur camp, fe mirent a charpenter fur cette maffe
35 immobile comme pour faire ouverture à un mur}
»• les autres les pounoieiît 8c le« renverfoient avec
sa des pieux & des fourches, puis.les laifïoient là
53 couchés fur le dos, 8c hors d’état de fe relever.
Sacrovir fe retira d’abord dans Autun, puis, craignant
d’être livré aux Romains , il alla fe cacher
avec fes plus fidèles amis dans une maifon de cam-
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pagne, où il difpofa de lui-même comme avoit fait
Florus, 8c comme faifoient chez, les Romains tous
les gens de coeur pour ne pas tomber au pouvoir
de leurs ennemis } ce qui leur paroiffoit le plus
affreux malheur & le plus cruel affront. Les gens
de la fuite de Sacrovir fe rendirent mutuellement
ce dernier 8c funefte feçvice, après avoir mis le
feu à la maifon pour s’en faire un bûcher qui rédui-
fit leurs corps en cendres, & n elaiflat rien d’eux
à la difpofition de l’ennemi. C e t événement arriva
l’ an 21 de Jéfus-Chrift'.
La mémoire de Florus & d e Sacrovir a des droits
à l’eftime des hommes , 8c ne peut être odieufe
qu’aux tyrans. C e projet d’ affranchir les Gaules
foulées aux pieds parleurs vainqueurs, avoit quelque
chofe de noble , de grand & d’humain.
ï
FONCEMAGNE (Et ien n e -La u r e a u l t de),
{Nifi. litt. mod.)y écrivain peu fécond, mais littérateur
laborieux, fut furtout éminemment un
homme utile 8c aimable, l’ami, le bienfaiteur des
gens de lettres , & leur modèle par fes moeurs. Il
les guidoit dans leurs recherches, il les aidoitdans
leurs productions, en leur impofant la loi de n’ en
rien dire. Appelé aux afièmblées du Journal des
Savanspzx M. le chancelier d’Agueffeau, ily étoit,
ce qu’il étoit partout ailleurs , plus utile par fes
confeils, que d’autres, par leurs travaux. Son érudition
, fon goû t, fes lumières, fon aménité même,
fourniffoient des reffources immenfes 8c de fages
ménagemens à un ouvrage où la critique doit toujours
inftruire & n e bleffei jamais. Il n’a point ceffé
de s’y intéreffer, & dans des conjonctures délicates
il s’eft plu à fournir des armes à ce Journal
pour la défenfe de fes droits contre cette foule de
journaux parafites, nés de fon fein, 8c formés à
fes dépens, dontplufieurs,pouffant la frivolité juf-
qu’ à l’indécence , la liberté jufqu’à la licence, le
faux zèle jufqu’à la calomnie, 8c furtout l’âcreté
des querelles littéraires jufqu’ au fcandale, ont
plus d’ une fois amufé la populace des JeCteurs par
l’ aviliffement delà littérature. M. de Foncemagne
penfoit, comme M. le chancelier d’Aguelfeau, 8c
comme beaucoup de bons efprits, que le droit de
juger fes contemporains & fes rivaux étoit une
forte de magiftrature qui ne devoit pas être abandonnée
à la multitude, 8c qui ne pouvoit être légitimement
exercée que par une fociété d’hommes
choifis,. travaillant au nom & fous les yeux du
chef de la juftice, du magiftrat fuprême de la littérature.
On a quelquefois fuivi d’autres principes,
& nous en avons vu les fruits.
Souvent le mérite d’avoir, fait un bonTivre n’eft
qu’ un titre pour être infulté par • l’ignorance en-
vieufe 8c infolente. Les grands noms de Fonte-
oelle, de Vo ltaire, de Montefquieu ont été profanés
par les grimaudslittéraires. Souvent tel qui,
par fa naifîance, fon rang, fon é ta t, auroit toujours
été refpeCté , a été outragé pour s’être illustré
comme écrivain. On a dit que la devifedes
gens
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gens de lettres étoit : Per conviera 6 * laudes. Eft-il
donc bien étonnant qu’un homme d’ un caractère
doux 8c ami de la paix, plus jaloux de la confidé-
ration que de la gloire, renonce aux louanges pour
s’épargner les injures ? Te l étoit M. de Foncemagne
} il difoit de la paix 8c du bonheur :
C’eft un tréfor trop cher pour ofer le commettre.
8c il n’écrivoit guère que pour remplir un devoir
& p ou r éviter un reproche.
L’Académie des belles-lettresimpofe à fes membres
l’obligation de concourir au recueil de fes
Mémoires } & fi. l ’ on excepte la Difïertation de
M. de Foncemagne fur le tettament politique du
cardinal de Richelieu, on n’ a de lui d’autres ouvrages
que des Mémoires inférés clans le recueil
de cette Académie. Ces Mémoires, furtout ceux
qui concernent les premiers monumens de-notre
Hiftoire, ont, dans un degré éminent, le mérite
commun jufqu’à un certain point, à la plupart des
morceaux qui compofent ce précieux recueil, ce-~
lui défaire autorité & d’établir des opinions. Ces
ouvrages méritent d’être indiqués ici plus particuliérement.
Ceux qu’on trouve inférés en entier parmi les
Mémoires, f o n t ( tome V ) La Dijfenation fur
la dée(fie Laver ne ; (tomes V I & VII ) Les Mémoires
pour établir que le royaume de France- a été
fuccejfifihéréditaire dans la première racey (tom. V III)
Mémoires kift triques ; l’un }fur le partage du royaume
de Fiance dans la première race> un autre, dans lequel
on examine f i les filles ont été exclufps de la fuc-
cefii n au. royaume j en vertu d’une difpofition de la
loi falique.
. , Én pariant de ce dernier Mémoire , M. Cha-
banon, quiremplaçoitM.de Foncemagne àT Académie
firançaife, s’exprime ainfî :
<=« On ne cherchera point dans le caractère na-
33 tional des Français le principe de cette'cou-
»3 tume : elle femble au contraire démentir le fen-
« timent de refpedt, de dévouement pour les
33 femmes , qui de tout tems nous fut naturel.
33 Aufli, à confidérer les privilèges que notre'na-
»3 tion accorde, à leur fexè , ;& le rang qu’elles
33 tiennent dans la fociété, on diroit que nous ex-
3» pions envers elles le tort d’une exclufion inju-
33 rieufe j 8c que nous les dédommageons d’ un
»3 empire par un autre. >3
M. Chabanon, à qui nos antiquités françaifes
étoient peu familières, renouvelle ici contre la loi
falique une objection mille fois détruite-: nous
n’avons point de tort à expier envers les femmes,
nous leur avons toujours déféré la régence, donc
nous Jes avons toujours jugées capables de gouverner}
nous les avons exclufes du trône pour en
exclure les étrangers} les Anglais, nos rivaux, ont
reconnu combien cette coutume donnoit à la
France d’avantage, 8c fur eux , 8c fur les Autres
natiops monarchiques. Si la France a eu moins de
Hiftoire. Tome VI. Supplément.
guerre ^civiles que les autres, elle en a eu l’ obü-
gation à la loi falique. Si toutes les nations monarchiques
avoient adopté cette loH , elles auroient
fixé chez elles la paix 8c le bonheur j elles auroient
tari, même au dehors, une des fources les plus
fécondes de la guerre. On ne peut, dans une monarchie,
trop chérir , révérer, étendre cette loi
amie du genre humain.
Enfin, dans le même volume V I I I , on trouve
un Mémoire de M. de Foncemagne, fur l'étendue
du royaume de France dans la première race.
( Tome X. ) Examen critique d‘une opinion de
M. le comte de Boulainvilliers , fur Vancien gouvernement
de la France, concernant la diftinétion prétendue
du généralat & de la royauté dans la première
race.
.( Tome XVII. ) Eclairciffemens hiftoriques fur
quelques circonftances du voyage de Charles V l l I en
Italie s <S* particuliérement fur la cejfion que lui fit
André P aléologue , du droit qu’i l avoit a l'Empire de
Conftantinople.
Ces Eclairciffemens font fuivis d'Obfervations fur
deux ouvrages hiftoriques , concernant le règne de Charles
m i , dont l’ un a pour titre : Le Vtrgier d'honneur
; 1 autre eft un Journal de Burchard, maître des
|cérémonies de la ;• cour romaine 3 fous le pontificat
d'Alexandre V l.
• (T om e XX. ) Obfervations critiques fur les ailes
des évêques du Mans. 1
Examen fommaire des différentes opinions qui ont
ete propofées fur V origine de la Maifon de France.
De l'origine des armoiries en général, & en particulier
de celles, dé nos Rois.
Les Mémoires de M. de Foncemagne, qu’ on
ne trouve qu’en extrait dans la partie hiftorique
du recueil de l ’Académie?, font ( tome VII ) une
Differtation pour prouver que Grégoire de Tours n eft
pas auteur de la vie' dé faint Yrier.
- f^es Obfervations critiques fur deux endroits de là
notice dey Gaules , de M. de Valois. :■
Un Examen de l ’opinion de M. Maittaire , touchant
J époque, de Tétabliffement de l'imprimerie en.
France.
L’opinion ^commune fixe cette époque à l’ an
,1470.-Les preffés dë la ville de Paris n’ ont point
de monument qui remonte au-delà de. cette année
} mais M. Maittaire, dans fes Annales.typographiques,
prétend que cet art étoit exercé à Tours
dès 1467. C ’ eft cette opinion que M. de Foncemagne
difeute 8c réfute.
: ; (Tome XIV. )! Réfutation d'une opinion fingulïère
fur la'naiffance de Louis VU .
Cette opinion, dont on ne trouvé détfâéesiqûé
dans du ‘ Boulai ■ Hiftoire de T Univerfité f -èft qôé
Louis V I I étoit le cadet de fon frère, tige dè la
Maifon de Dreux, & qu’il lui fut préféré, parce
qu*il avoit plus d’efprit. .
Remarque critique fur une nouvelle explication des
mots A u s t ri a & N eu s tr t a .
, Oh a toujours cru ces mots dérivés à'eft & à'oueft,